FRANKENDAL (Frankenthal) (D) :
En 1600, Frankenthal est transformĂ©e en forteresse. En 1621, elle est assiĂ©gĂ©e par les Espagnols pendant la guerre de Trente Ans, puis successivement occupĂ©e par les troupes des parties adverses. Le commerce et l’industrie sont dĂ©truits et la ville n’est reconstruite qu’en 1682. La ville est prise en 1688 par Vauban. Vauban tient le siĂšge devant Monseigneur en 1688 ; câest le 3Ăšme siĂšge victorieux de lâannĂ©e pour Vauban (avec ceux de Philisbourg et Mannheim) et Monseigneur fut si content de ses services, quâil lui donna quatre piĂšces de canon Ă son choix, pour mettre Ă son chĂąteau de Bazoches, rĂ©compense vraiment militaire, privilĂšge unique et qui, plus que tout autre, convenait au pĂšre de tant de places fortes. La mĂȘme annĂ©e, il fut fait lieutenant-gĂ©nĂ©ral. En 1689, la ville est brĂ»lĂ©e par les troupes françaises dans la Guerre de la Ligue d’Augsbourg (sac du Palatinat). En 1797, la ville passe sous occupation française pendant les guerres de la RĂ©volution française. Elle est intĂ©grĂ©e Ă l’Ătat de BaviĂšre en 1816.
FRIBOURG IM BRISGAU (D) :
Si la ville de Fribourg (Freiburg im Breisgau) a connu un important dĂ©veloppement dĂšs le XIIIe et se transforme en une ville frontiĂšre entre le Saint empire et la France. Dans la premiĂšre moitiĂ© du XVIe, les possessions des Habsbourg se sentent de plus en plus menacĂ©es face Ă lâexpansion du royaume de France. A Fribourg cela se traduit dans un premier temps par la rĂ©paration et le renforcement de lâenceinte mĂ©diĂ©vale aprĂšs les dĂ©gĂąts subis durant la guerre de trente ans. Lâimportance de la place Ă©tant Ă©tablie, un Ă©tat des lieux trĂšs dĂ©taillĂ© est rĂ©alisĂ© en 1667 par Elias Gumpp, prĂ©lude Ă dâindispensables travaux de modernisation de lâenceinte urbaine. Ces travaux progressent cependant trĂšs lentement et, en 1674, le mur dâenceinte mĂ©diĂ©val est simplement renforcĂ© par un ensemble dâouvrages avancĂ©s, de gros bastions, protĂ©geant les accĂšs Ă la ville. Le Schlossberg, chĂąteau dominant la ville Ă lâest, est considĂ©rĂ© comme primordial et fait lâobjet dâimportants travaux : construction de casemates susceptibles dâaccueillir 800 hommes, de citernes et de poudriĂšres. Une communication protĂ©gĂ©e est dâailleurs Ă©tablie entre la ville et le chĂąteau. Lâensemble des fortifications de Fribourg est complĂ©tĂ© par quelques redoutes. Mais le front nord reste simplement ceint par lâenceinte mĂ©diĂ©vale et des quartiers entiers restent sans protection. La situation politique entre le royaume de France et le Saint Empire se dĂ©gradant rĂ©guliĂšrement depuis 1675. Lâattaque dĂ©bute le 11 novembre 1677 et aprĂšs cinq jours de bombardement prenant pour cible le front nord, la citĂ© se rend Ă lâennemi. Les troupes Ă©tablies dans le chĂąteau, secteur dans lequel ont Ă©tĂ© investis beaucoup de moyens et dâespoir, se voient neutralisĂ©s : les troupes françaises avaient rĂ©ussi Ă hisser des piĂšces dâartillerie sur une hauteur dominant le chĂąteau. La ville restera française durant vingt ans, câest le directeur des fortifications dâAlsace, Jacques Tarade, qui est chargĂ© des rĂ©parations les plus urgentes et dâĂ©laborer les premiers plans destinĂ©s Ă moderniser les fortifications de Fribourg. DĂšs le mois de dĂ©cembre 1677, le marquis de Choisy, un ingĂ©nieur militaire, le remplace. Il juge les plans de Tarade inadaptĂ©s et Ă©labore son propre projet qui intĂšgre, pour la premiĂšre fois, une enceinte bastionnĂ©e continue. Tenant compte des enseignements du siĂšge rĂ©cent, il ne nĂ©glige pas les hauteurs qui dominent la ville et le chĂąteau et propose Ă©galement une extension du systĂšme de fortification dans ces emplacements. Vauban, commissaire gĂ©nĂ©ral des fortifications depuis 1678 reçoit le projet du marquis de Choisy lui est soumis. Le 2 juin 1679, Louvois, Vauban et Choisy se rencontrent Ă Fribourg. Louis XIV ayant ordonnĂ© Ă Vauban dâĂ©laborer un nouveau projet pour Fribourg. Rapidement le projet de Vauban est soumis au roi qui lâapprouve dĂšs le dĂ©but du mois de septembre 1679. Sâil considĂšre le projet proposĂ© par Choisy comme comportant des Ă©lĂ©ments obsolĂštes, il en conserve cependant une grande partie de lâenceinte bastionnĂ©e qui vient dâĂȘtre construite. En pratique, il en rĂ©sulte la construction de 8 bastions et de 7 demi-lunes. A nouveau, le Schlossberg est lâobjet de toutes les attentions puisque les fortifications comprennent maintenant : le « Vieux chĂąteau » (Unterem Schloss), le fort de lâAigle (SalzbĂŒchsle), le fort Saint Pierre et le fort de lâĂ©toile (Oberes Schloss). Si lâessentiel des travaux est rĂ©alisĂ© en 1687, il sâavĂšre que dix ans aprĂšs, certaines sections du chemin couvert et du glacis nâĂ©taient pas terminĂ©es. Les contre-mines prĂ©vues nâont pas Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es de mĂȘme que les tenailles. AprĂšs la signature du traitĂ© de Ryswick en 1697, la place est rendue au Saint -Empire. Les Autrichiens poursuivent Ă un rythme modĂ©rĂ© les travaux entrepris jusquâalors : en 1705, quelques contre-mines sont creusĂ©es et quelques modifications de dĂ©tail apportĂ©es aux fortifications existantes. Les ressources financiĂšres faisant dĂ©faut, un seul ouvrage avancĂ© est construit sur le front sud en regard du Schwaben Tor. A lâoccasion de la guerre de succession dâEspagne, la ville sera investie une nouvelle fois par les troupes françaises. Le siĂšge dĂ©bute le 22 septembre 1713 et le 14 octobre 1713, la chute dâune lunette aprĂšs dâintenses combats marque le tournant des opĂ©rations de siĂšge puisque la ville tombera aux mains du roi de France le 18 novembre 1713. Le marĂ©chal de Villars, vainqueur, se propose de dĂ©truire les fortifications. Le roi de France sây oppose et Fribourg est rendue Ă lâAutriche en 1715. Lâenceinte, fortement endommagĂ©e, doit ĂȘtre rĂ©parĂ©e et le Graf von Harsch alors en charge des fortifications propose de construire une sĂ©rie de 6 lunettes sur le front sud-ouest qui paraissait le plus menacĂ©. En fait, câest sur la proposition et sous la direction de M. de la VĂ©nerie quâune sĂ©rie de « contregardes brisĂ©es ,est construite entre 1724 et 726, les fortifications du SalzbĂŒchsle sont renforcĂ©es entre 1725 et 1727 et des lunettes construites sur le front ouest en 1727-1730. Lors de la guerre de succession dâAutriche, ce sont cette fois les troupes de Louis XV qui viendront disputer Fribourg Ă lâAutriche. Les troupes françaises sous le commandement du marĂ©chal de Coigny dĂ©butent le siĂšge le 23 septembre 1744 en dĂ©viant une riviĂšre, la Dreisam et en creusant une premiĂšre parallĂšle sur le front sud, la 3e parallĂšle est ouverte le 16 octobre et le 2 novembre aprĂšs deux assauts français, la ville nâa dâautre solution que de se rendre ! Câest aussi la fin des fortifications Ă Fribourg : les travaux de dĂ©mantĂšlement des fortifications dĂ©butent dĂ©jĂ durant le cessez-le-feu et se poursuivent activement durant lâhiver. La ville maintenant ouverte, sera rendue aux Autrichiens le 25 avril 1745.
HOMBURG (D) :
SituĂ© dans une vallĂ©e barrĂ©e en partie par une colline rocheuse, le site dâHomburg est occupĂ© au moins depuis lâĂ©poque romaine. Un premier chĂąteau est construit au XIe siĂšcle et la ville se dĂ©veloppe Ă son pied. Ce chĂąteau est acquis en 1492 par les comtes de Nassau-SaarbrĂŒcken. Ils commanditent les premiĂšres adaptations modernes en 1558, quatre bastions dâangle et une demi-lune au sud. Le corps de logis devient un palais Renaissance. Ces chantiers sâachĂšvent en 1585 mais une seconde demi-lune est ajoutĂ©e en 1617, Ă lâouest, au-dessus de la ville. Possession lorraine, Homburg change plusieurs fois de souverains entre 1641 et 1679 avant dâĂȘtre officiellement cĂ©dĂ©e Ă la France par le traitĂ© de NimĂšgue. Vauban visite la ville pour la premiĂšre fois en fĂ©vrier 1680. Il Ă©labore un programme dâamĂ©lioration de la place forte avec Thomas de Choisy, lâingĂ©nieur en charge des fortifications de la Sarre. Le chĂąteau voit ses remparts dĂ©doublĂ©s par un chemin-couvert. Les ouvrages bastionnĂ©s anciens sont restaurĂ©s. Un ouvrage Ă corne prĂ©cĂ©dĂ© dâune demi-lune, le tout taillĂ© dans le rocher, est placĂ© du cĂŽtĂ© est du chĂąteau afin dâen amĂ©liorer la protection. Le ravelin du XVIe siĂšcle protĂ©geant lâentrĂ©e est du chĂąteau est conservĂ© et dotĂ© dâune caponniĂšre pour battre le fossĂ©. Les deux portes sont pourvues de corps de garde. Le palais sert dĂ©sormais Ă loger les fonctionnaires du royaume de France. Pour leur protection en cas de bombardement, Vauban dĂ©cide dâutiliser les grottes du rocher comme abri. Pour la ville, il Ă©difie une enceinte comportant cinq fronts bastionnĂ©s, dont le rocher du chĂąteau constitue la partie sud-est. Cette enceinte comporte deux bastions dâangle et une demi-lune flanquĂ©e de places dâarmes rentrantes (Ă lâouest), dâun bastion plein et dâune demi-lune (au nord) et dâun bastion retranchĂ© avec une tĂȘte de pont (Ă lâest). Ces chantiers sont achevĂ©s avant 1688 et le dĂ©clenchement de la Guerre de la Ligue dâAugsbourg. Le traitĂ© de Ryswick de 1697 conduit les Français Ă dĂ©molir les ouvrages avant leur dĂ©part. Ceux-ci reviennent en 1705 pendant la Guerre de Succession dâEspagne. Vauban Ă©tant occupĂ© Ă la dĂ©fense de Thionville Ă ce moment-lĂ , câest un ingĂ©nieur inconnu qui reconstruit les ouvrages dĂ©molis en 1698 et ajoute un bĂątiment supplĂ©mentaire dans la partie ouest du chĂąteau. Ce bĂątiment serait un logis du gouverneur. La place, partiellement dĂ©mantelĂ©e, est restituĂ©e dĂ©finitivement Ă la Lorraine en 1714. Le XVIIIe siĂšcle ne modifie pas les fortifications dâHomburg de maniĂšre visible. RavagĂ©e pendant les guerres de la RĂ©volution française, Homburg perd son chĂąteau et le palais qui lâoccupe dĂ©moli partiellement par les Français suite Ă la prise de la ville en juillet 1793. Lâenceinte de la ville disparaĂźt aussi Ă cette Ă©poque. AprĂšs 1815, les Prussiens ne rĂ©tablissent pas les fortifications. De lâĆuvre de Vauban Ă Homburg, il ne subsiste aujourdâhui que quelques Ă©lĂ©ments du chĂąteau dĂ©gagĂ©s dans les annĂ©es 1980 : les restes de lâouvrage Ă corne, la caponniĂšre du ravelin Nassau, trois bastions et la demi-lune de la porte sud, tous arasĂ©s en partie. Les restes de la supposĂ©e maison du gouverneur bĂątie en 1705 sont toujours visibles. De la demi-lune de lâouest, il ne reste rien. Un restaurant en marque lâemplacement. RedĂ©couvertes en 1930, les grottes abris sont depuis restaurĂ©es et ouvertes au public. De lâenceinte urbaine, il ne reste rien dâapparent.
KEHL (D) :
SituĂ©e originellement sur une Ăźle prĂšs de la rive droite du Rhin, Ă environ 1600 mĂštres de Strasbourg, lâagglomĂ©ration de Kehl apparait au XIe siĂšcle. En 1333, un premier pont reliant Kehl Ă Strasbourg est construit mais il faut attendre 1388 pour quâune liaison permanente se crĂ©e entre les deux sites. En 1392, des maisons sont installĂ©es sur le pont. LâagglomĂ©ration de Kehl nâest alors pas fortifiĂ©e mais son histoire militaire dĂ©bute nĂ©anmoins Ă cette Ă©poque car elle sert de tĂȘte de pont aux armĂ©es du Saint-Empire au cours des guerres successives avec la France. Câest en partie Ă cause de Kehl que Louis XIII, puis Louis XIV vont tout faire pour conquĂ©rir Strasbourg, afin de retourner cette tĂȘte de pont contre les Princes allemands et le Saint-Empire. Conquise en 1678 par Vauban, Strasbourg est annexĂ©e officiellement en 1681 au Royaume de France. Vauban Ă©labore aussitĂŽt dâimportants projets dâamĂ©liorations de ses fortifications. Câest dans ce contexte que le fort de Kehl est Ă©difiĂ© pour constituer un poste avancĂ© de la dĂ©fense de la ville cĂŽtĂ© allemand. Le fort ainsi construit est un carrĂ© bastionnĂ©, Ă quatre demi-lunes et une porte au sud. Il est entourĂ© dâun glacis et de fossĂ©s inondĂ©s. Deux ouvrages Ă corne et une lunette, sĂ©parĂ©s du fort par un bras du Rhin, le flanquent Ă lâest, au nord-est et au nord. Il contrĂŽle, avec la citadelle, le guĂ© et les ponts du Rhin vers lâAllemagne. Ă lâintĂ©rieur, les bĂątiments sont organisĂ©s autour dâune cour carrĂ©e : logis du commandant de place, casernes, chapelle et magasins. En 1697, il est cĂ©dĂ© au duchĂ© de Bade par le traitĂ© de Ryswick. AssiĂ©gĂ© en 1703 par la France pendant la Guerre de Succession dâEspagne, le fort de Kehl fait lâobjet dâun projet inabouti dâamĂ©lioration de Vauban la mĂȘme annĂ©e. Le plan relief de 1725-28 le reprĂ©sente toujours, car il est inclus dans le pĂ©rimĂštre de la portĂ©e des canons de la citadelle de Strasbourg et reprĂ©sente la structure dĂ©fensive adverse la plus proche. Le XVIIIe siĂšcle ne modifie pas les fortifications dĂ©sormais badoises malgrĂ© les nombreux siĂšges subis. En 1815, le fort de Kehl est dĂ©mantelĂ© par application du traitĂ© de Paris. Ses vestiges disparaissent dĂ©finitivement entre 1840 et 1863 pendant les dans lâAllemagne unie par la Prusse, sont remblayĂ©s, changeant totalement la topographie. Ce fait est attestĂ© par le plan relief de 1836, au 1/600e, remis Ă jour aprĂšs ces travaux. Plus aucune trace du fort nây apparaĂźt et les bras fluviaux ont disparu. Il ne subsiste plus rien du fort de Kehl. Pour en reconstituer lâaspect il faut se rapporter au plan relief de Strasbourg de 1725, saisi par les Prussiens en 1815 et rendu Ă la ville en 1903. Il est visible depuis juillet 2013 au musĂ©e historique de Strasbourg.
LANDAU (D) :
Ă l’issue de la guerre de Trente Ans, la paix de Westphalie (1648) mit la ville libre d’Empire de Landau sous protectorat français. Puis la paix de Rijswijk qui rĂ©glait l’issue de la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1697) Ă©tendit la zone d’influence française pour y inclure dix autres villes d’Empire du Palatinat. Landau, ville la plus orientale, demeurait la place-forte la plus exposĂ©e de ce secteur français. C’est la raison pour laquelle Louis XIV ordonna en 1688 Ă Vauban de faire de Landau une citadelle moderne selon les principe de son 2nd systĂšme. On rasa les anciennes fortifications et 14 000 ouvriers allemands, secondĂ©s par les seize bataillons du gĂ©nĂ©ral de Montclar commencĂšrent au printemps 1688 les travaux qui devaient se prolonger encore trois annĂ©es. Pour approvisionner le chantier en matĂ©riaux de construction, les Français percĂšrent d’abord entre les carriĂšres dâAlbersweiler et Landau un canal navigable long de 7 km, le canal d’Albersweiler. Dans le cadre de la reconstruction, la ville fut sillonnĂ©e de nouvelles rues rectilignes Ă angles droits, et de grandes places pour le rassemblement des troupes. Le plan au sol de la citadelle affecte la forme d’un octogone allongĂ©, dont sept sommets sont occupĂ©s chacun par un bastion et le dernier par un rĂ©duit. L’enceinte intĂ©rieure Ă©tait dotĂ©e d’une cunette. Un astucieux dispositif de vannes permettait en cas d’urgence d’inonder ces fossĂ©s. Au-delĂ des fossĂ©s, l’ouvrage extĂ©rieur se dĂ©ployait avec son chemin couvert. On accĂ©dait Ă la citadelle par deux portes, au sud et au nord. La place Ă©tait traversĂ©e par la Queich qui formait deux quartiers, celui de gauche Ă©tant submergĂ© lorsqu’on noyait les fossĂ©s. Ainsi ce marĂ©cage rendait les deux tiers de la citadelle inaccessibles aux assiĂ©geants. On ne pouvait accĂ©der Ă l’ouvrage Ă couronne au-delĂ de la mare que par un Ă©troit pont de bois. Le gĂ©nĂ©ral de Montclar, premier gouverneur de la place, qui mourut en inspectant les fortifications, fut inhumĂ© dans la chapelle (1690). LâingĂ©nieur en chef Tarade fortifia en 1700 la colline au nord-ouest d’un ouvrage Ă couronne, couvrant la place par ce cĂŽtĂ©. L’effectif de la garnison de Landau s’Ă©levait pour 1702 Ă 4 095 fantassins et 240 cavaliers. Au cours de la guerre de Succession d’Espagne, Landau fut assiĂ©gĂ©e et effectivement conquise quatre fois entre 1702 et 1713. Ainsi en 1702 la place passa aux ImpĂ©riaux, puis en 1703 les Français la reprirent Ă l’issue de la bataille de Spire, mais dĂšs 1704 l’armĂ©e impĂ©riale rĂ©duisait Ă nouveau le fort ; finalement en 1713 les Français parvinrent Ă la reprendre dĂ©finitivement. Plusieurs remparts furent rĂ©parĂ©s en 1710, comme la raveline, Ă l’ouest du grand fossĂ©. AprĂšs le TraitĂ© de Rastatt, la France avait Ă©vacuĂ© toutes les conquĂȘtes de la rive droite du Rhin, mais conserva la possession de la ville de Landau avec sa forteresse. Les remparts furent Ă©tendus entre 1740 et 1742 en consĂ©quence du creusement de souterrains et de portes d’Ă©vacuations secrĂštes. Au cours des Guerres de la RĂ©volution française, en 1793, le siĂšge entrepris par les Prussiens se solda par un Ă©chec. RestĂ©e sous contrĂŽle français Ă l’issue du premier TraitĂ© de Paris, l’armistice du 3 novembre 1815 fit de Landau une forteresse fĂ©dĂ©rale de la toute jeune ConfĂ©dĂ©ration germanique. Les forces d’occupation de Landau mobilisĂšrent d’abord 2 800 Bavarois. En cas de guerre, le Royaume de BaviĂšre exigeait de la principautĂ© de Bade qu’elle y affecte un tiers des 6 000 hommes commis Ă la force d’occupation. AprĂšs la constitution de la division dâinfanterie de rĂ©serve au sein de l’armĂ©e fĂ©dĂ©rale la rĂ©partition des contingents fut revue. Le 3 mars 1831, le haut-commandement de la ConfĂ©dĂ©ration dĂ©cida de porter la garnison de Landau Ă 4 000 Bavarois secondĂ©s par une division de contingents de rĂ©serve de 2 300 hommes. Le gouverneur militaire et le commandant de la place de Landau furent dĂ©sormais nommĂ©s Ă discrĂ©tion par le Royaume de BaviĂšre, dans la mesure oĂč en 1816 les Autrichiens avaient confiĂ© la garde du fort Ă la BaviĂšre. Au temps de la ConfĂ©dĂ©ration germanique, de nombreux ouvrages extĂ©rieurs furent Ă©difiĂ©s, pour mettre les vieux remparts hors de portĂ©e des tirs d’une artillerie moderne. Ce remarquable fort militaire, sera rasĂ© par l’armĂ©e prussienne dĂšs 1871 et il n’en reste plus aujourd’hui que quelques morceaux de fortifications et quelques Ă©difices isolĂ©s dans la vieille ville comme « la porte d’Allemagne » (1688) ancienne porte d’accĂšs Ă la citadelle, alors entourĂ©e de hautes fortifications bastionnĂ©es
MANNHEIM (D) :
En 1606, FrĂ©dĂ©ric IV, Ă©lecteur palatin commence Ă construire centre de la ville adjacente avec son quadrillage de rues et les avenues. Il fit Ă©difier prĂšs du village de pĂȘcheurs de Mannheim en 1606-07 et la forteresse bastionnĂ©e de Friedrichsburg. RĂ©alisĂ©e sous la direction du hollandais Bartel Janson FrĂ©dĂ©ric IV se montra particuliĂšrement gĂ©nĂ©reux avec sa ville-forteresse de Mannheim. Il accorda aux habitants des privilĂšges spĂ©ciaux comme l’exemption de la corvĂ©e. Pour faciliter le repeuplement du comtĂ©, il dĂ©crĂ©ta que les immigrants seraient exonĂ©rĂ©s d’impĂŽts les 20 premiĂšres annĂ©es. En 1608 il prit la tĂȘte de l’Union Ă©vangĂ©lique, Ă un moment oĂč la tension avec les princes catholiques s’accroissait sensiblement. Mannheim a Ă©tĂ© surtout rasĂ©e pendant la Guerre de trente ans environ vers 1622 par les forces de Johan Tilly. AprĂšs en cours de reconstruction, En 1664, la citadelle ruinĂ©e a Ă©tĂ© remplacĂ©e par une simple construction de ChĂąteau par Daniel de la Rousses, se composant de trois pavillons avec bĂątiments de connexion. en 1673 lâĂ©poque Palatine le « Baumeisterei-Adjunktus » Johann Peter Wachter construit une caserne dans la forteresse. ArĂšs les destructions de 1689 pendant la Guerre Palatine de succession, reconstruction sous lâĂ©lecteur Johann Wilhelm Ă partir de 1698 mais Mannheim perd son rĂŽle de Capitale dĂ©placĂ©e Ă Heidelberg depuis 1720 lorsque Charles III Philippe, Ă©lecteur Palatin . En 1709, la forteresse Friedrichsburg a fusionnĂ© avec la ville de Mannheim. De 1720, fut le chĂąteau de Mannheim, sous sa forme actuelle de Baroque et a Ă©tĂ© soulevĂ©e par lâĂ©lecteur Charles III Philippe Ă la rĂ©sidence. Cependant, pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg (ou « guerre de Neuf Ans »), la ville est prise en 1688 par Vauban qui tient le siĂšge devant Monseigneur et Ă nouveau dĂ©truite par les troupes françaises en 1689. Cependant, pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg (ou « guerre de Neuf Ans »), la ville est prise en 1688 par Vauban et gravement endommagĂ© par l’ ArmĂ©e Français en 1689 pendant la guerre de neuf ans. En 1795, la ville capitule dĂšs lâapproche des troupes françaises le 20 septembre sans combattre mais la ville rejoint les alliĂ©s en dĂ©cembre de la mĂȘme annĂ©e. AprĂšs le traitĂ© de Campo-Formio, les troupes Françaises attaquent et prennent le fort le 25 janvier 1798
MONT-ROYAL (création de la ville neuve et de la citadelle) (D)
: SituĂ© sur une colline escarpĂ©e dominant la rive droite dâun mĂ©andre de la Moselle, le site de Traben-Trarbach est dĂ©fendu jusquâau XVIIe siĂšcle par un chĂąteau mĂ©diĂ©val modernisĂ© (voir Trarbach). Câest en 1687 que Louis XIV et Vauban envisagent de le fortifier de maniĂšre plus importante afin de verrouiller la route de la Moselle entre TrĂšves et Coblence. Le site du chĂąteau ancien nâĂ©tant pas apte Ă accueillir une forteresse de grande taille, Vauban choisit la colline situĂ©e en face, Ă la racine du mĂ©andre de la Moselle (voir fiche de Besançon), dont le sommet est un vaste plateau, protĂ©gĂ© sur trois cĂŽtĂ©s par la riviĂšre, ce qui en fait le site idĂ©al pour y installer un camp retranchĂ©. La dĂ©cision de sa fondation est prise en mai 1687 et la ville est aussitĂŽt baptisĂ©e Mont-Royal par un dĂ©cret de Louis XIV. Thomas de Choisy, gouverneur de Sarrelouis, effectue la reconnaissance du territoire et propose les premiers plans et projets. Il sera par la suite chargĂ© de lâinspection et de la surveillance des travaux. Le premier projet de Vauban prĂ©voit la rĂ©alisation dâune ville de tracĂ© pentagonal irrĂ©gulier. Au sud, les dĂ©fenses forment une couronne Ă un bastion et deux demi-bastions orillonnĂ©s ; une demi-lune protĂšge chaque courtine et un ouvrage Ă cornes sâavance en capitale du bastion central. Au nord, il nây a la place que pour un front Ă deux demi-bastions orillonnĂ©s ; un ouvrage Ă cornes prĂ©cĂ©dĂ© dâune demi-lune et flanquĂ© Ă lâest dâune bonnette prĂ©cĂšde ce rempart ; quatre retranchements avancĂ©s ont vu partiellement le jour : un Ă©troit ouvrage Ă cornes Ă demi-lune et trois lignes redentĂ©es successives. Les flancs ouest et est ne sont composĂ©s que de murailles Ă pic sur les pentes rocheuses dominant la Moselle, avec une tour bastionnĂ©e en leur milieu. Deux portes, lâune au nord, lâautre au sud, permettent dây entrer. Les flancs courbes des bastions sont Ă©quipĂ©s de casemates dâinfanterie. Dans le talus du rempart oriental, dix-sept magasins aux vivres sont installĂ©s, tandis que trois magasins Ă poudre sont placĂ©s Ă la gorge de trois des quatre bastions dâangle. La trame des rues est orthogonale, organisĂ©e autour dâune place dâarmes dĂ©centrĂ©e qui regroupe les Ă©difices publics : Ă©glise, palais du gouverneur, mairie et halle. Vauban ne prĂ©voit que la cession dâune centaine de parcelles aux civils, soit pour une population dâenviron cinq cents habitants. Le reste est rĂ©servĂ© aux militaires dont le nombre est dâenviron quatre mille cinq cents hommes, rĂ©partis principalement dans des casernes Ă©difiĂ©es le long des courtines. Un arsenal complĂšte lâĂ©quipement interne. Cet arsenal sert en quelque sorte de modĂšle, reprĂ©sentĂ© dans le traitĂ© dâartillerie de Surirey de Saint Remy, datĂ© de 1697. Un hĂŽpital militaire est construit en contrebas du site au bord de la Moselle Cette premiĂšre phase du chantier sâachĂšve Ă la fin de lâannĂ©e 1688, au moment du dĂ©clenchement de la Guerre de la Ligue dâAugsbourg. Vers le sud, Vauban ajoute un camp retranchĂ©, le Grand Quartier gĂ©nĂ©ral du Roy, formĂ© par une enceinte de neuf fronts bastionnĂ©s dotĂ©s de onze bastions ou demi-bastions Ă flancs droits. Dans ce camp, il prĂ©voit sept casernes, plusieurs magasins Ă vivres, des arsenaux, des Ă©curies et un bassin dâeau potable, entre autres. Ce camp peut abriter douze mille hommes et trois mille chevaux. Des civils sont aussi installĂ©s dans ce camp retranchĂ©, portant la population urbaine totale Ă mille cinq cent personnes, venues de tous les coins de France. Cette population possĂšde une juridiction distincte de la ville de Mont-Royal. Ce second chantier sâachĂšve vers 1693. Une enceinte Ă tours bastionnĂ©es est installĂ©e le long de la Moselle, au pied du camp retranchĂ©. Le traitĂ© de Ryswick de 1697 contraint Louis XIV Ă restituer le territoire au comte du Palatinat et au margrave de Bade. Mont-Royal est alors dĂ©molie entiĂšrement par les Français de janvier Ă juin 1698. Thomas de Choisy donne asile Ă une partie de la population Ă Sarrelouis. Il ne reste plus grand-chose de visible de Mont-Royal : quelques murailles Ă©croulĂ©es, casemates et fondations de remparts et de bĂątiments ensevelis dans une sapiniĂšre plantĂ©e dans les annĂ©es 1950. Le site a Ă©tĂ© fouillĂ© sauvagement entre 1929 et 1938. Depuis quelques annĂ©es, les autoritĂ©s locales ont entrepris dâouvrir le site au public. Divers types de visites, guidĂ©es ou non, sont possibles, renseignements Ă lâoffice de tourisme. MalgrĂ© sa disparition prĂ©maturĂ©e, dâimportants fonds cartographiques français et allemands permettent dâĂ©tudier Mont-Royal qui nâa pas Ă©tĂ© rĂ©occupĂ© depuis.
Titre
ORSOY (D) :
Cette ancienne place forte fut vainement assiĂ©gĂ©e par le duc de Parme en 1586. Prise par les Espagnols en 1590, elle fut reprise par Maurice de Nassau en 1597 et en 1601. Elle fut ensuite occupĂ©e par Spinola en 1606, par Louis XIV en 1672. Au printemps de 1672, Louis XIV dĂ©clare la guerre Ă la Hollande, Vauban dirige les siĂšges d’Orsoy et de Doesbourg. AprĂšs la reddition d’Utrecht, il rĂ©dige les projets de fortification pour les vingt-deux places qui viennent d’ĂȘtre occupĂ©es. puis prise et dĂ©mantelĂ©e en 1703 par les ImpĂ©riaux. En 1760, les Français remportĂšrent aux environs une victoire signalĂ©e sur les Hanovriens, commandĂ©s par le prince de Brunswick. La ville est aujourdâhui intĂ©grĂ©e Ă la commune de Rheinberg.
SARRELOUIS (création de la ville neuve) (D) ;
En 1679, le traitĂ© de NimĂšgue met fin Ă la Guerre de Hollande : Le traitĂ© proposait la restitution du duchĂ© de Lorraine au duc Charles V de Lorraine, moyennant l’annexion de Nancy par la France et la crĂ©ation de quatre routes traversant le duchĂ© et permettant aux troupes Françaises de rejoindre facilement l’Alsace. Le souverain Lorrain refusa une proposition si humiliante. L’annĂ©e suivante, le roi Louis XIV, dont les troupes occupaient par intermittence la rĂ©gion depuis 1634, ordonna le dĂ©mantĂšlement de la petite ville lorraine de Vaudrevange, chef-lieu du bailliage d’Allemagne et qu’avec le matĂ©riau fourni par les remparts de cette localitĂ©, ruinĂ©e par les SuĂ©dois, soit Ă©difiĂ©e la nouvelle ville-forteresse de « Saarlouis ». Choisy repĂšre le site de Saarlouis, en tant que seule zone plate le long de la Sarre, encaissĂ©e ailleurs. Choisy conçoit rapidement une ville orthogonale et hexagonale, sur la rive droite. Pour verrouiller le cours de la riviĂšre et protĂ©ger la ville dâune colline proche, il prĂ©voit un ouvrage Ă corne. Il fait le choix dâun systĂšme de port-Ă©cluse pour provoquer lâinondation des terrains et des fossĂ©s alentours. Vauban valide le projet de Choisy et se limite Ă quelques modifications : le front cĂŽtĂ© Sarre est Ă©tirĂ© et dotĂ© dâune braye, un bassin dĂ©fensif est ajoutĂ© dans lâouvrage Ă corne et il met en place un systĂšme dâinondations dĂ©fensives. La ville ainsi Ă©difiĂ©e est dotĂ©e de six bastions Ă orillons, cinq demi-lunes et cinq tenailles. Un chemin couvert dotĂ© de traverses et une contrescarpe maçonnĂ©e protĂšgent lâextĂ©rieur. Lâouvrage Ă corne est composĂ© dâun bassin central inondable par une vanne et de deux demi-bastions avec une demi-lune, dotĂ©s du mĂȘme Ă©quipement avancĂ©. Le systĂšme dâinondations dĂ©fensives est commandĂ© par un pont-Ă©cluse sur la Sarre, entre la porte principale de la ville et lâouvrage Ă corne. Le 5 aoĂ»t 1680, le pĂšre CĂ©lestin de Saint-DiĂ© (1648-1709), capucin, gardien du couvent de Vaudrevange puis du futur couvent de Sarrelouis, pose la premiĂšre pierre de la citĂ© naissante, laquelle sera construite par des soldats du rĂ©giment de Beaumarais et du rĂ©giment de la Picardie. Encore aujourd’hui, deux quartiers de Sarrelouis sont ainsi nommĂ©s « Beaumarais » et « Picard ». La forteresse devra dĂ©fendre les nouvelles possessions royales françaises en Lorraine (qui donne un accĂšs sans contournement frontalier aux plus anciennes possessions françaises en Alsace). Ă lâintĂ©rieur, la trame urbaine en damier sâorganise autour dâune place dâarmes rectangulaire centrale dotĂ©e dâune fontaine et bordĂ©e par lâhĂŽtel du gouverneur, lâĂ©glise, la maison du commandant de place et la mairie. Huit casernes sont dĂ©ployĂ©es le long des courtines, sauf sur les deux fronts de lâest, oĂč elles sont disposĂ©es le long des rues. Câest dans cette zone que se trouve lâarsenal de la ville. Trois bastions possĂšdent un magasin Ă poudre. Un canal relie Saarlouis au village voisin. Les chantiers sont achevĂ©s vers 1683 et la ville est habitĂ©e par les anciens habitants des villages environnants, provoquant la disparition de ceux-ci. En 1698, Vauban ajoute une ligne de sept lunettes maçonnĂ©es, entourĂ©es de contrescarpes maçonnĂ©es aussi, et reliĂ©es par un chemin couvert Ă traverses et un glacis. Deux ouvrages sont ajoutĂ©s pour flanquer les bastions du front de la Sarre par le sud et le nord. Celui du nord est un retranchement et celui du sud est une redoute isolĂ©e dans la Sarre. Ă cette Ă©poque, Saarlouis, qui Ă©tait la capitale de la province de Sarre, reste française. Elle est dĂ©sormais isolĂ©e en territoire germanique par les cessions du traitĂ© de Ryswick de 1697. Les chantiers sâachĂšvent peu aprĂšs le dĂ©cĂšs de Vauban en 1707 et peu avant celui du gouverneur Thomas de Choisy, en 1710, par la construction dâun hĂŽpital militaire dans lâintra-muros de lâouvrage Ă corne.En 1697, avec le traitĂ© de Ryswick, la majeure partie de la Lorraine regagne son indĂ©pendance (Ă condition de rester neutre et de ne pas sâallier au Saint-Empire). Cette concession de Louis XIV lui permet de s’allier Ă lâEspagne dans la perspective de sa succession sur le trĂŽne ; l’Espagne reprend ainsi la souverainetĂ© de lâessentiel des Pays-Bas du Sud, mais Louis XIV obtient de lâEspagne de garder Saarlouis et la rĂ©gion environnante comme une enclave française dans la rĂ©gion, afin dâĂ©viter quâelle ne retombe sous le pouvoir des princes allemands. Le XVIIIe siĂšcle ne modifie pas les fortifications de Sarrelouis qui reste enclave française jusquâĂ la RĂ©volution. De 1790 Ă 1815, la place de Saarlouis est rebaptisĂ©e Sarrelibre. En 1815, le CongrĂšs de Vienne et le second traitĂ© de Paris permettent Ă la Prusse dâen prendre possession. Les Prussiens vont alors rĂ©nover la place vieillissante en remplaçant la braye du front de la Sarre par un nouveau front de rempart dotĂ© de casemates blindĂ©es de blockhaus. La porte de style classique français est remplacĂ©e par une autre porte dotĂ©e dâun corps de garde blindĂ©. Les bastions perdent leurs orillons. Les lunettes reçoivent des casemates et des postes abritĂ©s dâartillerie. Lâensemble de ces modifications est rĂ©alisĂ© entre 1824 et 1829. AprĂšs cette date, les chantiers portent sur les bĂątiments militaires qui sont progressivement remplacĂ©s jusquâen 1869. Les huit casernes sont ainsi reconstruites en casernes Ă lâĂ©preuve de type prussien et un nouveau palais du gouverneur est Ă©difiĂ© prĂšs des remparts. AprĂšs la Guerre franco-prussienne de 1870-1871 et le recul de la frontiĂšre par lâannexion de la Lorraine, lâEmpire allemand dĂ©classe progressivement Sarrelouis avant dâordonner la dĂ©molition des fortifications en 1889. De lâĆuvre de Vauban, il subsiste encore plusieurs Ă©lĂ©ments dĂ©fensifs. Le front de la Sarre est encore perceptible, les berges de la Sarre nâayant pas Ă©tĂ© modifiĂ©es au niveau de la ville. Le bastion VI et des restes du bastion I, ainsi que la base de la braye et la redoute de la Sarre existent toujours. Une caserne et quelques maisons françaises ont Ă©galement Ă©tĂ© conservĂ©es, tout comme la trame urbaine. LâĂ©glise originelle a Ă©tĂ© restaurĂ©e aprĂšs la Seconde Guerre mondiale. De la pĂ©riode prussienne, il subsiste deux casernes reconverties, un laboratoire et les casemates des deux bastions restants.
TRARBACH (D) :
Ville mĂ©diĂ©vale dominĂ©e par une colline rocheuse et bordĂ©e par la rive droite de la Moselle, Trarbach est protĂ©gĂ©e par un chĂąteau fort, dit Grevenburg ( i.e. chĂąteau des comtes ) Ă©difiĂ© aprĂšs 1357 par le comte Jean III de Sponheim. Ce chĂąteau est composĂ© dâun donjon rectangulaire dotĂ© de quatre tourelles dâangle, dâun corps de logis et dâune enceinte Ă tours circulaires. Sa meilleure protection est sa position en hauteur sur une crĂȘte, laquelle le met hors de portĂ©e des premiers canons. A partir de 1437, le site est administrĂ© par des fonctionnaires nobles dĂ©lĂ©guĂ©s par les deux souverains, le comte du Palatinat et le margrave de Baden. La petite ville de Trarbach est alors entourĂ©e par une enceinte quadrangulaire dotĂ©e de dix tours. Durant les XVIe et XVIIe siĂšcles, le chĂąteau de Trarbach est assiĂ©gĂ© six fois. Câest dĂ©jĂ trĂšs tĂŽt que Vauban sâintĂ©resse au site qui est rĂ©uni Ă la France aprĂšs lâannexion du comtĂ© de Sponheim en 1681. Au cours des travaux de la place forte de Mont Royal sur la colline en face, qui commencent en 1687, Vauban dĂ©cide de renforcer les dĂ©fenses du site et y ajoute trois redoutes sur la crĂȘte dominant le chĂąteau et un fort au pied du chĂąteau, appelĂ© la tour dâEnfer. Ces ouvrages sont reliĂ©s du bas en haut par un escalier taillĂ© dans le roc. Vauban installe aussi des casemates, des batteries et une grande caserne dans le chĂąteau et pour protĂ©ger la ville, il ajoute une redoute qui domine la ville du cĂŽtĂ© de la colline au-delĂ du ruisseau Kautenbach, en face de la tour dâEnfer et il renforce les retranchements sur la colline de lâĂ©glise. Cependant, ces interventions sont ponctuelles et sont rĂ©alisĂ©es dans le but de disposer dâune tĂȘte de pont sur la rive droite de la Moselle. Cette tĂȘte de pont doit permettre de protĂ©ger le flanc sud de la ville neuve fortifiĂ©e de Mont-Royal, que Vauban Ă©difie entre 1687 et 1697 sur la colline voisine (voir fiche Mont-Royal). AprĂšs la signature du traitĂ© de Ryswick en 1697, Trarbach et son chĂąteau sont restituĂ©s, tandis que Mont-Royal disparaĂźt, dĂ©molie par les Français. Le chĂąteau est encore assiĂ©gĂ© trois fois pendant la Guerre de Succession dâEspagne et se dĂ©grade fortement. Il faut attendre 1730 pour que le Prince Electeur de TrĂšves ordonne des rĂ©parations sur le site afin de conserver le verrou sur la Moselle. En 1734, le chĂąteau est assiĂ©gĂ© une derniĂšre fois par les Français, commandĂ©s par le MarĂ©chal de Belle-Ăle, durant la Guerre de Succession de Pologne. AprĂšs cette prise, le Grevenburg est dĂ©moli par les Français et ne sera jamais reconstruit. La façade imposante de la maison du commandant de la place trĂŽne sur une crĂȘte dominant la ville de Trarbach ; les autres constructions sont en ruines et en partie couverts des dĂ©bris. Le site est ouvert Ă la visite. De lâenceinte urbaine ne restent que deux tours et une partie du mur.
VIEUX BRISACH (BREISACH am RHEIN) (D) :
La colline du MĂŒnsterberg de Breisach est occupĂ©e depuis fort longtemps. Les romains y Ă©difient un castrum en 260 afin de dĂ©fendre leur frontiĂšre sur le Rhin contre les Alamans. Aux XIe et XIIe siĂšcles, la colline fortifiĂ©e puis le village qui s’y Ă©rigea Ă©taient le fief de l’EvĂȘchĂ© de BĂąle, jusqu’en 1273. Pierre de Hagenbach y est tuĂ© en 1474, dĂ©clenchant la guerre de Bourgogne. Au XVIIe siĂšcle, la ville devint le noyau d’un systĂšme de fortifications qui compta parmi les plus redoutables d’Europe. Sa situation trĂšs exposĂ©e lui valut d’ĂȘtre tantĂŽt une tĂȘte de pont française, tantĂŽt un avant-poste de l’Empire. Elle est assiĂ©gĂ©e et prise en 1638 par le duc de Weimar et le vicomte de Turenne. Vauban supervisera divers travaux ce qui sera lâoccasion pour lui de souffrir des mauvaises relations avec lâintendant dâAlsace Colbert de Saint Marc qui impose diverses interventions dâentreprises que Vauban dĂ©sapprouve, notamment M. Saint-AndrĂ©. Vauban averti Louvois. Lors de contrĂŽles des dĂ©penses sur les ouvrages, la Cour relĂšvera plusieurs irrĂ©gularitĂ©s et il faudra Ă Vauban lâappui de Louvois et Colbert pour quâil ne soit pas mis en cause. Rendu Ă l’Empire par les traitĂ©s de Ryswick, Louis XIV de France fait construire Neuf-Brisach, face Ă Brisach, pour prĂ©venir toute invasion d’outre-Rhin. Vieux-Brisach fut de nouveau assiĂ©gĂ©e et prise en 1703 par Vauban. En 1703, il dirige, sous le duc de Bourgogne, son 48Ăšme siĂšge. La ville fut rĂ©duite Ă capituler au bout de treize jours et demi de tranchĂ©e ouverte, et qui ne coĂ»ta pas 300 hommes. Câest par ce siĂšge quâil a fini, et il y fit voir tout ce que pouvait son art, comme sâil eĂ»t voulu le rĂ©signer alors tout entier entre les mains du prince quâil avait pour spectateur et pour chef. En 1704, les ImpĂ©riaux tentĂšrent de reprendre la ville, par la ruse, sans succĂšs. En septembre 1793, Vieux-Brisach subit un important bombardement par les troupes rĂ©volutionnaires françaises durant cinq jours.
LUXEMBOURG (L) :
LUXEMBOURG ENCEINTE URBAINE : La ville s’est dĂ©veloppĂ©e au Xe siĂšcle Ă partir d’un chĂąteau construit en 963 sur le rocher du Bock par le comte ardennais Sigefroy de Luxembourg (Siegfried) . Le chĂąteau s’Ă©levait sur les vestiges d’un castellum romain appelĂ© Lucilinburhuc « petit bourg » (du vieux haut-allemand luzzil « petit » et burg « bourg, ville »). DĂšs 1050, l’agrandissement de la bourgade s’avĂšre indispensable et une deuxiĂšme enceinte, parallĂšle Ă la premiĂšre, est Ă©rigĂ©e Ă hauteur de l’actuelle rue du FossĂ©. En 1244, la comtesse Ermesinde accorde Ă la ville sa charte d’affranchissement. De nouveaux travaux de fortification de la ville haute dĂ©butent en 1320, sous le rĂšgne de Jean l’Aveugle, pour ĂȘtre achevĂ©s en 1398. La fortification de la ville basse (« Grund ») est rĂ©alisĂ©e entre 1387 et 1395. En 1354, le Luxembourg devient DuchĂ©. Dans le cadre de la politique des RĂ©unions du roi Louis XIV, Luxembourg est revendiquĂ©e par la Couronne de France. Les armĂ©es françaises mettent le siĂšge devant la ville en dĂ©cembre 1683. Ă partir du 28 avril, Vauban dirige les assauts sous les ordres du marĂ©chal de CrĂ©quy et la ville tombe le 4 juin 1684. En raison de la bravoure avec laquelle la garnison espagnole avait dĂ©fendu la place, un dĂ©part honorable lui fut accordĂ© lors de la capitulation. Louis XIV fit son entrĂ©e Ă Luxembourg trois ans plus tard oĂč il sĂ©journa pendant cinq jours. Le Luxembourg resta province française jusquâen 1697, date de la signature de la paix de Ryswick qui rendit le Luxembourg Ă lâEspagne. AprĂšs la prise de la ville-forteresse, Vauban fut responsable des travaux de reconstruction des fortifications et en fit le futur âGibraltar du Nordâ figurant au rang d’une des plus importantes forteresses d’Europe Ă l’Ă©poque. Les Tours Vauban sont des tours massives bien prĂ©servĂ©es qui portent le nom des constructions mĂ©diĂ©vales qu’elles vinrent remplacer : la Porte d’Eich et la Porte des Bons Malades. Vauban reconnut, lors du siĂšge des Français, que le Pfaffenthal (qui n’Ă©tait guĂšre fortifiĂ©) et les hauteurs adjacentes constituaient les points faibles de la forteresse. C’est la raison pour laquelle il fit intĂ©grer ces parties dans l’enceinte fortifiĂ©e de la ville en 1685. Il renforça les hauteurs par deux forts et verrouilla la vallĂ©e au moyen d’un mur de protection qui reliait le Fort Berlaimont du cĂŽtĂ© ville aux nouveaux forts des hauteurs du GrĂŒnewald de l’autre cĂŽtĂ©. Entre les deux Tours Vauban, un mur de protection enjambe lâAlzette sous forme de passerelle dite âDe BĂ©inchenâ . Nous nous engageons sur son chemin de ronde, autrefois muni de parapets et de meurtriĂšres (partiellement reconstruits voici quelques annĂ©es), et nous atteignons la rive opposĂ©e de lâAlzette dont lâaccĂšs pouvait ĂȘtre fermĂ© par des claires-voies incorporĂ©es aux trois arches du pont. Un panneau nous apprend que les gardes en service sur ces ouvrages avaient non seulement pour fonction de contrĂŽler les entrĂ©es et sorties de la forteresse, ils surveillaient Ă©galement les alentours pour dĂ©couvrir des dĂ©serteurs ou des espions. Un Ă©clusier devait rĂ©gler la hauteur des grilles en fonction des crues de la riviĂšre. Vauban assura Ă©galement la dĂ©fense de la vallĂ©e en y Ă©rigeant ces deux tours dĂ©fensives. De plus, des fossĂ©s profonds (mis Ă jour en 1997/98), des ponts basculants lourds et des meurtriĂšres tenaient l’ennemi Ă l’Ă©cart. Si toutefois l’ennemi rĂ©ussissait Ă s’approcher dâune tour, il y avait toujours la possibilitĂ© de l’arroser de poix ou d’huile brĂ»lante versĂ©e par les ouvertures (mĂąchicoulis) de la galerie en encorbellement. Par les portes de l’Ă©tage supĂ©rieur, on accĂ©dait au chemin de ronde des murs de protection. L Les reconstructions et les adjonctions de forts, comme le fort de NiedergrĂŒnewald, Ă©rigĂ© en 1684/85 par Vauban. Il se prĂ©sentait sous la forme dâune couronne de trois bastions. Entre chaque bastion, Vauban fit construite des ravelins afin de protĂ©ger les courtines. La position en Ă©ventail de ces constructions, donnait au fort lâavantage de prĂ©senter plusieurs fronts. Jadis on y accĂ©dait par un chemin cannelĂ© qui partait du Pfaffenthal et aboutissait Ă la gorge du fort. LâentrĂ©e Ă©tait flanquĂ©e dâun rĂ©duit intĂ©rieur fortifiĂ©. Ce rĂ©duit isolĂ© Ă©tait percĂ© de plusieurs meurtriĂšres Ă fusils, garni de mĂąchicoulis et couvert par un Ă©paulement. Il a Ă©tĂ© mis au jour lors des travaux de construction du Circuit Vauban, et a Ă©tĂ© partiellement reconstruit. La gorge de la âHielâ, encaissĂ© entre les deux buttes du GrĂŒnewald. En 1684/85, Vauban y fit construire cette porte, intitulĂ©e « Porte du GrĂŒnewald » ou » Porte de la Hiel « . Elle Ă©tait reliĂ©e Ă gauche au fort du Bas-GrĂŒnewald et Ă droite au fort du Haut-GrĂŒnewald par un mur percĂ© dâembrasures Ă fusil et par un fossĂ©. La voie romaine vielle de 1700 ans montait Ă cet endroit sur le plateau du Kirchberg et reliait encore Luxembourg Ă TrĂšves Ă lâĂ©poque de Vauban. En 1732, la chaussĂ©e fut dĂ©molie en avant du rempart car elle aurait fourni une couverture idĂ©ale pour un grand nombre de piĂšces dâartillerie ennemie. DĂšs lors, une autre liaison avec la ville de TrĂšves fut empruntĂ©e. La porte fut transformĂ©e par les ingĂ©nieurs prussiens en 1836 et se prĂ©sente encore sous cette forme aujourdâhui. Les murs de protection adjacents furent dĂ©molis en 1875. Il y a Ă©galement le Fort ObergrĂŒnewald , construit par Vauban en 1684/1685 et 1688. Le rempart est constituĂ© dâune masse de terrre damĂ©e contenue par des murs. Il pouvait rĂ©sister efficacement Ă la puissance croissante de lâartillerie. En effet, lâinertie de la masse de terre permettait dâabsorber une grande partie de lâĂ©nergie dâun boulet de canon tirĂ© Ă bout portant.Ces fortifications avaient Ă©tĂ© dĂ©mantelĂ©es Ă la fin de XIXe siĂšcle pour disparaĂźtre sous une vaste esplanade amĂ©nagĂ©e par le paysagiste Ădouard AndrĂ©. Les vestiges de ce fort furent mis Ă jour et partiellement reconstruits pour le circuit Vauban. Il y a aussi des redoutes et de casernes que Vauban entreprit d’Ă©difier entre 1685 et 1688 Ă l’aide de 3 000 ouvriers, ont confĂ©rĂ© Ă la ville le cachet particulier qu’elle a gardĂ© jusqu’Ă nos jours. Rendu au roi d’Espagne par le TraitĂ© de Ryswick (1697) le duchĂ© passe sous administration autrichienne (Habsbourg d’Autriche) aprĂšs la guerre de Succession d’Espagne (1714), puis est occupĂ© et annexĂ© par la France rĂ©volutionnaire en 1794/1815. La forteresse de Luxembourg, Ă©puisĂ©e et affamĂ©e, ne se rend qu’aprĂšs un long siĂšge. En 1815, le CongrĂšs de Vienne restaure le Luxembourg sous la forme d’un grand-duchĂ© intĂ©grĂ© comme Ătat membre Ă la ConfĂ©dĂ©ration germanique, ceci afin de pouvoir accorder Ă la Prusse, dĂ©jĂ installĂ©e en RhĂ©nanie, le droit de garnison dans la forteresse de Luxembourg. SimultanĂ©ment, le grand-duchĂ© de Luxembourg est donnĂ© Ă titre personnel et hĂ©rĂ©ditaire en primogĂ©niture masculine au roi Guillaume Ier des Pays-Bas, ce qui donne naissance Ă une union personnelle entre le royaume des Pays-Bas et le grand-duchĂ© de Luxembourg : deux Ătats unis par la personne d’un mĂȘme souverain. En 1867, un an aprĂšs la fin de la ConfĂ©dĂ©ration germanique et Ă la suite d’une crise apparue entre la France de NapolĂ©on III et la Prusse menĂ©e par le chancelier prussien Otto von Bismarck, la neutralitĂ© du Luxembourg est proclamĂ©e par les puissances europĂ©ennes rĂ©unies en confĂ©rence Ă Londres. Du 16e au 19e siĂšcle, les fortifications de la ville de Luxembourg sâĂ©talaient sur prĂšs de 180 hectares. Si seulement 10% sont encore visibles aujourdâhui, ce fleuron de lâarchitecture militaire est dĂ©sormais prĂ©servĂ© et valorisĂ©. Câest l’un des plus importants sites fortifiĂ©s d’Europe, dĂ©sormais au rang de patrimoine mondial de lâUNESCO. Il s’agit d’un extraordinaire rĂ©seau de 17 km de galeries souterraines et plus de 40.000 m2 dâabris Ă la bombe, logĂ©s dans les rochers de la ville. Pendant les deux guerres mondiales, elles servaient d’abri pour protĂ©ger jusqu’Ă 35.000 personnes en cas d’alerte ou de bombardement.
LUXEMBOURG PLATEAU DU SAINT ESPRIT CITADELLE : AprĂšs la prise de la forteresse le 4 juin 1684, Vauban prĂ©senta dĂ©jĂ le 29 aoĂ»t son projet d’ensemble pour la reconstruction qui prĂ©voyait la construction de casernes au plateau du Saint-Esprit qui, sĂ©parĂ© de la ville par deux bastions et un ravelin, devenait la citadelle de la forteresse. Avec lâamĂ©nagement dâun grand magasin Ă poudre. De 1684 Ă 1685 on y construisit deux casernes capables de loger 1.540 hommes. Le 17 janvier 1687, la garnison reprit Ă©galement le couvent du Saint-Esprit. AprĂšs une cohabitation forcĂ©e de trois annĂ©es, les Clarisses-Urbanistes partirent, le 18 mars 1690 aprĂšs les vĂȘpres, en emportant mĂȘme les ossements des sĆurs dĂ©funtes vers leur nouvelle demeure au Pfaffenthal qu’elles avaient fait construire en partie avec l’indemnitĂ© versĂ©e par les Français seuls maĂźtres des lieux, les militaires avaient logĂ© 560 hommes dans le couvent dĂ©saffectĂ© en utilisant l’Ă©glise comme magasin. Vauban Ă©tudie le dĂ©bit de lâeau du puits du couvent et juge qu’il fournit une eau d’une qualitĂ© satisfaisante AprĂšs 1714, les Autrichiens qui avaient pris la relĂšve dans la forteresse se mirent Ă creuser dans les rochers du plateau un rĂ©seau de casemates pour assurer la protection de l’Ă©cluse du Grund amĂ©nagĂ©e en 1731 entre la citadelle du Saint-Esprit et le plateau du Rham. En 1770 on prit la dĂ©cision de dĂ©molir les bĂątiments de l’ancien couvent qui menaçaient ruine. Le puits du couvent est agrandi et sa maçonnerie refaite jusqu’Ă une profondeur de 42 m. Les travaux de dĂ©molition des restes du couvent traĂźnaient certainement car en 1795 les Français parlaient encore de restes du couvent en faisant l’inspection des lieux aprĂšs leur retour. Ils avaient l’intention de relier le plateau du Saint-Esprit au plateau du Rham par une passerelle en forme d’aqueduc qui devait avoir la forme du pont du chĂąteau. NapolĂ©on pu en voir les plans quand il Ă©tait de passage Ă Luxembourg. Cette passerelle aurait reliĂ© directement la route de TrĂšves au plateau du Saint-Esprit et Ă la ville haute et aurait offert de nouvelles possibilitĂ©s pour le dĂ©veloppement de la ville vers l’Est. Mais aprĂšs avoir examinĂ© de plus prĂšs les soubassements de l’ouvrage de l’Ă©cluse du Grund, on ajourna la construction de cette passerelle. Quand les Prussiens s’Ă©taient installĂ©s aprĂšs 1815 dans les casernes du Saint-Esprit au nom de la ConfĂ©dĂ©ration germanique, ils avaient songĂ© d’abord aux besoins de la vie quotidienne. En 1828 ils avaient fait construire un bĂątiment pour les cuisines et un manĂšge couvert qui avaient occupĂ© Ă peu prĂšs la place de l’ancien couvent. En 1841 ils ajoutaient Ă l’ancien puits du couvent une station de pompage mĂ©canique protĂ©gĂ©e contre la bombe. Il pouvait fournir en cinq Ă six heures l’eau nĂ©cessaire pour abreuver 90 hommes et 40 chevaux quand le mĂ©canisme Ă©tait actionnĂ© par les pieds de trois hommes. Si on faisait travailler dix hommes â qu’on sortait des arrĂȘts Ă cette occasion â le dĂ©bit pouvait ĂȘtre portĂ© Ă 400 litres par minute. Le 5 octobre 1859 et on amĂ©nagea une nouvelle porte d’entrĂ©e dans la forteresse qui reçut le nom du Prince Henri des Pays-Bas. Dans une ville-forteresse, les civils surtout devaient faire des concessions. Pendant ces travaux, on avait dĂ©moli la poudriĂšre du Saint-Esprit construite par Vauban mais le GĂ©nie prussien ajouta deux bĂątiments dans l’espace qui restait disponible. De 1857 Ă 1860 on fit construire un hĂŽpital militaire pour temps de guerre et, de 1862 Ă 1863, un magasin de grains Ă l’abri de la bombe. Un laboratoire de guerre fut ajoutĂ© du cĂŽtĂ© des Ă©curies. Les bĂątiments Ă©taient construits d’aprĂšs les derniĂšres techniques de l’Ă©poque par les meilleurs architectes militaires de la Prusse. AprĂšs la 1Ăšre Guerre Mondiale, la nouvelle armĂ©e luxembourgeoise Ă©tait trop importante pour ĂȘtre logĂ©e au plateau du Saint-Esprit qui accueillit toutefois la compagnie de la Garde grand ducale, l’Ă©tat-major et une partie des services logistiques.
DOESBOURG (NL) :
En raison de son emplacement stratĂ©gique Ă la jointure du Vieil Yssel et de l’IJssel, Doesburg est devenue dĂšs le XIIIĂš une place forte d’importance. Durant la Guerre de Quatre-Vingts ans, Doesburg a Ă©tĂ© beaucoup malmenĂ©e, comme en l’an 1572, lorsque la ville a Ă©tĂ© occupĂ©e par les Gueux sous le commandement de Bernard de Merode et Willem IV van den Bergh . A parir de 1586, Doesburg a conservĂ© une garnison permanente stationnĂ©e dans la caserne Maurits (aujourd’hui Mauritsveld). Le 31 juillet 1606, le commandant espagnol Ambrogio Spinola entra dans la ville afin de tromper le gĂ©nĂ©ral en chef, Maurice de Nassau, devenu plus tard Prince d’Orange, alors qu’il voulait attaquer Deventer, en remontant l’Yssel. Maurice fut trompĂ© par la ruse et ne comprit pas que le mouvement vers Doesburg Ă©tait un leurre ; les troupes espagnoles foncĂšrent vers Almelo par la rĂ©gion de la Zwarte Water, mais furent dĂ©faits Ă la bataille du Pont de Berkumer . Sous la direction de Maurice les fortifications de la ville ont Ă©tĂ© beaucoup amĂ©liorĂ©es et dĂ©veloppĂ©es dans les annĂ©es 1606-1629. Au printemps de 1672, Louis XIV dĂ©clare la guerre Ă la Hollande, Vauban dirige les siĂšges de Doesbourg. Le 22 juin les dĂ©putĂ©s des Etats GĂ©nĂ©raux de Hollande viennent demander la paix au ministre Louvois Ă Doesbourg. L’audience tourne Ă l’Ă©chec, Louis XIV imposant des conditions inacceptables. AprĂšs la reddition d’Utrecht, il rĂ©dige les projets de fortification pour les vingt-deux places qui viennent d’ĂȘtre occupĂ©es. La place est surtout utile pour abriter une garnison, la ville Ă©tant situĂ©e sur la ligne dâeau permettant lâinondation des terres et rendant impossible les mouvements des troupes. Ce dispositif sera largement utilisĂ© par Guillaume dâOrange dans sa lutte contre Louis XIV. Les Français occupĂšrent la ville jusqu’Ă 1674. AprĂšs cet Ă©pisode, la citĂ© a reçu de nombreuses fortifications au XVIIe siĂšcle conçu par Menno van Coehoorn, mais elle s’est transformĂ©e en une ville forteresse provinciale tranquille et elle le restera jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Cela a eu certains avantages : le centre historique, avec ses nombreux monuments, est restĂ© bien conservĂ©. La ville a donc Ă©tĂ© dĂ©signĂ©e comme une zone de patrimoine protĂ©gĂ© en 1974. AprĂšs cet Ă©pisode, la citĂ© a reçu de nombreuses fortifications au XVIIe siĂšcle conçu par Menno van Coehoorn, mais elle s’est transformĂ©e en une ville forteresse provinciale tranquille et elle le restera jusqu’au dĂ©mantĂšlement de ses fortifications en 1923 pour permettre le dĂ©veloppement urbain.
MAASTRICHT (NL) :
Vers l’an 10 avant notre Ăšre, les Romains construisirent une importante voie militaire (qui deviendra la Via Belgica) qui traversait la Meuse Ă Maastricht. Un pont fut construit sous le rĂšgne d’Auguste. Celui-ci se trouvait Ă l’emplacement actuel du centre-ville, prĂšs de Stokstraat. Ce pont Ă©tait un point de passage important dans la route menant Ă Bavay et Ă la capitale des Ubiens, Cologne. Vers 270 apr. J.-C., la Maastricht romaine dut subir lâavancĂ©e des tribus germaniques. Pour protĂ©ger le pont, un castrum fut construit sur la rive gauche en 330. En 1204, Maastricht tombe sous l’autoritĂ© du prince-Ă©vĂȘque de LiĂšge et du duc de Brabant. Maastricht devient alors un condominium, une ville sous double autoritĂ©. En 1229, la ville, bien qu’elle n’ait pas eu les droits de citĂ© en tant que tel, est autorisĂ©e, par le duc Henri Ier de Brabant, Ă construire des remparts. En 1281, un nouveau pont est construit au nord de la vieille ville pour remplacer celui qui s’Ă©tait effondrĂ© auparavant. Vers 1375, une seconde muraille est construite. En 1673, c’est le siĂšge de MaĂ«stricht oĂč Vauban, pour la premiĂšre fois, emploie sa mĂ©thode d’approche. Cette mĂ©thode, avec ses trois parallĂšles, est employĂ©e pour la premiĂšre fois au siĂšge de MaĂ«stricht (1673). Lors de ce siĂšge, il utilise, sous les yeux de Louis XIV, des tranchĂ©es parallĂšles permettant aux troupes dâapprocher la place en limitant les risques. Non seulement, Vauban remporte la victoire sur lâune des principales places fortes hollandaises, mais avec un minimum de pertes (1.800 Ă 3.000 tuĂ©s ou blessĂ©s sur les 13.000 soldats que compte lâarmĂ©e des assiĂ©geants) et en un minimum de temps (treize jours de tranchĂ©es ouvertes). Louis XIV arrive Ă Maastricht le 10 juin alors que la ville est complĂštement cernĂ©e. Son secrĂ©taire d’Ătat de la Guerre, Louvois, a pu rĂ©unir assez de provisions pour six semaines de siĂšge. Louis XIV donne personnellement Ă Vauban la conduite du siĂšge de la ville. Les lignes de tranchĂ©es sont terminĂ©es le 14 juin, avec trĂšs peu de pertes, conformĂ©ment Ă la tactique de Vauban. Les tranchĂ©es d’attaques sont ouvertes dans la nuit du 17 au 18 juin. L’attaque se fit vers la porte de Tongres, Ă l’ouest. DĂšs le 18 juin, 26 canons tirent 5 000 boulets sur la ville pendant plus de trente heures. Les assauts se succĂšdent, la fortification changeant de main Ă plusieurs reprises. D’Artagnan y trouve la mort, tuĂ© d’une balle de mousquet reçue dans les reins alors qu’il se trouvait dans la gorge de la fortification de la porte Tongres. Apprenant que Guillaume III rĂ©unissait ses troupes pour secourir Maastricht, Louis XIV dĂ©cide de redoubler d’efforts. Les mines et l’artillerie ouvrent une brĂšche dans la muraille principale. Jacques de Fariaux fait finalement battre la chamade le 30 juin, et la reddition de la ville est signĂ©e le lendemain. Le Roi, Ă cette occasion, lui donna 4.000 louis. C’est cette libĂ©ralitĂ© qui permit Ă Vauban d’acheter, en 1675, le chĂąteau de Bazoches, oĂč il rĂ©unit sa famille et qui devint son foyer. AprĂšs la prise de la ville, Vauban forma des projets d’amĂ©lioration des fortifications de Maastricht. En 1678, la France rĂ©trocĂšde Maastricht aux hollandais. Ce n’est qu’en 1701 que la proposition du commandant de la ville forte fut autorisĂ©e par le Conseil d’Ătat de La Haye. Ainsi le gĂ©nĂ©ral de brigade Daniel Wolff van Dopff put construire un fort sur et dans la paroi nord-ouest de la montagne St. Pierre. De 1747 Ă 1748, la ville passa une nouvelle fois briĂšvement sous domination française aprĂšs la bataille de Lauffeld.En 1748 le cĂŽtĂ© nord de la ville forte de Maastricht fut attaquĂ© et assiĂ©gĂ© par le roi français Louis XV. Le fort St. Pierre ne joua cependant pas un rĂŽle important. En automne de l’annĂ©e 1794, aprĂšs une premiĂšre tentative en 1793, la fortification fut assiĂ©gĂ©e, pour la seconde fois, par l’armĂ©e française rĂ©volutionnaire, sous le commandement en chef de KlĂ©ber. Notamment les canons mis en batterie par les français sur le Louwberg causĂšrent de grands dĂ©gĂąts au fort. Lors de l’occupation française (1794-1814) plusieurs plans de campagne d’amĂ©lioration de la force de dĂ©fense du fort furent Ă©laborĂ©s mais jamais exĂ©cutĂ©s. AprĂšs le retour au pouvoir de NapolĂ©on en 1815 la fortification de Maastricht fut mise en Ă©tat d’alerte. Le fort fut remblayĂ© de terre et dans les annĂ©es 1816 â 1822 la puissance de la dĂ©fense fut amĂ©liorĂ©e. Sur le plateau du fort deux nouvelles piĂšces d’artillerie furent Ă©tablies, trois casemates Ă mortiers incorporĂ©es dans le saillant et tout au-dessus douze casemates Ă canons et une chambre poudriĂšre. En 1867 le roi Willem III promulgua par dĂ©cret du gouvernement que la ville fortifiĂ©e ne ferait plus partie du rĂ©seau de dĂ©fense des Pays-Bas. Le Bastion de Maastricht fut dĂ©finitivement levĂ©. En 1870 le fort St. Pierre fut vendu aux enchĂšres