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COMMÉMORATION EN L’HONNEUR DU MARÉCHAL VAUBAN

La traditionnelle cérémonie annuelle organisée par l’Association Vauban en l’honneur du Maréchal de Vauban  se teindra le e jeudi 25 mars prochain en la Chapelle Sainte Thérèse sous le Dôme de l’Hôtel National des Invalides ; Elle se déroulera en formation restreinte, en présence des autorités militaires, d’une délégation des IMI et des descendants du Maréchal.

 

En attendant, nous l’espérons,  la reprise de nos activités nous vous proposons pour ce 25 mars prochain à midi précises que nous ayons tous au même moment, de chez nous, une pensée pour le Maréchal de Vauban. La photo ci-dessous, prise lors de la cérémonie de 2019 pourra nous y aider.

Comme l’an dernier un hommage photo pourrait être mis en ligne à cette occasion sur notre groupe social WhatsApp.

CONGRES 2021 – ROCHEFORT

COVID 19
En raison de ‘la pandémie de la COVID’ 19 nous avons annulé notre congrès 2020 à Rochefort. Toutefois il est intégralement reporté en 2021 avec le même programme en accord avec les autorités et hôteliers restaurateurs. Le programme est donc toujours d’actualité mais pour le printemps 2021.
De même nous venons d’annuler notre voyage d’étude en Italie du Nord (Aoste et Piémont) dont le programme est également reporté au jour le jour en 2021.
Nous restons à votre disposition sur contact@association-vauban.org

 

Lors de notre Assembée Générale de Molsheim en 2019, nous étions convenus que nous conduirions pour 2020 une expérience en décalant le Congrès sur d’autres dates que le traditionnel week end prolongé de l’ascension compte tenu des difficultés de réservation et de la surfréquentation des sites à cette période. A l’issue d’une première consutation à l’initiative de Charles Rofort, notre correspondant en Nouvelle Aquitaine qui organise notre séjour, un projet de programme a été élaboré. Le congrès se déroulera donc du 7 au 11 juin 2020 (avec une journée optionnelle le 12 pour visiter le phare de Cordouan), à Rochefort sur le programme indicatif suivant. Encore susceptible de modifications notamment pour prendre en compte les contraintes de navigation et de marées

Nous découvrirons Rochefort (la Corderie, l’Arsenal, l’Hermione)

Fort Enet, Fouras, Oléron et sa Citadelle, Brouage, l’Ile d’Aix, Fort Madame, le verrou de l’estuaire de la Gironde avec Blaye, Fort Médoc et Fort Paté.

Ass. Vauban-Programme du Congrès 2020 (1)

Ass. Vauban-Fiche d’inscription Congrès 2020 (1)

MÉDITERRANÉE

MÉDITERRANÉE

Vauban va intervenir sur 10 villes (dont 4 dans le département des Alpe Maritimes). Il élaborera et participera à 3 projets d’amélioration d’enceintes urbaines, 2 citadelles, 17 améliorations ou créations de forts, batteries et redoutes, 1 renforcement de fortifications (Nice 1691). Il procèdera à la préparation de 3 études et projets restés sans suite. Il contribuera au démantèlement d’un site fortifié (Nice en 1705).

ANTIBES (06)

ANTIBES ENCEINTE URBAINE

Vauban fait une première visite à Antibes date de 1682. Il vient inspecter les travaux de son ingénieur Niquet sur l’enceinte urbaine. Il s’agit de renforcer la première place face à la frontière du Var et à Nice qui à l’époque était une place forte considérable sans cesse renforcée par le duc de Savoie ; Vauban a toujours considéré que « la place de Nice et tout le comté de Nice sur lequel le Roi a des droits très bien établis conviennent parfaitement à la France par la raison que ce pays, dans toute son étendue partage les sommets des plus hautes Alpes avec le Piémont, qui sont les bornes naturelles de la France du côté de l’Italie, telles que Dieu les a créées et qu’elles devraient être à notre égard. D’ailleurs cette place et le port de Villefranche conviennent à notre frontière comme les doigts de la main, si bien que l’ennemi ne pourrait jamais rien entreprendre de considérable sur la Provence s’il n’est maitre de Nice et de Villefranche ». Il pressent qu’il faut doter cette place frontière d’un port, tout comme, à l’autre bout de la côte méditerranéenne en Roussillon, il contribuera à créer Port-Vendre. Il développera et renforcera cette enceinte urbaine en ajoutant trois demi-lunes et trois cavaliers de terre à l’enceinte de quatre bastions des frères de Bonnefond. Les travaux seront conduits par l’ingénieur Niquet. Le port est désormais englobé dans le système de défense et sera creusé à partir de 1680. Vauban conçoit pour Antibes des projets encore plus importants prévoyant de relier le Fort Carré à la ville par une grande enceinte bastionnée qui ne sera pas réalisée faute de moyens financiers. Ce renforcement d’Antibes portera ses fruits puisque la ville assiégée à deux reprises par terre et bombardée par mer en 1707 et en 1747 ne se rendra pas. La population demanda alors l’arasement des remparts, afin de ne pas bloquer le développement de la ville trop à l’étroit dans ses murs et qui entendait profiter de l’essor naissant du tourisme. Ceci sera fait entre 1895 et 1900o.

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ANTIBES FORT CARRE

Le fort est construit autour de la tour de St Laurent (1550-1553), d’un diamètre intérieur de 23 m et d’un diamètre extérieur de 32 m. Les murs en sont très épais (environ 4,5 m) et la hauteur totale de la tour est de 20 m, ce qui lui permet de voir loin et de surveiller la baie des Anges, l’embouchure du Var et les sorties de la ville et du château de Nice. Les quatre bastions sont de forme très pointue (angle de 40 et 47°) pour offrir moins de prise à l’artillerie des vaisseaux attaquant ou des batteries de terre d’un assaillant. La distance entre chaque bastion est de 70 mètres et l’épaisseur des murs de 2 mètres aux embrasures. La garnison en temps de paix est de 50 hommes et de 200 en temps de guerre soit deux compagnies de l’époque. Le rez-de-chaussée et le premier étage sont réservés au logement des troupes. De nombreux magasins servent aux approvisionnements. Une chapelle desservie par un aumônier existe dans le fort. Celui-ci est équipé d’une citerne de 60 M3. La maison du Gouverneur est construite sur l’une des faces du bastion d’Antibes. La construction de ce « Fort Carré » représente une puissance formidable pour l’époque et constitue la réponse du Royaume de France aux fortifications savoyardes contemporaines du Mont-Alban, de la citadelle de Villefranche et du château de Nice. Sa conception est due aux ingénieurs Saint- Rémy puis de Bonnefonds ; Ces travaux seront repris dans la seconde moitié du XVIIème siècle par l’ingénieur Antoine Niquet sous la direction de Vauban qui vient à Antibes pour la première fois en 1682. Il y reviendra lors de ses deux grands voyages d’inspections dans les Alpes en 1693 et en 1700.  Vauban ajoutera à ce fort, des dehors mais ne pourra pas réaliser toutes les améliorations prévues. Tel quel, l’ensemble formé par le Fort Carré et l’enceinte urbaine d’Antibes fera preuve de son efficacité en résistant en 1707 d’abord, puis durant 57 jours en 1747, aux assauts conjugués des troupes austro-savoyardes et aux bombardements des flottes hollandaise et anglaises. Le rattachement du Comté de Nice à la France en 1860 amena le déclassement de la place.

ANTIBES BATTERIE DU GRAILLON

Ce lieu est stratégique car de ce promontoire, on peut interdire tout débarquement sur les plages de ce qui est aujourd’hui Juan les Pins, ce qui aurait permis à une flotte ennemie de séjourner dans la rade abritée du « Gourjean » et de mettre à terre un corps de débarquement et de l’artillerie de siège, pour investir ensuite la place d’Antibes située à moins d’une lieue. Son importance n’est pas moindre pour interdire l’entrée dans cette rade par la grande passe Est, à condition de pouvoir croiser les feux avec la batterie située devant l’îlot de la Tradelière à l’extrémité est de l’Ile Sainte Marguerite. Il semble qu’une tour à canons ait été construite au Graillon sous Richelieu. A cette période, de Toulon à Antibes, et après la descente des flottes espagnoles aux Iles de Lérins, on mettait en place des batteries côtières d’interdiction des rades les plus abritées contre le Mistral ou le Ponant qui on l’a vue pouvait en une journée compromettre les opérations de débarquement. Cette tour est décrite comme devant pouvoir loger 25 hommes et 6 pièces de canon. Vauban prescrit divers aménagements de la tour et des batteries du Graillon. Elle comporte une redoute, une batterie de 6 pièces de 36, un magasin à poudre et un four à rougir les boulets.  Les anglais la feront sauter pendant les opérations de siège de la place d’Antibes, durant la guerre de Succession d’Autriche en 1747. En 1862 de la tour est restaurée avec un réduit de batterie directement transformé en magasin ; le corps de garde ressemble à un réduit de batterie 1846 avec toiture à deux pentes. Ces fortifications seront déclassées à, la fin du XIXè

CANNES (06)

CANNES FORT DE SAINTE MARGUERITE 

Appartenant aux Îles de Lérins, face à la ville de Cannes, l’île Sainte-Marguerite est dotée d’une forte valeur stratégique depuis l’Antiquité. La première fortification est remplacée par un château médiéval jusqu’au XVIe siècle. En juillet 1524, les Espagnols débarquent une première fois sur l’île de Sainte-Marguerite pour bloquer le port de Cannes. Ils reviennent le 14 septembre 1535 et édifient de nouvelles fortifications autour du château primitif. En 1617, le duc de Guise charge Jean de Bellon de réaliser la construction d’un fort destiné à verrouiller l’accès à Cannes. Édifié de 1624 à 1627, sur l’emplacement des fortifications précédentes, il ne s’agit alors que d’une modeste maison fortifiée. Ce petit ouvrage est agrandi et renforcé par les Espagnols qui occupent l’île des Lérins à partir de 1635. Ils y construisent deux bastions et les premières casernes. En 1637, les Français reprennent les îles des Lérins et donnent à la Citadelle le nom de fort Royal. L’ouvrage est renforcé : les fossés sont approfondis, les courtines surélevées et deux demi-lunes sont reliées au fort par des passerelles surélevées. En 1682, Vauban propose des modifications pour le fort qui seront appliquées par l’ingénieur Niquet, ingénieur général des fortifications du Dauphiné, du Languedoc et de Provence. Après un 1er projet de 1682, non réalisé, Vauban propose un ensemble d’améliorations en 1692, puis de nouveau en 1700. Certaines sont réalisées sous la direction de Niquet, entre 1693 et 1700 : Le chemin-couvert est refait, de même que les demi-lunes et les contrescarpes, nouveau magasin à poudre, achèvement de la partie supérieure de la porte Royale, avec à l’étage un pavillon couvert d’un toit, servant de corps de garde. À l’issue de tous ces chantiers le fort Sainte-Marguerite présente son aspect actuel : celui d’un pentagone bastionné irrégulier doté de trois fronts côté terre. Ceux-ci comportent trois bastions et un demi-bastion, deux demi-lunes, des fossés secs, des places d’armes rentrantes et une place d’armes sortante, une contrescarpe et un chemin couvert à traverses, une citerne, un magasin à poudre. . Deux portes permettent l’accès : la porte Marine à l’ouest protégée par un redan, et une porte dans le front sud-est : la porte Royale. Le front de mer est défendu par une muraille. À l’intérieur, quatre casernes (Saint-Hilaire, Saint-Honorat, Saint-Macaire et Saint-Urbain) ont été construites d’après le plan-type imaginé par Vauban. On y trouve aussi un puits, une maison du gouverneur, des logements pour les ingénieurs, le curé et le major, des magasins d’artillerie, une chapelle et une boulangerie. Le magasin à poudre principal se trouve dans le bastion sud, dit bastion Royal. Les nouvelles prisons construites après 1692. Le fort actuel de forme pentagonale est dans l’état prescrit par Vauban. On y entre par la porte Marine, on passe entre les casernements pour la troupe et les officiers, on longe la terrasse ponctuée de guérites offrant une vue magnifique sur la rade de Cannes et sur celle de Golfe Juan. En 1693, Vauban préconise des travaux complémentaires sur la place. A l’à-pic sur la mer, les prisons ont été construites après la visite de Vauban en 1693. Le 5 novembre 1703Antoine Niquet écrit dans une lettre «… il y a bien d’autre chose à faire à cette place pour la mettre en état de deffence mais à quoy bon ?… elle ne garde ni port ni rade… elle n’est par conséquent bonne à rien, son entretien, sa garnison sont à charge de l’État». Ces prisons ont eu à travers les siècles comme prisonniers, des pasteurs protestants, l’homme au « masque de fer », Jouffroy d’Abbans inventeur du premier bateau à vapeur enfermé là par sa famille sur lettre de cachet, la famille d’Abd el Kader et le maréchal Bazaine qui s’évadera dans des conditions rocambolesques.  Cette vocation perdure jusqu’au XXè. Sous Louis Philippe et Napoléon III, un réduit de batterie modèle 1846 fut construit à la pointe de la Tradelière, afin de protéger les batteries qui croisaient leurs tirs avec la batterie du Graillon au cap d’Antibes pour défendre l’entrée Est de la rade de Golfe Juan. Celle-ci était en outre défendue par le fort de la Croix, élevé sous Louis XIII face au Fort Royal, pour en interdire l’entrée Ouest, le fond de la rade étant lui défendu par les batteries de la pointe Fourcade et de la Gabelle.. Le fort et l’île sont classés au titre des Monuments historiques. Le plan relief de l’île et du fort réalisé au 1/2200e (échelle du fort 1/1174e), construit en 1728 et restauré en 1816 et 1920, est exposé au musée des Plans-Reliefs de Paris

CANNES RISBAN DU GOURJEAN RADE DE CANNES (projet) :

Dans son rapport daté du 9 mai 1682, adressé à Louvois, Vauban écrit : « J’ai cru que vous ne trouveriez pas mauvais que je passasse en m’en revenant aux Iles Ste -Marguerite et St -Honorat afin de vous rendre compte de l’état de leurs fortifications. En passant j’ai traversé la rade du « Gourjean » extrêmement estimée de tous les gens de mer, aussi est-elle très belle, grande, spacieuse et abritée comme un port. Il parait un petit écueil dans le milieu qui en fait comme le centre où je ne pus aller parce qu’il faisait trop de mer, mais j’ai chargé Corneille d’en prendre le plan et de sonder l’alentour et de lever une carte de toute la rade bien au juste parce que, si on pouvait bâtir une tour de 8 à 10 toises de diamètre sur cet écueil ,en rétablir deux ou trois qui furent autrefois démolies sur les petits corps avancés du rivage, l’effet de tous ces petits postes joins à celui du Fort Ste Marguerite feraient un feu croisé de canons sur toute la rade qui la rendrait assurée comme un port». Lors de son passage dix ans plus tard le 8 mars 1693, Vauban y revient : « J’ai traversé le « Gourjean » dont j’ai visité le milieu et les environs ; je connais présentement assez bien cette rade pour pouvoir ( quand il plaira au Roi) bâtir un « Risban » dans le milieu et des tours et batteries à deux ou trois endroits des environs moyennant quoi le mouillage en sera interdit à tous les vaisseaux ennemis ». Plus tard il écrira encore « la rade du « Gourjean » est une dépendance d’Antibes qui peut beaucoup contribuer à la bonté de cette place et à la fermeté de nos armées en nous en rendant bien les maitres comme je crois très possible de le faire, ainsi que vous le pourrez voir par son projet dans lequel sont marqués toutes les croisés du gros canon tiré à peine plus de demi-volée». « Ledit projet se compose de son mémoire et de 8 feuilles de dessins dont la première contient le plan de la rade. Le dossier comprend le plan de l’une des deux grandes batteries avec tous les étages de la tour, les profils de la batterie, de son fossé du côté terre et des mesures chiffrées de toutes les mesures requises à leur construction, les plans et profils de l’une des batteries de mer elle peut servir à toutes les deux. L’ensemble, signé de la main de Vauban, le projet de « risban », sorte de tour à canon situé au centre de la rade sur un récif appelé aujourd’hui « la Fourmigue » comme Vauban en a construit au même moment à St Malo (fort de la Conchée). Ce projet restera sans suite

NICE (06) :

Ville d’origine antique, les premières fortifications connues datent du XIe siècle. Au XIVè, l’enceinte et le château atteignent leurs plus grandes extensions. Lorsque le comté de Nice est rattaché au duché de Savoie en 1388, le mécontentement de la France alimente un contentieux de frontière qui dure plusieurs siècles et ne sera résolu qu’en 1860 lors de son annexion à la France. Dans ce contexte, le gouverneur savoyard Nicod de Menthon remanie le château en 1437. Mais ces travaux se montrent insuffisants face aux évolutions de l’artillerie. Le duc Charles II de Savoie ordonne l’édification des premières fortifications modernes à partir de 1517. L’architecte André Bergante de Vervua construit ainsi trois bastions, dits Saint-Charles, Saint-Victor et Saint-Paul, autour du château qui devient une citadelle. Ces premiers ouvrages, semblables à des tours, sont des édifices de transition. Le système défensif est perfectionné entre 1560 et 1580 par les ingénieurs Boiero, Paciotto et Vitelli, sur ordre d’Emmanuel-Philibert Ier de Savoie. Un ouvrage à corne comportant deux bastions à orillons est bâti devant les tours Saint-Victor et Saint-Paul et les courtines du château sont abaissées. Premier siège en 1543 de juin à septembre, Les franco-turcs réussirent à prendre la ville mais ne purent venir à bout de l’héroïque résistance du château et doivent se retirer à l’arrivée de l’armée de secours commandée par Charles II de Savoie pour le compter de Charles Quint. A la suite de cela, la ville est transformée à partir de 1543. Le tracé est rapproché de la mer au sud et remonté vers le fleuve du Paillon au nord, englobant ainsi une superficie plus importante. En 1557, le fort du Mont-Alban est construit. Le XVIIe siècle procède à quelques ajouts pour d’ultimes perfectionnements. La citadelle reçoit trois lunettes avancées : deux devant l’ouvrage à corne, dites de Sainte-Croix et Saint-Jacques, une troisième dite de Saint-Jean qui protège le chemin d’accès et un chemin-couvert. L’enceinte urbaine est également doter de deux bastions pour couvrir les portes Pairolière et Marine. Ces travaux sont réalisés à partir de 1677 à la demande du cardinal Maurice de Savoie, gouverneur de la ville et du comté de Nice. Le deuxième siège de 1691 eut lieu pendant la guerre dite de la ligue d’Augsbourg. Le duc de Savoie Victor Amédée II s’étant déclaré pour l’Empereur d’Allemagne, Louis XIV chargeât le Maréchal de Catinat de conquérir le Comté de Nice. Il prit conseils auprès de son ami Vauban pour arrêter les plans de campagne. Son armée passa le Var le 12 mars 1691 et s’empara d’abord des forts de l’Hospice sur la presqu’île de St Jean Cap Ferrat construit entre 1610 et 1615 qui participe de la défense des approches orientales de Nice. La ville et la citadelle furent soumises à un siège en règle avec côté français 21 ingénieurs travaillant en trois brigades et à un violent bombardement au cours duquel les bombes françaises mirent le feu aux magasins à poudre faisant sauter une bonne partie du château dont la garnison capitula le 5 avril 1691. L’ingénieur Antoine Niquet travailla durant 5 ans à la réfection de la citadelle et Vauban inspecta les travaux en 1693. Il préconise de garder les fortifications niçoises et de les améliorer au lieu de les détruire. Ce travail ne servit qu’aux savoyards puisque le Comté et la place de Nice furent rendus au duc de Savoie par le traité de Ryswick en 1696. Le duc de Savoie fit poursuivre les travaux engagés par Vauban. Le troisième siège a lieu en 1705. Comme en 1691, le Mont Alban, le St Hospice et la citadelle de Villefranche capitulèrent assez rapidement. Dans la soirée du 15 mars on ouvrit la tranchée devant la ville de Nice. La canonnade dura jusqu’au 10 avril, date à laquelle les consuls de Nice offrirent la capitulation de la ville. La garnison se retira dans le château. Le siège repris en octobre 1705. Vauban désormais Maréchal de France prépara un projet de siège, marquant sur le plan l’emplacement des batteries, donna des instructions précises pour obtenir des ricochets efficaces et toutes sortes d’autres instructions. Il écrit : « je voudrais par une méthode nouvelle à laquelle on ne s’attend point, attaquer le château par le coté de la ville joignant le bord de la mer où la place n’est revêtue que d’une simple muraille, parce que l’on ne s’est pas méfié de ce côté-là et que l’on se croit à l’abri par son escarpement. J’ai remarqué que la pente n’en était pas impraticable. Si l’on s’y prend de cette manière, l’on perdra peu de monde et l’on prendra en un mois le château, …». Le duc de Berwick qui s’illustrera dans les Alpes durant toute la période, fut chargé de conduire le siège. le 5 janvier le château capitulait. Vauban, comme en 1691 recommande de remettre en état la citadelle et les fortifications de la Ville. Mais Louis XIV l’entend autrement et envisage ni plus, ni moins, la destruction des fortifications de Nice. Une offre publique de promotion immobilière est immédiatement réalisée pour poursuivre les chantiers de démolition qui s’achèvent vers 1715-1723.  Devant la menace qui militarise sa ligne de crête, la France saisit le danger et réplique en faisant construire entre 1880 et 1900, sous l’impulsion de Séré de Rivières, une multitude de forts, casemates et batteries le long des montagnes du Mercantour, depuis l’Authion jusqu’à la côte sur les hauteurs de Nice. Il ne subsiste plus d’élément des fortifications de Nice. Des quartiers neufs, des boulevards et une gare ferroviaire ont réoccupés leurs emplacements. Le rocher de la citadelle est transformé en parc urbain.

NICE FORT DU MONT ALBAN (06) :

Le siège de Nice en 1543, occasionne de nombreuses destructions dans le système défensif de la ville. Sur un projet de Gian Maria Olgiati, ingénieur général militaire de Charles Quint, le duc de Savoie Emmanuel Philibert décide de fortifier la frontière maritime des États de Savoie par la construction d’un nouveau fort, entre les forteresses de Villefranche (citadelle Saint-Elme) et de Nice (château de Nice). Sa réalisation est confiée à l’architecte-ingénieur Domenico Ponsello sous la direction du capitaine général des galères ducales André Provana de Leyni. La première pierre est posée le 5 avril 1557. Ponsello édifie un fort bastionné selon un tracé dit en étoile pour répondre aux nouvelles techniques de l’artillerie en usage au XVIe siècle. Il est construit sous la direction de Provana de Leyni (maître d’œuvre). André Provana de Leyni le nomme « mont Alban » (sans doute en référence à la couleur blanche de la roche calcaire du site). En 1557, le fort du Mont-Alban est projeté pour contrôler la hauteur dominant Nice et le col reliant cette dernière à Villefranche-sur-Mer. Il forme un carré de 40 m de côté à quatre bastions d’angle. Les bastions sont dotés d’échauguettes et de casemates pour le logement des soldats. Pour y entrer, il faut franchir un escalier coudé puis un pont levis percé dans le front est. Sa garnison ne dépassait pas 50 à 70 hommes. il couvre à la fois le port de Nice, la rade et la citadelle de Villefranche sur Mer. Il constitue un obstacle important sur le chemin de Nice à Vintimille. Lors de la guerre de la ligue d’Augsbourg, le comté de Nice est le théâtre d’affrontements et le fort se rend sans combattre le 21 mars 1691 aux troupes du maréchal de Catinat. Le fort du Mont-Alban, trop petit et doté d’une faible garnison, ne peut résister. Une fois investi par l’ennemi, le « relais défensif » se retourne contre le chaînon principal du système, la citadelle. Placée en contrebas, menacée par une canonnade terrible, elle est chaque fois obligée de se rendre. Seul un agrandissement des forts aurait pu en faire des places inexpugnables… Mais la configuration du terrain et le coût empêchent les adaptations nécessaires. Toutefois, à l’instar de Vauban qui admire l’œuvre géniale d’Olgiati, les troupes françaises respectent la fière et noble citadelle. La « formidable forteresse » devenue obsolète est sauvée alors que la tour de La Turbie, le fort Saint-Hospice et le château de Nice sont rasés en 1706! Après avoir été annexé par la France en 1792, le Comté de Nice revient au roi de Sardaigne en 1814 avec la Ligurie ainsi le de littoral des États Sardes s’étend de Nice à La Spezia. Il reste occupé jusqu’en 1696.. 1715-1723. Durant cette période, le fort du Mont-Alban ne subit pas de modification Le traité d’Utrecht le rend à la Savoie en 1715. Durant la guerre de la succession d’Autriche, il connaît une nouvelle offensive menée par l’armée gallispane (franco-espagnole). Le fort est évacué le 21 avril 1744. Après plusieurs tentatives, il est récupéré par les Piémontais en février 1748. Dans l’offensive révolutionnaire de 1792, il est de nouveau occupé par les Français. En 1800, lors de la deuxième campagne d’Italie, grâce au télégraphe optique, la garnison républicaine encerclée peut transmettre, depuis le fort, des messages à son commandement situé sur l’autre rive du Var. Le 28 mai 1800, il tire son dernier boulet. Le fort du Mont-Alban, conservé intégralement, est cédé à la ville de Nice en 2007 par le Ministère de la Culture. Témoignage de la fortification bastionnée savoyarde, c’est l’un des rares forts du XVIe siècle qui nous soit parvenu sans modification postérieure.

MARSEILLE (13) :

MARSEILLE ENCEINTE URBAINE :

Fondée par les Grecs au Ve siècle avant notre ère, Marseille possède des fortifications urbaines depuis l’Antiquité, dont une porte monumentale à bossage subsiste dans le jardin des Vestiges. La tour Maubert, édifiée au XIIIe siècle, est chargée de tendre une chaîne pour barrer la passe d’entrée du Vieux Port. Sa mission consiste également à contrôler les points de péage portuaires. Cette tour est remplacée en 1447 par la tour du roi René. En 1611, elle reçoit un poste de garde et se présente sous une forme carrée à mâchicoulis. En 1644, le dispositif est renforcé par la tour du fanal, une tour de guet à toit hémisphérique et portant des feux, à l’extrémité ouest du promontoire Saint-Jean. François Ier décide construire un fort triangulaire sur la colline de la Garde. Le chantier ne commence qu’en 1545, c’est le premier chantier moderne à Marseille. Le fort Notre-Dame-de-la-Garde est de plan triangulaire. Ses courtines mesurent 55, 75 et 85 mètres de long. La porte d’entrée est dans le plus petit front, protégée par un pont-levis et précédée d’un escalier. Les fondations du fort seront plus tard intégrés dans la construction de la Basilique. En 1660, Marseille est assiégée par l’armée royale après sa rébellion contre Louis XIV. En février de cette même année, le roi charge le chevalier de Clerville de construire deux forts à l’entrée du port, pour le protéger mais surtout pour surveiller la ville frondeuse : le fort Saint-Jean et le fort Saint-Nicolas En 1679, puis en 1701, Vauban visite Marseille et se montre très critique envers les fortifications planifiées par Clerville. Il n’y apporte cependant aucune modification. Louis XIV n’a pas suivi les recommandations de Vauban qui souhaitait des défenses importantes. En 1669, le port est réaménagé pour recevoir l’arsenal des galères par l‘intendant Nicolas Arnould et l’ingénieur Antoine Niquet sur ordre de Colbert. En 1672, les remparts préexistants au siège de 1660 sont rasés. Ils sont remplacés en 1694 par une nouvelle enceinte multipliant par trois la surface intra muros. Cette nouvelle enceinte n’a toutefois aucune valeur militaire, il s’agit davantage d’une clôture fiscale. La nouvelle trame urbaine établie sous la conduite d’Arnould est orthogonale, axée sur une avenue principale reliant les deux places neuves, près des portes d’Aix au nord et de Rome au sud. L’extension urbaine est prévue pour loger des bourgeois et les ouvriers habitants la vielle ville. L’architecte Pierre Puget réalise une place publique supplémentaire. Le chantier est entrepris en 1689 et s’achève vers 1780. En 1790, les fronts urbains du fort Saint-Nicolas sont démolis par les Révolutionnaires mais sont reconstruits par mesure de protection sous la Convention (1792-1795). Le fort Saint-Jean est isolé de la ville par le creusement d’un nouveau bassin portuaire de la Joliette en 1844. Les trois forts sont réaménagés sommairement par les Allemands entre 1942 et 1944 qui y ajoutent de petits blockhaus. Le fort Saint-Jean est ouvert au public. L’ensemble fortifié du fort Saint-Nicolas a été coupé en deux par le percement d’une route en 1862. Le bas fort relève de la Défense et abrite un mess des officiers, des salles de réunion et des appartements privés ; le haut fort a récemment été aquis par la ville de Marseille. Le fort Notre-Dame-de-la-Garde, réduit à un soubassement, sert de support à une basilique depuis le Second Empire. Le plan-relief du fort Saint-Nicolas est exposé au Musée des Plans-Reliefs de Paris.

MARSEILLE FORT SAINT NICOLAS

est construit en vis-à-vis du fort Saint-Jean ; le chantier commence dès 1660, conduit par les ingénieurs Desjardins et de Chastillon, et se termine en 1664. Ce fort comprend deux ouvrages distincts : le Haut Fort dit d’Entrecasteaux et le Bas Fort dit Fort Ganteaume. Le Haut Fort est un losange à quatre bastions d’angle : trois bastions sont à flancs perpendiculaires aux courtines et le quatrième est à flancs ouverts. Le Bas Fort permet de relier le Haut Fort à la mer. Le plan défensif en étoile, cher à Vauban, en fait le plus remarquable ouvrage d’art militaire des Bouches-du-Rhône. Les maçonneries de l’enceinte, de grand appareil, sont bâties en calcaire rose de La Couronne. Les angles sont chaînés à bossages, le mur d’enceinte est parcouru d’un cordon continu.. Tout comme le fort Saint-Jean, son rôle est davantage de surveiller la ville que d’améliorer sa défense. Tout le versant ouest de la colline Saint-Nicolas est ainsi occupé. Après 1664, Vauban fait ajouter des batteries rasantes et une fausse-braie autour du Bas-Fort. En 1864, la création du boulevard de l’Empereur (actuel boulevard Charles Livon) isole les deux forts. Entre1859 et 1863, est construit en contrebas des remparts du fort d’Entrecasteaux la caserne militaire Saint Victor (actuelle caserne d’Aurelle. Un monument commémoratif de la Seconde guerre est établi dans l’ancien moulin en 1954 . Le fort Saint-Nicolas est classé en totalité par un arrêté du 14 janvier 1969.

MARSEILLE FORT SAINT JEAN

est bâti en absorbant la tour du roi René et la tour du Fanal. Il se présente sous la forme d’un front bastionné à courtine et porte centrale entourée de deux demi-bastions, côté terre. Côté mer, il épouse le rivage avec une poterne contre la tour du Roi René. Les travaux commencent en 1668 sous la direction de Clerville. Vauban prend la succession en 1678 et faut creuser un large fossé destiné à isoler le promontoire. En 1679, puis en 1701, Vauban visite Marseille et se montre très critique envers les fortifications planifiées par Clerville. Il n’y apporte cependant aucune modification. Louis XIV n’a pas suivi les recommandations de Vauban qui souhaitait des défenses importantes. En 1669, le port est réaménagé pour recevoir l’arsenal des galères par l‘intendant Nicolas Arnould et l’ingénieur Antoine Niquet sur ordre de Colbert

MARSEILLE ARCHIPEL DU FRIOUL :

FORT  RATONNEAU :

A 75 m d’altitude, le fort de Ratonneau  est implanté sur le sommet de l’île du même nom.  On ne sait qui des Toscans ou des Marseillais posa la première pierre vers 1597. Les Toscans appelés au secours du comte de Beausset, gouverneur du château d’If, pour mâter la rébellion de Marseille ont bien établi les plans d’une forteresse dénommée Santa Cristiana mais ils correspondent mal aux plans des constructions réalisées au début du XVIIème. Le Fort de Henry IV construit entre 1598 et 1610 est particulièrement imposant. Il comporte quatre niveaux et s’étend sur 450m de long avec une largeur moyenne de 50m. Le donjon est une tour hexagonale inscrite dans un cercle d’environ 18m de diamètre.  Le troisième niveau qui couvre le plateau supérieur de l’île comporte des casernements voûtés sous les terrasses à canons et un corps de garde. A l’est et à l’ouest, le deuxième niveau surplombe des retranchements qui longent l’arête rocheuse des sommets. Comporte deux citernes contenant ensemble 360000 litres et deux fours à pain pour 1500 rations par jours. Très rapidement on se rendra compte que les îles de Pomègues et Ratonneau sont indéfendablesècle. Renvoyés chez eux en 1598 contre 200 000 écus, Henri IV charge Raymond de Bonnefons de fortifier les îles.

CHATEAU D’IF :

Il s’agit de la plus petite île de l’archipel du Frioul. Le château d’If est la première forteresse royale de Marseille. La seconde est le fort Notre-Dame construit après 1536 toujours sur l’ordre de François Ier. Cela devint le site constitutif de la basilique Notre-Dame-de-la-Garde. La construction s’inscrit dans un projet de contrôle des côtes provençales : Marseille est au XVIe siècle « la plus belle fenêtre du royaume de France en Méditerranée du nord ». Le principal atout du bâtiment est sa situation au centre de la rade Nord de Marseille sur les routes de navigation les plus fréquentées. Le chantier a débuté à la mi-avril 1529, la date de fin de chantier n’est pas connue. La première garnison et son gouverneur sont en place dès 1531. Une partie des matériaux de construction proviennent du siège de Marseille par les Espagnols en septembre 1524. Le fort a lui-même le plan d’un carré avec des côtés d’une longueur de 28 mètres, flanqué de 3 tours cylindriques. Il se compose de trois niveaux. Chaque tour comporte de grandes ouvertures. La tour Saint Christophe (1) dans le nord-ouest est la plus haute tour et permet de surveiller la mer, à 22 m de hauteur. La tour a été construite de 1524 à 1527, et la tour résidentielle associée date de 1529. Les tours Saint Jaume et Maugovert sont à l’opposé au nord-est et au sud-est du fort. Les tours sont reliées entre elles par une terrasse spacieuse sur deux étages. Le salon et la cuisine sont au rez-de-chaussée et des casemates se trouvent au premier étage. Les trois tours rassemblaient une puissance de feu considérable, ce qui faisait du Château d’If une puissante citadelle. Cet ensemble n’a pas vraiment de poids stratégique. Vauban en conste les faiblesses dans un rapport cinglant en 1701 : « les fortifications de ressemblent à la roche, ils sont parfaitement restitués, mais très grossièrement et sans précaution, avec beaucoup d’imperfections. Le tout ayant été très mal construit et avec peu de soin… Tous les bâtiments, très grossièrement faits, sont mal faites. ».  En 1702 Vauban fit ajouter une maison de garde, à droite avant la sortie de la forteresse, la caserne Vauban. Le château et le mur d’escarpe entourant l’îlot ont été classés MH le 7 juillet 1926.

FORTIFICATIONS DE MONTAGNE :

FORTIFICATIONS DE MONTAGNE :

Si « les Alpes ne sont pas des barrières suffisantes (…), c’est beaucoup de n’y point trouver des portes cochères, mais seulement des guichets qu’on peut aisément fermer » écrivait Vauban, alors commissaire général des fortifications

Vauban interviendra sur 18 sites en France, 1 en Suisse et 6 en Italie. Il créera une ville nouvelle, interviendra sur 13 forts et redoutes, 6 enceintes urbaine, 5 citadelles Il modernisera et renforcera 3 sites fortifiés et aménagera un camp retranché. Il étudiera 6 projets de fortifications demeurés sans suite et participera au démantèlement de 2 sites fortifiés dont 1 en Italie.

FRONTIÈRES DU NORD ET DE L’EST: ALLEMAGNE , LUXEMBOURG, HOLLANDE

FRONTIÈRES DU NORD ET DE L’EST: ALLEMAGNE , LUXEMBOURG, HOLLANDE

FRANKENDAL (Frankenthal) (D) :

En 1600, Frankenthal est transformée en forteresse. En 1621, elle est assiégée par les Espagnols pendant la guerre de Trente Ans, puis successivement occupée par les troupes des parties adverses. Le commerce et l’industrie sont détruits et la ville n’est reconstruite qu’en 1682. La ville est prise en 1688 par Vauban. Vauban tient le siège devant Monseigneur en 1688 ; c’est le 3ème siège victorieux de l’année pour Vauban (avec ceux de Philisbourg et Mannheim) et Monseigneur fut si content de ses services, qu’il lui donna quatre pièces de canon à son choix, pour mettre à son château de Bazoches, récompense vraiment militaire, privilège unique et qui, plus que tout autre, convenait au père de tant de places fortes. La même année, il fut fait lieutenant-général. En 1689, la ville est brûlée par les troupes françaises dans la Guerre de la Ligue d’Augsbourg (sac du Palatinat). En 1797, la ville passe sous occupation française pendant les guerres de la Révolution française. Elle est intégrée à l’État de Bavière en 1816.

FRIBOURG IM BRISGAU (D) :

Si la ville de Fribourg (Freiburg im Breisgau) a connu un important développement dès le XIIIe et se transforme en une ville frontière entre le Saint empire et la France. Dans la première moitié du XVIe, les possessions des Habsbourg se sentent de plus en plus menacées face à l’expansion du royaume de France. A Fribourg cela se traduit dans un premier temps par la réparation et le renforcement de l’enceinte médiévale après les dégâts subis durant la guerre de trente ans. L’importance de la place étant établie, un état des lieux très détaillé est réalisé en 1667 par Elias Gumpp, prélude à d’indispensables travaux de modernisation de l’enceinte urbaine. Ces travaux progressent cependant très lentement et, en 1674, le mur d’enceinte médiéval est simplement renforcé par un ensemble d’ouvrages avancés, de gros bastions, protégeant les accès à la ville. Le Schlossberg, château dominant la ville à l’est, est considéré comme primordial et fait l’objet d’importants travaux : construction de casemates susceptibles d’accueillir 800 hommes, de citernes et de poudrières. Une communication protégée est d’ailleurs établie entre la ville et le château. L’ensemble des fortifications de Fribourg est complété par quelques redoutes. Mais le front nord reste simplement ceint par l’enceinte médiévale et des quartiers entiers restent sans protection. La situation politique entre le royaume de France et le Saint Empire se dégradant régulièrement depuis 1675. L’attaque débute le 11 novembre 1677 et après cinq jours de bombardement prenant pour cible le front nord, la cité se rend à l’ennemi. Les troupes établies dans le château, secteur dans lequel ont été investis beaucoup de moyens et d’espoir, se voient neutralisés : les troupes françaises avaient réussi à hisser des pièces d’artillerie sur une hauteur dominant le château. La ville restera française durant vingt ans, c’est le directeur des fortifications d’Alsace, Jacques Tarade, qui est chargé des réparations les plus urgentes et d’élaborer les premiers plans destinés à moderniser les fortifications de Fribourg. Dès le mois de décembre 1677, le marquis de Choisy, un ingénieur militaire, le remplace. Il juge les plans de Tarade inadaptés et élabore son propre projet qui intègre, pour la première fois, une enceinte bastionnée continue. Tenant compte des enseignements du siège récent, il ne néglige pas les hauteurs qui dominent la ville et le château et propose également une extension du système de fortification dans ces emplacements. Vauban, commissaire général des fortifications depuis 1678 reçoit le projet du marquis de Choisy lui est soumis. Le 2 juin 1679, Louvois, Vauban et Choisy se rencontrent à Fribourg. Louis XIV ayant ordonné à Vauban d’élaborer un nouveau projet pour Fribourg. Rapidement le projet de Vauban est soumis au roi qui l’approuve dès le début du mois de septembre 1679. S’il considère le projet proposé par Choisy comme comportant des éléments obsolètes, il en conserve cependant une grande partie de l’enceinte bastionnée qui vient d’être construite. En pratique, il en résulte la construction de 8 bastions et de 7 demi-lunes. A nouveau, le Schlossberg est l’objet de toutes les attentions puisque les fortifications comprennent maintenant : le « Vieux château » (Unterem Schloss), le fort de l’Aigle (Salzbüchsle), le fort Saint Pierre et le fort de l’étoile (Oberes Schloss). Si l’essentiel des travaux est réalisé en 1687, il s’avère que dix ans après, certaines sections du chemin couvert et du glacis n’étaient pas terminées. Les contre-mines prévues n’ont pas été réalisées de même que les tenailles. Après la signature du traité de Ryswick en 1697, la place est rendue au Saint -Empire. Les Autrichiens poursuivent à un rythme modéré les travaux entrepris jusqu’alors : en 1705, quelques contre-mines sont creusées et quelques modifications de détail apportées aux fortifications existantes. Les ressources financières faisant défaut, un seul ouvrage avancé est construit sur le front sud en regard du Schwaben Tor. A l’occasion de la guerre de succession d’Espagne, la ville sera investie une nouvelle fois par les troupes françaises. Le siège débute le 22 septembre 1713 et le 14 octobre 1713, la chute d’une lunette après d’intenses combats marque le tournant des opérations de siège puisque la ville tombera aux mains du roi de France le 18 novembre 1713. Le maréchal de Villars, vainqueur, se propose de détruire les fortifications. Le roi de France s’y oppose et Fribourg est rendue à l’Autriche en 1715. L’enceinte, fortement endommagée, doit être réparée et le Graf von Harsch alors en charge des fortifications propose de construire une série de 6 lunettes sur le front sud-ouest qui paraissait le plus menacé. En fait, c’est sur la proposition et sous la direction de M. de la Vénerie qu’une série de « contregardes brisées ,est construite entre 1724 et 726, les fortifications du Salzbüchsle sont renforcées entre 1725 et 1727 et des lunettes construites sur le front ouest en 1727-1730. Lors de la guerre de succession d’Autriche, ce sont cette fois les troupes de Louis XV qui viendront disputer Fribourg à l’Autriche. Les troupes françaises sous le commandement du maréchal de Coigny débutent le siège le 23 septembre 1744 en déviant une rivière, la Dreisam et en creusant une première parallèle sur le front sud, la 3e parallèle est ouverte le 16 octobre et le 2 novembre après deux assauts français, la ville n’a d’autre solution que de se rendre ! C’est aussi la fin des fortifications à Fribourg : les travaux de démantèlement des fortifications débutent déjà durant le cessez-le-feu et se poursuivent activement durant l’hiver. La ville maintenant ouverte, sera rendue aux Autrichiens le 25 avril 1745.

HOMBURG (D) :

Situé dans une vallée barrée en partie par une colline rocheuse, le site d’Homburg est occupé au moins depuis l’époque romaine. Un premier château est construit au XIe siècle et la ville se développe à son pied. Ce château est acquis en 1492 par les comtes de Nassau-Saarbrücken. Ils commanditent les premières adaptations modernes en 1558, quatre bastions d’angle et une demi-lune au sud. Le corps de logis devient un palais Renaissance. Ces chantiers s’achèvent en 1585 mais une seconde demi-lune est ajoutée en 1617, à l’ouest, au-dessus de la ville. Possession lorraine, Homburg change plusieurs fois de souverains entre 1641 et 1679 avant d’être officiellement cédée à la France par le traité de Nimègue.  Vauban visite la ville pour la première fois en février 1680. Il élabore un programme d’amélioration de la place forte avec Thomas de Choisy, l’ingénieur en charge des fortifications de la Sarre. Le château voit ses remparts dédoublés par un chemin-couvert. Les ouvrages bastionnés anciens sont restaurés. Un ouvrage à corne précédé d’une demi-lune, le tout taillé dans le rocher, est placé du côté est du château afin d’en améliorer la protection. Le ravelin du XVIe siècle protégeant l’entrée est du château est conservé et doté d’une caponnière pour battre le fossé. Les deux portes sont pourvues de corps de garde. Le palais sert désormais à loger les fonctionnaires du royaume de France. Pour leur protection en cas de bombardement, Vauban décide d’utiliser les grottes du rocher comme abri. Pour la ville, il édifie une enceinte comportant cinq fronts bastionnés, dont le rocher du château constitue la partie sud-est. Cette enceinte comporte deux bastions d’angle et une demi-lune flanquée de places d’armes rentrantes (à l’ouest), d’un bastion plein et d’une demi-lune (au nord) et d’un bastion retranché avec une tête de pont (à l’est). Ces chantiers sont achevés avant 1688 et le déclenchement de la Guerre de la Ligue d’Augsbourg. Le traité de Ryswick de 1697 conduit les Français à démolir les ouvrages avant leur départ. Ceux-ci reviennent en 1705 pendant la Guerre de Succession d’Espagne. Vauban étant occupé à la défense de Thionville à ce moment-là, c’est un ingénieur inconnu qui reconstruit les ouvrages démolis en 1698 et ajoute un bâtiment supplémentaire dans la partie ouest du château. Ce bâtiment serait un logis du gouverneur. La place, partiellement démantelée, est restituée définitivement à la Lorraine en 1714.  Le XVIIIe siècle ne modifie pas les fortifications d’Homburg de manière visible. Ravagée pendant les guerres de la Révolution française, Homburg perd son château et le palais qui l’occupe démoli partiellement par les Français suite à la prise de la ville en juillet 1793. L’enceinte de la ville disparaît aussi à cette époque. Après 1815, les Prussiens ne rétablissent pas les fortifications. De l’œuvre de Vauban à Homburg, il ne subsiste aujourd’hui que quelques éléments du château dégagés dans les années 1980 : les restes de l’ouvrage à corne, la caponnière du ravelin Nassau, trois bastions et la demi-lune de la porte sud, tous arasés en partie. Les restes de la supposée maison du gouverneur bâtie en 1705 sont toujours visibles. De la demi-lune de l’ouest, il ne reste rien. Un restaurant en marque l’emplacement. Redécouvertes en 1930, les grottes abris sont depuis restaurées et ouvertes au public. De l’enceinte urbaine, il ne reste rien d’apparent.

KEHL (D) :

Située originellement sur une île près de la rive droite du Rhin, à environ 1600 mètres de Strasbourg, l’agglomération de Kehl apparait au XIe siècle. En 1333, un premier pont reliant Kehl à Strasbourg est construit mais il faut attendre 1388 pour qu’une liaison permanente se crée entre les deux sites. En 1392, des maisons sont installées sur le pont. L’agglomération de Kehl n’est alors pas fortifiée mais son histoire militaire débute néanmoins à cette époque car elle sert de tête de pont aux armées du Saint-Empire au cours des guerres successives avec la France. C’est en partie à cause de Kehl que Louis XIII, puis Louis XIV vont tout faire pour conquérir Strasbourg, afin de retourner cette tête de pont contre les Princes allemands et le Saint-Empire. Conquise en 1678 par Vauban, Strasbourg est annexée officiellement en 1681 au Royaume de France. Vauban élabore aussitôt d’importants projets d’améliorations de ses fortifications. C’est dans ce contexte que le fort de Kehl est édifié pour constituer un poste avancé de la défense de la ville côté allemand. Le fort ainsi construit est un carré bastionné, à quatre demi-lunes et une porte au sud. Il est entouré d’un glacis et de fossés inondés. Deux ouvrages à corne et une lunette, séparés du fort par un bras du Rhin, le flanquent à l’est, au nord-est et au nord. Il contrôle, avec la citadelle, le gué et les ponts du Rhin vers l’Allemagne. À l’intérieur, les bâtiments sont organisés autour d’une cour carrée : logis du commandant de place, casernes, chapelle et magasins. En 1697, il est cédé au duché de Bade par le traité de Ryswick. Assiégé en 1703 par la France pendant la Guerre de Succession d’Espagne, le fort de Kehl fait l’objet d’un projet inabouti d’amélioration de Vauban la même année. Le plan relief de 1725-28 le représente toujours, car il est inclus dans le périmètre de la portée des canons de la citadelle de Strasbourg et représente la structure défensive adverse la plus proche. Le XVIIIe siècle ne modifie pas les fortifications désormais badoises malgré les nombreux sièges subis. En 1815, le fort de Kehl est démantelé par application du traité de Paris. Ses vestiges disparaissent définitivement entre 1840 et 1863 pendant les  dans l’Allemagne unie par la Prusse, sont remblayés, changeant totalement la topographie. Ce fait est attesté par le plan relief de 1836, au 1/600e, remis à jour après ces travaux. Plus aucune trace du fort n’y apparaît et les bras fluviaux ont disparu. Il ne subsiste plus rien du fort de Kehl. Pour en reconstituer l’aspect il faut se rapporter au plan relief de Strasbourg de 1725, saisi par les Prussiens en 1815 et rendu à la ville en 1903. Il est visible depuis juillet 2013 au musée historique de Strasbourg.

LANDAU (D) :

À l’issue de la guerre de Trente Ans, la paix de Westphalie (1648) mit la ville libre d’Empire de Landau sous protectorat français. Puis la paix de Rijswijk qui réglait l’issue de la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1697) étendit la zone d’influence française pour y inclure dix autres villes d’Empire du Palatinat. Landau, ville la plus orientale, demeurait la place-forte la plus exposée de ce secteur français. C’est la raison pour laquelle Louis XIV ordonna en 1688 à  Vauban de faire de Landau une citadelle moderne selon les principe de son 2nd système. On rasa les anciennes fortifications et 14 000 ouvriers allemands, secondés par les seize bataillons du général de Montclar commencèrent au printemps 1688 les travaux qui devaient se prolonger encore trois années. Pour approvisionner le chantier en matériaux de construction, les Français percèrent d’abord entre les carrières d’Albersweiler et Landau un canal navigable long de 7 km, le canal d’Albersweiler. Dans le cadre de la reconstruction, la ville fut sillonnée de nouvelles rues rectilignes à angles droits, et de grandes places pour le rassemblement des troupes. Le plan au sol de la citadelle affecte la forme d’un octogone allongé, dont sept sommets sont occupés chacun par un bastion et le dernier par un réduit. L’enceinte intérieure était dotée d’une cunette. Un astucieux dispositif de vannes permettait en cas d’urgence d’inonder ces fossés. Au-delà des fossés, l’ouvrage extérieur se déployait avec son chemin couvert. On accédait à la citadelle par deux portes, au sud et au nord. La place était traversée par la Queich qui formait deux quartiers, celui de gauche étant submergé lorsqu’on noyait les fossés. Ainsi ce marécage rendait les deux tiers de la citadelle inaccessibles aux assiégeants. On ne pouvait accéder à l’ouvrage à couronne au-delà de la mare que par un étroit pont de bois.  Le général de Montclar, premier gouverneur de la place, qui mourut en inspectant les fortifications, fut inhumé dans la chapelle (1690). L’ingénieur en chef Tarade fortifia en 1700 la colline au nord-ouest d’un ouvrage à couronne, couvrant la place par ce côté. L’effectif de la garnison de Landau s’élevait pour 1702 à 4 095 fantassins et 240 cavaliers.  Au cours de la guerre de Succession d’Espagne, Landau fut assiégée et effectivement conquise quatre fois entre 1702 et 1713. Ainsi en 1702 la place passa aux Impériaux, puis en 1703 les Français la reprirent à l’issue de la bataille de Spire, mais dès 1704 l’armée impériale réduisait à nouveau le fort ; finalement en 1713 les Français parvinrent à la reprendre définitivement. Plusieurs remparts furent réparés en 1710, comme la raveline, à l’ouest du grand fossé. Après le Traité de Rastatt, la France avait évacué toutes les conquêtes de la rive droite du Rhin, mais conserva la possession de la ville de Landau avec sa forteresse. Les remparts furent étendus entre 1740 et 1742 en conséquence du creusement de souterrains et de portes d’évacuations secrètes. Au cours des Guerres de la Révolution française, en 1793, le siège entrepris par les Prussiens se solda par un échec.  Restée sous contrôle français à l’issue du premier Traité de Paris, l’armistice du 3 novembre 1815 fit de Landau une forteresse fédérale de la toute jeune Confédération germanique. Les forces d’occupation de Landau mobilisèrent d’abord 2 800 Bavarois. En cas de guerre, le Royaume de Bavière exigeait de la principauté de Bade qu’elle y affecte un tiers des 6 000 hommes commis à la force d’occupation. Après la constitution de la division d’infanterie de réserve au sein de l’armée fédérale la répartition des contingents fut revue. Le 3 mars 1831, le haut-commandement de la Confédération décida de porter la garnison de Landau à 4 000 Bavarois secondés par une division de contingents de réserve de 2 300 hommes. Le gouverneur militaire et le commandant de la place de Landau furent désormais nommés à discrétion par le Royaume de Bavière, dans la mesure où en 1816 les Autrichiens avaient confié la garde du fort à la Bavière. Au temps de la Confédération germanique, de nombreux ouvrages extérieurs furent édifiés, pour mettre les vieux remparts hors de portée des tirs d’une artillerie moderne. Ce remarquable fort militaire, sera rasé par l’armée prussienne dès 1871 et il n’en reste plus aujourd’hui que quelques morceaux de fortifications et quelques édifices isolés dans la vieille ville comme « la porte d’Allemagne » (1688) ancienne porte d’accès à la citadelle, alors entourée de hautes fortifications bastionnées

MANNHEIM  (D) :

En 1606, Frédéric IV, électeur palatin commence à construire centre de la ville adjacente avec son quadrillage de rues et les avenues. Il fit édifier près du village de pêcheurs de Mannheim en 1606-07 et la forteresse bastionnée de Friedrichsburg. Réalisée sous la direction du hollandais Bartel Janson  Frédéric IV se montra particulièrement généreux avec sa ville-forteresse de Mannheim. Il accorda aux habitants des privilèges spéciaux comme l’exemption de la corvée. Pour faciliter le repeuplement du comté, il décréta que les immigrants seraient exonérés d’impôts les 20 premières années. En 1608 il prit la tête de l’Union évangélique, à un moment où la tension avec les princes catholiques s’accroissait sensiblement. Mannheim a été surtout rasée pendant la Guerre de trente ans environ vers 1622 par les forces de Johan Tilly. Après en cours de reconstruction, En 1664, la citadelle ruinée a été remplacée par une simple construction de Château par Daniel de la Rousses, se composant de trois pavillons avec bâtiments de connexion. en 1673 l’époque Palatine le  « Baumeisterei-Adjunktus » Johann Peter Wachter construit une caserne dans la forteresse. Arès les destructions de 1689 pendant la Guerre Palatine de succession, reconstruction sous l’électeur Johann Wilhelm à partir de 1698 mais Mannheim perd son rôle de Capitale déplacée à Heidelberg depuis 1720 lorsque Charles III Philippe, électeur Palatin . En 1709, la forteresse Friedrichsburg a fusionné avec la ville de Mannheim. De 1720, fut le château de Mannheim, sous sa forme actuelle de Baroque et a été soulevée par l’électeur Charles III Philippe à la résidence.  Cependant, pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg (ou « guerre de Neuf Ans »), la ville est prise en 1688 par Vauban qui tient le siège devant Monseigneur et à nouveau détruite par les troupes françaises en 1689. Cependant, pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg (ou « guerre de Neuf Ans »), la ville est prise en 1688 par Vauban et gravement endommagé par l’ Armée Français en 1689 pendant la guerre de neuf ans. En 1795, la ville capitule dès l’approche des troupes françaises le 20 septembre sans combattre mais la ville rejoint les alliés en décembre de la même année. Après le traité de Campo-Formio, les troupes Françaises attaquent et prennent le fort le 25 janvier 1798

MONT-ROYAL (création de la ville neuve et de la citadelle) (D)

: Situé sur une colline escarpée dominant la rive droite d’un méandre de la Moselle, le site de Traben-Trarbach est défendu jusqu’au XVIIe siècle par un château médiéval modernisé (voir Trarbach). C’est en 1687 que Louis XIV et Vauban envisagent de le fortifier de manière plus importante afin de verrouiller la route de la Moselle entre Trèves et Coblence. Le site du château ancien n’étant pas apte à accueillir une forteresse de grande taille, Vauban choisit la colline située en face, à la racine du méandre de la Moselle (voir fiche de Besançon), dont le sommet est un vaste plateau, protégé sur trois côtés par la rivière, ce qui en fait le site idéal pour y installer un camp retranché. La décision de sa fondation est prise en mai 1687 et la ville est aussitôt baptisée Mont-Royal par un décret de Louis XIV. Thomas de Choisy, gouverneur de Sarrelouis, effectue la reconnaissance du territoire et propose les premiers plans et projets. Il sera par la suite chargé de l’inspection et de la surveillance des travaux. Le premier projet de Vauban prévoit la réalisation d’une ville de tracé pentagonal irrégulier. Au sud, les défenses forment une couronne à un bastion et deux demi-bastions orillonnés ; une demi-lune protège chaque courtine et un ouvrage à cornes s’avance en capitale du bastion central. Au nord, il n’y a la place que pour un front à deux demi-bastions orillonnés ; un ouvrage à cornes précédé d’une demi-lune et flanqué à l’est d’une bonnette précède ce rempart ; quatre retranchements avancés ont vu partiellement le jour : un étroit ouvrage à cornes à demi-lune et trois lignes redentées successives. Les flancs ouest et est ne sont composés que de murailles à pic sur les pentes rocheuses dominant la Moselle, avec une tour bastionnée en leur milieu. Deux portes, l’une au nord, l’autre au sud, permettent d’y entrer. Les flancs courbes des bastions sont équipés de casemates d’infanterie. Dans le talus du rempart oriental, dix-sept magasins aux vivres sont installés, tandis que trois magasins à poudre sont placés à la gorge de trois des quatre bastions d’angle. La trame des rues est orthogonale, organisée autour d’une place d’armes décentrée qui regroupe les édifices publics : église, palais du gouverneur, mairie et halle. Vauban ne prévoit que la cession d’une centaine de parcelles aux civils, soit pour une population d’environ cinq cents habitants. Le reste est réservé aux militaires dont le nombre est d’environ quatre mille cinq cents hommes, répartis principalement dans des casernes édifiées le long des courtines. Un arsenal complète l’équipement interne. Cet arsenal sert en quelque sorte de modèle, représenté dans le traité d’artillerie de Surirey de Saint Remy, daté de 1697. Un hôpital militaire est construit en contrebas du site au bord de la Moselle Cette première phase du chantier s’achève à la fin de l’année 1688, au moment du déclenchement de la Guerre de la Ligue d’Augsbourg. Vers le sud, Vauban ajoute un camp retranché, le Grand Quartier général du Roy, formé par une enceinte de neuf fronts bastionnés dotés de onze bastions ou demi-bastions à flancs droits. Dans ce camp, il prévoit sept casernes, plusieurs magasins à vivres, des arsenaux, des écuries et un bassin d’eau potable, entre autres. Ce camp peut abriter douze mille hommes et trois mille chevaux. Des civils sont aussi installés dans ce camp retranché, portant la population urbaine totale à mille cinq cent personnes, venues de tous les coins de France. Cette population possède une juridiction distincte de la ville de Mont-Royal. Ce second chantier s’achève vers 1693. Une enceinte à tours bastionnées est installée le long de la Moselle, au pied du camp retranché. Le traité de Ryswick de 1697 contraint Louis XIV à restituer le territoire au comte du Palatinat et au margrave de Bade. Mont-Royal est alors démolie entièrement par les Français de janvier à juin 1698. Thomas de Choisy donne asile à une partie de la population à Sarrelouis. Il ne reste plus grand-chose de visible de Mont-Royal : quelques murailles écroulées, casemates et fondations de remparts et de bâtiments ensevelis dans une sapinière plantée dans les années 1950. Le site a été fouillé sauvagement entre 1929 et 1938. Depuis quelques années, les autorités locales ont entrepris d’ouvrir le site au public. Divers types de visites, guidées ou non, sont possibles, renseignements à l’office de tourisme. Malgré sa disparition prématurée, d’importants fonds cartographiques français et allemands permettent d’étudier Mont-Royal qui n’a pas été réoccupé depuis.

Titre

ORSOY (D)  :

Cette ancienne place forte fut vainement assiégée par le duc de Parme en 1586. Prise par les Espagnols en 1590, elle fut reprise par Maurice de Nassau en 1597 et en 1601. Elle fut ensuite occupée par Spinola en 1606, par Louis XIV en 1672. Au printemps de 1672, Louis XIV déclare la guerre à la Hollande, Vauban dirige les sièges d’Orsoy et de Doesbourg. Après la reddition d’Utrecht, il rédige les projets de fortification pour les vingt-deux places qui viennent d’être occupées. puis prise et démantelée en 1703 par les Impériaux. En 1760, les Français remportèrent aux environs une victoire signalée sur les Hanovriens, commandés par le prince de Brunswick. La ville est aujourd’hui intégrée à la commune de Rheinberg.

SARRELOUIS (création de la ville neuve) (D) ;

En 1679, le traité de Nimègue met fin à la Guerre de Hollande : Le traité proposait la restitution du duché de Lorraine au duc Charles V de Lorraine, moyennant l’annexion de Nancy par la France et la création de quatre routes traversant le duché et permettant aux troupes Françaises de rejoindre facilement l’Alsace. Le souverain Lorrain refusa une proposition si humiliante. L’année suivante, le roi Louis XIV, dont les troupes occupaient par intermittence la région depuis 1634, ordonna le démantèlement de la petite ville lorraine de Vaudrevange, chef-lieu du bailliage d’Allemagne et qu’avec le matériau fourni par les remparts de cette localité, ruinée par les Suédois, soit édifiée la nouvelle ville-forteresse de « Saarlouis ». Choisy repère le site de Saarlouis, en tant que seule zone plate le long de la Sarre, encaissée ailleurs. Choisy conçoit rapidement une ville orthogonale et hexagonale, sur la rive droite. Pour verrouiller le cours de la rivière et protéger la ville d’une colline proche, il prévoit un ouvrage à corne. Il fait le choix d’un système de port-écluse pour provoquer l’inondation des terrains et des fossés alentours. Vauban valide le projet de Choisy et se limite à quelques modifications : le front côté Sarre est étiré et doté d’une braye, un bassin défensif est ajouté dans l’ouvrage à corne et il met en place un système d’inondations défensives. La ville ainsi édifiée est dotée de six bastions à orillons, cinq demi-lunes et cinq tenailles. Un chemin couvert doté de traverses et une contrescarpe maçonnée protègent l’extérieur. L’ouvrage à corne est composé d’un bassin central inondable par une vanne et de deux demi-bastions avec une demi-lune, dotés du même équipement avancé. Le système d’inondations défensives est commandé par un pont-écluse sur la Sarre, entre la porte principale de la ville et l’ouvrage à corne. Le 5 août 1680, le père Célestin de Saint-Dié (1648-1709), capucin, gardien du couvent de Vaudrevange puis du futur couvent de Sarrelouis, pose la première pierre de la cité naissante, laquelle sera construite par des soldats du régiment de Beaumarais et du régiment de la Picardie. Encore aujourd’hui, deux quartiers de Sarrelouis sont ainsi nommés « Beaumarais » et « Picard ». La forteresse devra défendre les nouvelles possessions royales françaises en Lorraine (qui donne un accès sans contournement frontalier aux plus anciennes possessions françaises en Alsace). À l’intérieur, la trame urbaine en damier s’organise autour d’une place d’armes rectangulaire centrale dotée d’une fontaine et bordée par l’hôtel du gouverneur, l’église, la maison du commandant de place et la mairie. Huit casernes sont déployées le long des courtines, sauf sur les deux fronts de l’est, où elles sont disposées le long des rues. C’est dans cette zone que se trouve l’arsenal de la ville. Trois bastions possèdent un magasin à poudre. Un canal relie Saarlouis au village voisin. Les chantiers sont achevés vers 1683 et la ville est habitée par les anciens habitants des villages environnants, provoquant la disparition de ceux-ci. En 1698, Vauban ajoute une ligne de sept lunettes maçonnées, entourées de contrescarpes maçonnées aussi, et reliées par un chemin couvert à traverses et un glacis. Deux ouvrages sont ajoutés pour flanquer les bastions du front de la Sarre par le sud et le nord. Celui du nord est un retranchement et celui du sud est une redoute isolée dans la Sarre. À cette époque, Saarlouis, qui était la capitale de la province de Sarre, reste française. Elle est désormais isolée en territoire germanique par les cessions du traité de Ryswick de 1697. Les chantiers s’achèvent peu après le décès de Vauban en 1707 et peu avant celui du gouverneur Thomas de Choisy, en 1710, par la construction d’un hôpital militaire dans l’intra-muros de l’ouvrage à corne.En 1697, avec le traité de Ryswick, la majeure partie de la Lorraine regagne son indépendance (à condition de rester neutre et de ne pas s’allier au Saint-Empire). Cette concession de Louis XIV lui permet de s’allier à l’Espagne dans la perspective de sa succession sur le trône ; l’Espagne reprend ainsi la souveraineté de l’essentiel des Pays-Bas du Sud, mais Louis XIV obtient de l’Espagne de garder Saarlouis et la région environnante comme une enclave française dans la région, afin d’éviter qu’elle ne retombe sous le pouvoir des princes allemands. Le XVIIIe siècle ne modifie pas les fortifications de Sarrelouis qui reste enclave française jusqu’à la Révolution. De 1790 à 1815, la place de Saarlouis est rebaptisée Sarrelibre. En 1815, le Congrès de Vienne et le second traité de Paris permettent à la Prusse d’en prendre possession. Les Prussiens vont alors rénover la place vieillissante en remplaçant la braye du front de la Sarre par un nouveau front de rempart doté de casemates blindées de blockhaus. La porte de style classique français est remplacée par une autre porte dotée d’un corps de garde blindé. Les bastions perdent leurs orillons. Les lunettes reçoivent des casemates et des postes abrités d’artillerie. L’ensemble de ces modifications est réalisé entre 1824 et 1829. Après cette date, les chantiers portent sur les bâtiments militaires qui sont progressivement remplacés jusqu’en 1869. Les huit casernes sont ainsi reconstruites en casernes à l’épreuve de type prussien et un nouveau palais du gouverneur est édifié près des remparts. Après la Guerre franco-prussienne de 1870-1871 et le recul de la frontière par l’annexion de la Lorraine, l’Empire allemand déclasse progressivement Sarrelouis avant d’ordonner la démolition des fortifications en 1889. De l’œuvre de Vauban, il subsiste encore plusieurs éléments défensifs. Le front de la Sarre est encore perceptible, les berges de la Sarre n’ayant pas été modifiées au niveau de la ville. Le bastion VI et des restes du bastion I, ainsi que la base de la braye et la redoute de la Sarre existent toujours. Une caserne et quelques maisons françaises ont également été conservées, tout comme la trame urbaine. L’église originelle a été restaurée après la Seconde Guerre mondiale. De la période prussienne, il subsiste deux casernes reconverties, un laboratoire et les casemates des deux bastions restants.

TRARBACH (D) :

  Ville médiévale dominée par une colline rocheuse et bordée par la rive droite de la Moselle, Trarbach est protégée par un château fort, dit Grevenburg ( i.e. château des comtes ) édifié après 1357 par le comte Jean III de Sponheim. Ce château est composé d’un donjon rectangulaire doté de quatre tourelles d’angle, d’un corps de logis et d’une enceinte à tours circulaires. Sa meilleure protection est sa position en hauteur sur une crête, laquelle le met hors de portée des premiers canons. A partir de 1437, le site est administré par des fonctionnaires nobles délégués par les deux souverains, le comte du Palatinat et le margrave de Baden. La petite ville de Trarbach est alors entourée par une enceinte quadrangulaire dotée de dix tours. Durant les XVIe et XVIIe siècles, le château de Trarbach est assiégé six fois. C’est déjà très tôt que Vauban s’intéresse au site qui est réuni à la France après l’annexion du comté de Sponheim en 1681. Au cours des travaux de la place forte de Mont Royal sur la colline en face, qui commencent en 1687, Vauban décide de renforcer les défenses du site et y ajoute trois redoutes sur la crête dominant le château et un fort au pied du château, appelé la tour d’Enfer. Ces ouvrages sont reliés du bas en haut par un escalier taillé dans le roc. Vauban installe aussi des casemates, des batteries et une grande caserne dans le château et pour protéger la ville, il ajoute une redoute qui domine la ville du côté de la colline au-delà du ruisseau Kautenbach, en face de la tour d’Enfer et il renforce les retranchements sur la colline de l’église. Cependant, ces interventions sont ponctuelles et sont réalisées dans le but de disposer d’une tête de pont sur la rive droite de la Moselle. Cette tête de pont doit permettre de protéger le flanc sud de la ville neuve fortifiée de Mont-Royal, que Vauban édifie entre 1687 et 1697 sur la colline voisine (voir fiche Mont-Royal). Après la signature du traité de Ryswick en 1697, Trarbach et son château sont restitués, tandis que Mont-Royal disparaît, démolie par les Français. Le château est encore assiégé trois fois pendant la Guerre de Succession d’Espagne et se dégrade fortement. Il faut attendre 1730 pour que le Prince Electeur de Trèves ordonne des réparations sur le site afin de conserver le verrou sur la Moselle. En 1734, le château est assiégé une dernière fois par les Français, commandés par le Maréchal de Belle-Île, durant la Guerre de Succession de Pologne. Après cette prise, le Grevenburg est démoli par les Français et ne sera jamais reconstruit. La façade imposante de la maison du commandant de la place trône sur une crête dominant la ville de Trarbach ; les autres constructions sont en ruines et en partie couverts des débris. Le site est ouvert à la visite. De l’enceinte urbaine ne restent que deux tours et une partie du mur.

VIEUX BRISACH (BREISACH am RHEIN) (D) :

La colline du Münsterberg de Breisach est occupée depuis fort longtemps. Les romains y édifient un castrum en 260 afin de défendre leur frontière sur le Rhin contre les Alamans. Aux XIe et XIIe siècles, la colline fortifiée puis le village qui s’y érigea étaient le fief de l’Evêché de Bâle, jusqu’en 1273. Pierre de Hagenbach y est tué en 1474, déclenchant la guerre de Bourgogne. Au XVIIe siècle, la ville devint le noyau d’un système de fortifications qui compta parmi les plus redoutables d’Europe. Sa situation très exposée lui valut d’être tantôt une tête de pont française, tantôt un avant-poste de l’Empire. Elle est assiégée et prise en 1638 par le duc de Weimar et le vicomte de Turenne. Vauban supervisera divers travaux ce qui sera l’occasion pour lui de souffrir des mauvaises relations avec l’intendant d’Alsace Colbert de Saint Marc qui impose diverses interventions d’entreprises que Vauban désapprouve, notamment M. Saint-André. Vauban averti Louvois. Lors de contrôles des dépenses sur les ouvrages, la Cour relèvera plusieurs irrégularités et il faudra à Vauban l’appui de Louvois et Colbert pour qu’il ne soit pas mis en cause. Rendu à l’Empire par les traités de Ryswick, Louis XIV de France fait construire Neuf-Brisach, face à Brisach, pour prévenir toute invasion d’outre-Rhin. Vieux-Brisach fut de nouveau assiégée et prise en 1703 par Vauban. En 1703, il dirige, sous le duc de Bourgogne, son 48ème siège. La ville fut réduite à capituler au bout de treize jours et demi de tranchée ouverte, et qui ne coûta pas 300 hommes. C’est par ce siège qu’il a fini, et il y fit voir tout ce que pouvait son art, comme s’il eût voulu le résigner alors tout entier entre les mains du prince qu’il avait pour spectateur et pour chef. En 1704, les Impériaux tentèrent de reprendre la ville, par la ruse, sans succès. En septembre 1793, Vieux-Brisach subit un important bombardement par les troupes révolutionnaires françaises durant cinq jours. 

 LUXEMBOURG (L) :

LUXEMBOURG ENCEINTE URBAINE : La ville s’est développée au Xe siècle à partir d’un château construit en 963 sur le rocher du Bock par le comte ardennais Sigefroy de Luxembourg (Siegfried) . Le château s’élevait sur les vestiges d’un castellum romain appelé Lucilinburhuc « petit bourg » (du vieux haut-allemand luzzil « petit » et burg « bourg, ville »). Dès 1050, l’agrandissement de la bourgade s’avère indispensable et une deuxième enceinte, parallèle à la première, est érigée à hauteur de l’actuelle rue du Fossé. En 1244, la comtesse Ermesinde accorde à la ville sa charte d’affranchissement. De nouveaux travaux de fortification de la ville haute débutent en 1320, sous le règne de Jean l’Aveugle, pour être achevés en 1398. La fortification de la ville basse (« Grund ») est réalisée entre 1387 et 1395. En 1354, le Luxembourg devient Duché. Dans le cadre de la politique des Réunions du roi Louis XIV, Luxembourg est revendiquée par la Couronne de France. Les armées françaises mettent le siège devant la ville en décembre 1683. À partir du 28 avril, Vauban dirige les assauts sous les ordres du maréchal de Créquy et la ville tombe le 4 juin 1684.  En raison de la bravoure avec laquelle la garnison espagnole avait défendu la place, un départ honorable lui fut accordé lors de la capitulation. Louis XIV fit son entrée à Luxembourg trois ans plus tard où il séjourna pendant cinq jours. Le Luxembourg resta province française jusqu’en 1697, date de la signature de la paix de Ryswick qui rendit le Luxembourg à l’Espagne. Après la prise de la ville-forteresse, Vauban fut responsable des travaux de reconstruction des fortifications et en fit le futur “Gibraltar du Nord” figurant au rang d’une des plus importantes forteresses d’Europe à l’époque. Les Tours Vauban sont des tours massives bien préservées qui portent le nom des constructions médiévales qu’elles vinrent remplacer : la Porte d’Eich et la Porte des Bons Malades. Vauban reconnut, lors du siège des Français, que le Pfaffenthal (qui n’était guère fortifié) et les hauteurs adjacentes constituaient les points faibles de la forteresse. C’est la raison pour laquelle il fit intégrer ces parties dans l’enceinte fortifiée de la ville en 1685. Il renforça les hauteurs par deux forts et verrouilla la vallée au moyen d’un mur de protection qui reliait le Fort Berlaimont du côté ville aux nouveaux forts des hauteurs du Grünewald de l’autre côté. Entre les deux Tours Vauban, un mur de protection enjambe l’Alzette sous forme de passerelle dite “De Béinchen” . Nous nous engageons sur son chemin de ronde, autrefois muni de parapets et de meurtrières (partiellement reconstruits voici quelques années), et nous atteignons la rive opposée de l’Alzette dont l’accès pouvait être fermé par des claires-voies incorporées aux trois arches du pont. Un panneau nous apprend que les gardes en service sur ces ouvrages avaient non seulement pour fonction de contrôler les entrées et sorties de la forteresse, ils surveillaient également les alentours pour découvrir des déserteurs ou des espions. Un éclusier devait régler la hauteur des grilles en fonction des crues de la rivière. Vauban assura également la défense de la vallée en y érigeant ces deux tours défensives. De plus, des fossés profonds (mis à jour en 1997/98), des ponts basculants lourds et des meurtrières tenaient l’ennemi à l’écart. Si toutefois l’ennemi réussissait à s’approcher d’une tour, il y avait toujours la possibilité de l’arroser de poix ou d’huile brûlante versée par les ouvertures (mâchicoulis) de la galerie en encorbellement. Par les portes de l’étage supérieur, on accédait au chemin de ronde des murs de protection. L Les reconstructions et les adjonctions de forts, comme le fort de Niedergrünewald, érigé en 1684/85 par Vauban. Il se présentait sous la forme d’une couronne de trois bastions. Entre chaque bastion, Vauban fit construite des ravelins afin de protéger les courtines. La position en éventail de ces constructions, donnait au fort l’avantage de présenter plusieurs fronts. Jadis on y accédait par un chemin cannelé qui partait du Pfaffenthal et aboutissait à la gorge du fort. L’entrée était flanquée d’un réduit intérieur fortifié. Ce réduit isolé était percé de plusieurs meurtrières à fusils, garni de mâchicoulis et couvert par un épaulement. Il a été mis au jour lors des travaux de construction du Circuit Vauban, et a été partiellement reconstruit. La gorge de la “Hiel”, encaissé entre les deux buttes du Grünewald. En 1684/85, Vauban y fit construire cette porte, intitulée « Porte du Grünewald  » ou  » Porte de la Hiel « . Elle était reliée à gauche au fort du Bas-Grünewald et à droite au fort du Haut-Grünewald par un mur percé d’embrasures à fusil et par un fossé. La voie romaine vielle de 1700 ans montait à cet endroit sur le plateau du Kirchberg et reliait encore Luxembourg à Trèves à l’époque de Vauban. En 1732, la chaussée fut démolie en avant du rempart car elle aurait fourni une couverture idéale pour un grand nombre de pièces d’artillerie ennemie. Dès lors, une autre liaison avec la ville de Trèves fut empruntée. La porte fut transformée par les ingénieurs prussiens en 1836 et se présente encore sous cette forme aujourd’hui. Les murs de protection adjacents furent démolis en 1875. Il y a également le Fort Obergrünewald , construit par Vauban en 1684/1685 et 1688. Le rempart est constitué d’une masse de terrre damée contenue par des murs. Il pouvait résister efficacement à la puissance croissante de l’artillerie. En effet, l’inertie de la masse de terre permettait d’absorber une grande partie de l’énergie d’un boulet de canon tiré à bout portant.Ces fortifications avaient été démantelées à la fin de XIXe siècle pour disparaître sous une vaste esplanade aménagée par le paysagiste Édouard André. Les vestiges de ce fort furent mis à jour et partiellement reconstruits pour le circuit Vauban. Il y a aussi des redoutes et de casernes que Vauban entreprit d’édifier entre 1685 et 1688 à l’aide de 3 000 ouvriers, ont conféré à la ville le cachet particulier qu’elle a gardé jusqu’à nos jours. Rendu au roi d’Espagne par le Traité de Ryswick (1697) le duché passe sous administration autrichienne (Habsbourg d’Autriche) après la guerre de Succession d’Espagne (1714), puis est occupé et annexé par la France révolutionnaire en 1794/1815. La forteresse de Luxembourg, épuisée et affamée, ne se rend qu’après un long siège. En 1815, le Congrès de Vienne restaure le Luxembourg sous la forme d’un grand-duché intégré comme État membre à la Confédération germanique, ceci afin de pouvoir accorder à la Prusse, déjà installée en Rhénanie, le droit de garnison dans la forteresse de Luxembourg. Simultanément, le grand-duché de Luxembourg est donné à titre personnel et héréditaire en primogéniture masculine au roi Guillaume Ier des Pays-Bas, ce qui donne naissance à une union personnelle entre le royaume des Pays-Bas et le grand-duché de Luxembourg : deux États unis par la personne d’un même souverain. En 1867, un an après la fin de la Confédération germanique et à la suite d’une crise apparue entre la France de Napoléon III et la Prusse menée par le chancelier prussien Otto von Bismarck, la neutralité du Luxembourg est proclamée par les puissances européennes réunies en conférence à Londres. Du 16e au 19e siècle, les fortifications de la ville de Luxembourg s’étalaient sur près de 180 hectares. Si seulement 10% sont encore visibles aujourd’hui, ce fleuron de l’architecture militaire est désormais préservé et valorisé. C’est l’un des plus importants sites fortifiés d’Europe, désormais au rang de patrimoine mondial de l’UNESCO. Il s’agit d’un extraordinaire réseau de 17 km de galeries souterraines et plus de 40.000 m2 d’abris à la bombe, logés dans les rochers de la ville. Pendant les deux guerres mondiales, elles servaient d’abri pour protéger jusqu’à 35.000 personnes en cas d’alerte ou de bombardement.

LUXEMBOURG PLATEAU DU SAINT ESPRIT CITADELLE : Après la prise de la forteresse le 4 juin 1684, Vauban présenta déjà le 29 août son projet d’ensemble pour la reconstruction qui prévoyait la construction de casernes au plateau du Saint-Esprit qui, séparé de la ville par deux bastions et un ravelin, devenait la citadelle de la forteresse. Avec l’aménagement d’un grand magasin à poudre. De 1684 à 1685 on y construisit deux casernes capables de loger 1.540 hommes. Le 17 janvier 1687, la garnison reprit également le couvent du Saint-Esprit. Après une cohabitation forcée de trois années, les Clarisses-Urbanistes partirent, le 18 mars 1690 après les vêpres, en emportant même les ossements des sœurs défuntes vers leur nouvelle demeure au Pfaffenthal qu’elles avaient fait construire en partie avec l’indemnité versée par les Français seuls maîtres des lieux, les militaires avaient logé 560 hommes dans le couvent désaffecté en utilisant l’église comme magasin. Vauban étudie le débit de l’eau du puits du couvent et juge qu’il fournit une eau d’une qualité satisfaisante Après 1714, les Autrichiens qui avaient pris la relève dans la forteresse se mirent à creuser dans les rochers du plateau un réseau de casemates pour assurer la protection de l’écluse du Grund aménagée en 1731 entre la citadelle du Saint-Esprit et le plateau du Rham. En 1770 on prit la décision de démolir les bâtiments de l’ancien couvent qui menaçaient ruine. Le puits du couvent est agrandi et sa maçonnerie refaite jusqu’à une profondeur de 42 m. Les travaux de démolition des restes du couvent traînaient certainement car en 1795 les Français parlaient encore de restes du couvent en faisant l’inspection des lieux après leur retour. Ils avaient l’intention de relier le plateau du Saint-Esprit au plateau du Rham par une passerelle en forme d’aqueduc qui devait avoir la forme du pont du château. Napoléon pu en voir les plans quand il était de passage à Luxembourg. Cette passerelle aurait relié directement la route de Trèves au plateau du Saint-Esprit et à la ville haute et aurait offert de nouvelles possibilités pour le développement de la ville vers l’Est. Mais après avoir examiné de plus près les soubassements de l’ouvrage de l’écluse du Grund, on ajourna la construction de cette passerelle. Quand les Prussiens s’étaient installés après 1815 dans les casernes du Saint-Esprit au nom de la Confédération germanique, ils avaient songé d’abord aux besoins de la vie quotidienne. En 1828 ils avaient fait construire un bâtiment pour les cuisines et un manège couvert qui avaient occupé à peu près la place de l’ancien couvent. En 1841 ils ajoutaient à l’ancien puits du couvent une station de pompage mécanique protégée contre la bombe. Il pouvait fournir en cinq à six heures l’eau nécessaire pour abreuver 90 hommes et 40 chevaux quand le mécanisme était actionné par les pieds de trois hommes. Si on faisait travailler dix hommes — qu’on sortait des arrêts à cette occasion — le débit pouvait être porté à 400 litres par minute. Le 5 octobre 1859 et on aménagea une nouvelle porte d’entrée dans la forteresse qui reçut le nom du Prince Henri des Pays-Bas. Dans une ville-forteresse, les civils surtout devaient faire des concessions. Pendant ces travaux, on avait démoli la poudrière du Saint-Esprit construite par Vauban mais le Génie prussien ajouta deux bâtiments dans l’espace qui restait disponible. De 1857 à 1860 on fit construire un hôpital militaire pour temps de guerre et, de 1862 à 1863, un magasin de grains à l’abri de la bombe. Un laboratoire de guerre fut ajouté du côté des écuries. Les bâtiments étaient construits d’après les dernières techniques de l’époque par les meilleurs architectes militaires de la Prusse. Après la 1ère Guerre Mondiale, la nouvelle armée luxembourgeoise était trop importante pour être logée au plateau du Saint-Esprit qui accueillit toutefois la compagnie de la Garde grand ducale, l’état-major et une partie des services logistiques.

DOESBOURG (NL) :

En raison de son emplacement stratégique à la jointure du Vieil Yssel et de l’IJssel, Doesburg est devenue dès le XIIIè  une place forte d’importance. Durant la Guerre de Quatre-Vingts ans, Doesburg a été beaucoup malmenée, comme en l’an 1572, lorsque la ville a été occupée par les Gueux sous le commandement de Bernard de Merode et Willem IV van den Bergh . A parir de 1586, Doesburg a conservé une garnison permanente stationnée dans la caserne Maurits (aujourd’hui Mauritsveld). Le 31 juillet 1606, le commandant espagnol Ambrogio Spinola entra dans la ville afin de tromper le général en chef, Maurice de Nassau, devenu plus tard Prince d’Orange, alors qu’il voulait attaquer Deventer, en remontant l’Yssel. Maurice fut trompé par la ruse et ne comprit pas que le mouvement vers Doesburg était un leurre ; les troupes espagnoles foncèrent vers Almelo par la région de la Zwarte Water, mais furent défaits à la bataille du Pont de Berkumer . Sous la direction de Maurice les fortifications de la ville ont été beaucoup améliorées et développées dans les années 1606-1629. Au printemps de 1672, Louis XIV déclare la guerre à la Hollande, Vauban dirige les sièges de Doesbourg. Le 22 juin les députés des Etats Généraux de Hollande viennent demander la paix au ministre Louvois à Doesbourg. L’audience tourne à l’échec, Louis XIV imposant des conditions inacceptables. Après la reddition d’Utrecht, il rédige les projets de fortification pour les vingt-deux places qui viennent d’être occupées. La place est surtout utile pour abriter une garnison, la ville étant située sur la ligne d’eau permettant l’inondation des terres et rendant impossible les mouvements des troupes. Ce dispositif sera largement utilisé par Guillaume d’Orange dans sa lutte contre Louis XIV. Les Français occupèrent la ville jusqu’à 1674. Après cet épisode, la cité a reçu de nombreuses fortifications au XVIIe siècle conçu par Menno van Coehoorn, mais elle s’est transformée en une ville forteresse provinciale tranquille et elle le restera jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Cela a eu certains avantages : le centre historique, avec ses nombreux monuments, est resté bien conservé. La ville a donc été désignée comme une zone de patrimoine protégé en 1974. Après cet épisode, la cité a reçu de nombreuses fortifications au XVIIe siècle conçu par Menno van Coehoorn, mais elle s’est transformée en une ville forteresse provinciale tranquille et elle le restera jusqu’au démantèlement de ses fortifications en 1923 pour permettre le développement urbain.

MAASTRICHT (NL)  : 

Vers l’an 10 avant notre ère, les Romains construisirent une importante voie militaire (qui deviendra la Via Belgica) qui traversait la Meuse à Maastricht. Un pont fut construit sous le règne d’Auguste. Celui-ci se trouvait à l’emplacement actuel du centre-ville, près de Stokstraat. Ce pont était un point de passage important dans la route menant à Bavay et à la capitale des Ubiens, Cologne. Vers 270 apr. J.-C., la Maastricht romaine dut subir l’avancée des tribus germaniques. Pour protéger le pont, un castrum fut construit sur la rive gauche en 330. En 1204, Maastricht tombe sous l’autorité du prince-évêque de Liège et du duc de Brabant. Maastricht devient alors un condominium, une ville sous double autorité. En 1229, la ville, bien qu’elle n’ait pas eu les droits de cité en tant que tel, est autorisée, par le duc Henri Ier de Brabant, à construire des remparts. En 1281, un nouveau pont est construit au nord de la vieille ville pour remplacer celui qui s’était effondré auparavant. Vers 1375, une seconde muraille est construite. En 1673, c’est le siège de Maëstricht où Vauban, pour la première fois, emploie sa méthode d’approche. Cette méthode, avec ses trois parallèles, est employée pour la première fois au siège de Maëstricht (1673). Lors de ce siège, il utilise, sous les yeux de Louis XIV, des tranchées parallèles permettant aux troupes d’approcher la place en limitant les risques. Non seulement, Vauban remporte la victoire sur l’une des principales places fortes hollandaises, mais avec un minimum de pertes (1.800 à 3.000 tués ou blessés sur les 13.000 soldats que compte l’armée des assiégeants) et en un minimum de temps (treize jours de tranchées ouvertes). Louis XIV arrive à Maastricht le 10 juin alors que la ville est complètement cernée. Son secrétaire d’État de la Guerre, Louvois, a pu réunir assez de provisions pour six semaines de siège. Louis XIV donne personnellement à Vauban la conduite du siège de la ville. Les lignes de tranchées sont terminées le 14 juin, avec très peu de pertes, conformément à la tactique de Vauban. Les tranchées d’attaques sont ouvertes dans la nuit du 17 au 18 juin. L’attaque se fit vers la porte de Tongres, à l’ouest. Dès le 18 juin, 26 canons tirent 5 000 boulets sur la ville pendant plus de trente heures. Les assauts se succèdent, la fortification changeant de main à plusieurs reprises. D’Artagnan y trouve la mort, tué d’une balle de mousquet reçue dans les reins alors qu’il se trouvait dans la gorge de la fortification de la porte Tongres. Apprenant que Guillaume III réunissait ses troupes pour secourir Maastricht, Louis XIV décide de redoubler d’efforts. Les mines et l’artillerie ouvrent une brèche dans la muraille principale. Jacques de Fariaux fait finalement battre la chamade le 30 juin, et la reddition de la ville est signée le lendemain. Le Roi, à cette occasion, lui donna 4.000 louis. C’est cette libéralité qui permit à Vauban d’acheter, en 1675, le château de Bazoches, où il réunit sa famille et qui devint son foyer. Après la prise de la ville, Vauban forma des projets d’amélioration des fortifications de Maastricht. En 1678, la France rétrocède Maastricht aux hollandais. Ce n’est qu’en 1701 que la proposition du commandant de la ville forte fut autorisée par le Conseil d’État de La Haye. Ainsi le général de brigade Daniel Wolff van Dopff put construire un fort sur et dans la paroi nord-ouest de la montagne St. Pierre. De 1747 à 1748, la ville passa une nouvelle fois brièvement sous domination française après la bataille de Lauffeld.En 1748 le côté nord de la ville forte de Maastricht fut attaqué et assiégé par le roi français Louis XV. Le fort St. Pierre ne joua cependant pas un rôle important. En automne de l’année 1794, après une première tentative en 1793, la fortification fut assiégée, pour la seconde fois, par l’armée française révolutionnaire, sous le commandement en chef de Kléber. Notamment les canons mis en batterie par les français sur le Louwberg causèrent de grands dégâts au fort. Lors de l’occupation française (1794-1814) plusieurs plans de campagne d’amélioration de la force de défense du fort furent élaborés mais jamais exécutés. Après le retour au pouvoir de Napoléon en 1815 la fortification de Maastricht fut mise en état d’alerte. Le fort fut remblayé de terre et dans les années 1816 – 1822 la puissance de la défense fut améliorée. Sur le plateau du fort deux nouvelles pièces d’artillerie furent établies, trois casemates à mortiers incorporées dans le saillant et tout au-dessus douze casemates à canons et une chambre poudrière. En 1867 le roi Willem III promulgua par décret du gouvernement que la ville fortifiée ne ferait plus partie du réseau de défense des Pays-Bas. Le Bastion de Maastricht fut définitivement levé. En 1870 le fort St. Pierre fut vendu aux enchères

FRONTIÈRES DU NORD ET DE L’EST : BELGIQUE REGION WALLONNE

FRONTIÈRES DU NORD ET DE L’EST : BELGIQUE REGION WALLONNE

ATH :

Depuis le XIIe siècle, Ath est une bonne ville du Comté de Hainaut, feudataire du duché de Basse-Lotharingie et feudataire du Saint-Empire romain germanique.  depuis le haut Moyen Âge est le siège d’une administration militaire comtale vendue à Baudouin IV comte de Hainaut, le symbole du pouvoir féodal: la Tour Burbant, la ville est entourée de deux murailles successives depuis le XIVe siècle, et par trente tours dont les noms de certaines d’entre elles sont énumérés par C. Bertrand dans son histoire de la ville. Cette muraille est protégée, dès la première moitié du XVIIe siècle (époque espagnole), par des ouvrages extérieurs destinés à couvrir les trois portes. La ville sera fortifiée par Vauban, lors des guerres de la seconde moitié du siècle de Louis XIV. Ce dernier est lieutenant des gardes en 1667 lorsqu’il arrive en ville et ingénieur militaire depuis 1655, et ce grâce au soutien du marquis de Louvois (1641-1691), secrétaire d’État à la guerre, et de Louis-Nicolas de Clerville (1610-1677), commissaire général aux fortifications. Les travaux de fortification se déroulent de 1668 à 1674. La première pierre est posée le 22 février 1669 et très vite, les murs s’élèvent sur trois kilomètres et demi de la fortification. L’année 1669 est décisive pour la construction et la mise en place de la forteresse.  En juillet 1668, il fixe le projet définitif – c’est le cinquième – d’une nouvelle enceinte formant un octogone régulier flanqué de huit bastions. La ville ancienne est totalement absorbée dans ce nouveau périmètre bien plus vaste et l’enceinte médiévale est rasée. « Je me vante de vous faire icy la plus belle et la meilleure place de l’Europe, comme à Lisle la meilleure citadelle », écrit l’ingénieur de 35 ans à Louvois le 5 mai 1669. Les huit fronts présentent des bastions à flancs droits, des tenailles simples et, déjà, des réduits de demi-lunes ; dans les courtines court une « communication» qui traverse les contreforts, contremine qui ne dit pas son nom. Un savant dispositif d’écluses permet de tendre une inondation et de réguler la hauteur d’eau des fossés. JP Ducastelle décrit les ouvrages : « Ath a l’aspect d’un octogone avec huit bastions séparés par des courtines. Celles-ci sont protégées par des tenailles. La tenaille est double entre le bastion de Flandres et de Brabant, elle est absente face à la porte de Tournai. Des demi-lunes protègent également la courtine devant les tenailles. La demi-lune, face à la porte de Mons, est renforcée de deux lunettes. L’octogone est aplati à l’ouest et forme une ligne droite face au Mont Feron. Le mur d’escarpe a une hauteur de dix mètres et trois mètres d’épaisseur et renforcé de contreforts et des écluses. L’ensemble des constructions est entouré de fossés de 40 mètres de largeur et d’une profondeur de 4 mètres environ. La Dendre occidentale forme un avant-fossé à l’ouest face au Mont Feron. Venant de la campagne un glacis assure la liaison avec la ville, il débouche sur un chemin couvert protégé par une palissade et qui forme à différents endroits, une place d’armes à l’avant du fossé ; la contre-escarpe fait face à l’escarpe de l’autre côté du fossé. » (Bulletin du Cercle royal d’histoire et d’archéologie d’Ath, vol. 11, nos 239-240,‎ 2007, p. 97-150).  Le gros œuvre de la fortification s’achève en 1671, débute alors l’érection des bâtiments militaires, arsenal, magasins à poudre, dans la basse-Cour du Château fortifié, bourg médiéval et deux arsenaux dont un aurait brûlé, lors du siège précité et trois magasins à poudre dans les bastions de Limbourg, de Namur et Hainaut (300 barils de poudre dans un bâtiment voûté à l’épreuve des bombes, chacun)  casernes et guérites dont les brouillons de dessins montrent des normes en pleine gestation: des fleurs de lys en ronde-bosse, des cartouches armoriés ornent encore toitures et culots, les dimensions et l’organisation interne des magasins à poudre varient de l’un à l’autre (deux nefs voûtées d’arêtes). Vauban expérimente également une nouvelle façon d’établir des pilotis de fondation afin d’économiser boisage et argent.  Les terrains non bâtis intégrés dans le périmètre défensif ne sont toutefois pas urbanisés comme à Lille : des casernes y trouvent place contre le rempart, le reste sert de plaine d’exercice à la garnison (1′ « esplanade »). Un plan non daté de la fin du XVIIe siècle montre quatre pâtés de maisons de la « ville neuve », idée restée théorique. Apparaît également un projet de camp retranché sous la nouvelle place forte, alors que le « Traité de la fortification de campagne, autrement des camps retranchés» n’est rédigé par Vauban qu’en 1705, reprenant certaines études des années 1690.  Les fortifications seront remises aux Espagnols dans la cadre du traité de Nimègues en 1678. En 1697, les troupes françaises sont devant Ath. Le commandant de la force de siège, le maréchal Nicolas de Catinat et son chef ingénieur maréchal Vauban avaient une solide relation de travail et entendent coopérer en toute transparence pendant le siège. Catinat avait 50 bataillons et comme de nombreux escadrons de cavalerie (40 000 hommes). Vauban était secondé par Jean de Mesrigny et 62 ingénieurs. Les Maréchaux Boufflers et Villeroy commandaient les forces de deux couverture soit 140 000 hommes. Le 22 mai, à 19 h, la première tranchée parallèle est ouverte contre la partie orientale de la ville. Au siège de cette place, il perfectionne les procédés du tir à ricochet. Il y reçoit une nouvelle blessure. Le 5 juin, la 3ème parallèle est mise en œuvre et la garnison se rend. Le siège a été salué par les contemporains de Vauban comme un des sièges les plus efficace pour sa vitesse, son faible coût et de la modernité des fortifications conçues 25 ans plus tôt par celui qui venait de prendre la place. La place connaitra un autre siège par les Alliés commandés par Marlborough en 1706 et une fois encore par les Français en 1745. Cette imposante enceinte comprend huit bastions, reliés par des courtines, elles-mêmes protégées par des tenailles et des demi-lunes. La place forte sera démantelée après le siège de 1745. État patrimonial : peu représentatif. Quelques vestiges archéologiques d’une porte et d’un bastion en fondations, mis au jour il y a quelques années5. Ce qui subsiste en élévation date du XIXe siècle et de la reconstruction hollandaise.

BOUILLON   :

La fortification de Bouillon étaient, avec le comté de Verdun, le noyau central des possessions de la dynastie des Ardennes-Bouillon, et ils combinaient leur territoire avec une mixture complexe de fiefs, de terres allodiales et d’autres droits héréditaires à travers toute la zone. Un exemple de cela est l’avouerie du monastère de Saint-Hubert, qui a été donné à Godefroy II par le prince-évêque de Liège. La fortification de Bouillon étaient, avec le comté de Verdun, le noyau central des possessions de la dynastie des Ardennes-Bouillon, et ils combinaient leur territoire avec une mixture complexe de fiefs, de terres allodiales et d’autres droits héréditaires à travers toute la zone. Un exemple de cela est l’avouerie du monastère de Saint-Hubert, qui a été donné à Godefroy II par le prince-évêque de Liège. Le plus connu des seigneurs de Bouillon était Godefroy de Bouillon qui vendit Bouillon à la principauté de Liège. Les évêques commencèrent alors à s’appeler eux-mêmes Ducs de Bouillon, et la ville devint la capitale d’un duché souverain. Le château médiéval est modernisé au mieux de 1547 à 1550 par l’ingénieur italien Alessandro Pasqualini.  Vauban visite Bouillon en décembre 1676 : « J ‘ai employé le jour que je devais séjourner à Sedan à aller voir Bouillon, qui est une grosse et vieille gentilhommière des siècles passés, qui sent assez sa petite souveraineté; son apparence est ridicule et méprisable à ceux qui ne font que la découvrir de loin; mais c’est en effet une très bonne situation sur laquelle, à peu de frais, on peut faire une excellente place ». Trois ans plus tard, après la prise Bouillon par la France et son attribution à la famille La Tour d’Auvergne, il est chargé des aménagements à entreprendre pour améliorer la défense du château et de la ville. Sous sa direction, c’est l’ingénieur Choisy qui est chargé de conduire les travaux sur place. Parmi les éléments défensifs érigés se trouvent de nouveaux murs de fortification, des portes et neuf bastions. À l’extrémité du méandre de la Semois, Vauban a prévu la construction de deux grandes casernes et d’un magasin pour les vivres et les fourrages. Chaque caserne possède deux étages et un immense grenier à grains. Le rez-de-chaussée est occupé  par les écuries. Le duché était prisé pour sa position stratégique en tant que « clé des Ardennes » (appelée ainsi par Vauban, le grand architecte militaire de Louis XIV, qui entoura Bouillon d’une enceinte laquelle fut rasée au XIXe siècle) « Vauban a expérimenté pour la première fois son système de tours bastionnées. Par rapport au système précédent de bastions remplis de terre, il permettait de protéger des canons et fantassins dans des casemates, de multiplier les lignes défensives, et de s’implanter sur des surfaces étriquées » souligne Philippe Bragard, il intègre la ville dans le système de défense du château (meurtrières, pont levis, etc.). La transformation de cette petite ville en une place forte digne de ce nom est l’œuvre de Vauban qui s’y révèle extrêmement original. En 1677, c’est d’abord Thomas de Choisi qui donne un projet, vite amendé car sans doute trop coûteux : il s’agissait en effet de clôturer la boucle de la rivière par une enceinte irrégulière à quatorze petits bastions. Vauban préconise en 1679 un tracé plus régulier, collant à la rivière, flanqué de neuf tours bastionnées, dont il crayonne un croquis au verso de son projet dessiné à l’encre. C’est la première occurrence de ces flanquements à l’empattement réduit, qui conviennent à des sites où la place manque. Comme la rivière est étroite et l’endroit entouré de crêtes boisées où il est quasi impossible d’amener du canon, ces tours sont simplement crénelées pour des feux d’infanterie et non voûtées. Le deuxième niveau est couvert d’une toiture à cinq pans. Au château, il s’agit de réaménagements : parapet à créneaux de fusillade triples, grand magasin à poudre, casernes et surtout surcreusement des fossés et raidissement de leur pente. L’ingénieur Cladech y œuvre jusqu’en 1693.   Bouillon est resté un protectorat quasi indépendant, comme Orange ou Monaco, jusqu’en 1795 quand l’armée républicaine l’a finalement annexée à la France. En 1814, Bouillon resta française, dans le département des Ardennes. En 1815, au second traité de Paris, elle fut rattachée au Grand-Duché de Luxembourg créé par le Congrès de Vienne. Le Grand-Duché, qui avait été attribué en toute propriété à Guillaume Ier des Pays-Bas, vivait donc en union personnelle avec le Royaume des Pays-Bas réunis. Suite à la Révolution belge (1830-1839), dans laquelle le Luxembourg fut entraîné, on en vint à partager le Grand-Duché en deux: l’ouest roman (avec Bouillon) plus une partie du territoire d’expression francique (le Pays d’Arlon notamment), forma une nouvelle province intitulée Province de Luxembourg, et l’est – intégralement d’expression francique (Lëtzebuerger Däitsch) – resta acquis, toujours en tant que Grand-Duché de Luxembourg, au roi grand-duc Guillaume Ier et à ses successeurs. Très représentatif, première application des tours bastionnées sur une enceinte urbaine. Château : parapets crénelés à meurtrières triples, grand magasin à poudre, casernes, escalier de la troisième entrée, fossés taillés dans le rocher. Enceinte urbaine : casernes transformées en logements sociaux, trois tours bastionnées conservées dont deux percées pour le passage de la route.

CHARLEROI   :

Par le traité des Pyrénées de 1659, la frontière entre la France et les Pays-Bas espagnols est modifiée. Plusieurs places-fortes deviennent françaises laissant entre Mons et Namur un large couloir sans défenses en direction de Bruxelles. Dès l’année suivante, en 1660, le gouverneur des Pays-Bas espagnols, Luis de Benavides Carrillo, charge trois ingénieurs H. Jannsens, Salomon Van Es et Jean Boulanger, de prospecter sur le cours de la Sambre, un endroit pouvant convenir à la construction d’une forteresse pour fermer la trouée de l’Oise. Le village de Dampremy est un des rares endroits pouvant convenir. Il se situe sur la Sambre, appartient au comté de Namur et donc aux Pays-Bas et non à la Principauté de Liège. L’affaire traine un peu, mais en 1664, le marquis Francisco de Castel Rodrigo devient gouverneur, et il veut renforcer les défenses militaires. D’autant plus que la menace française se précise. À la mort du roi Philippe IV d’Espagne le 17 septembre 1665, Louis XIV fait valoir les droits de son épouse et fille de Philippe IV, Marie-Thérèse, sur les Pays-Bas : ce sont les prémisses de la guerre de Dévolution. Francisco de Castel Rodrigo charge donc Salomon Van Es de dresser les plans d’une forteresse sur la Sambre. Lorsque l’ingénieur remet son projet, ce n’est pas à Dampremy qu’il propose d’installer la forteresse mais dans le petit village à côté, Charnoy. Situé dans une boucle de la Sambre, dominé par un plateau cerné de trois côtés par des pentes abruptes, l’endroit offrait des conditions stratégiques idéales. En juillet 1666, la population de Charnoy est évacuée et tout ce qui peut gêner les travaux est démolis. Les adjudications des travaux sont terminées le 10 août et les tâches répartis entre 14 entrepreneurs. La gestion des finances est confiées à Pontian d’Harscamp, receveur général de Namur, et à son père Vincent. Les arbres et haies sont abattus pendant la seconde moitié du mois d’août.  Plusieurs places-fortes deviennent françaises laissant entre Mons et Namur un large couloir sans défenses en direction de Bruxelles. Le marquis Francisco de Castel Rodrigo, gouverneur des Pays-Bas en 1664, veut renforcer les défenses militaires. Le village de Charnoy, le long de la Sambre, est un des rares endroits propices à l’installation d’une forteresse et appartenant au Comté de Namur (donc aux Pays-Bas). Le gouverneur générale installe trois régiments d’infanterie dans la vallée du ruisseau de Lodelinsart, une unité de cavalerie à Fleurus et une compagnie de gardes dans les villages voisins. Il fait aussi venir des munitions et 27 pièces d’artillerie. Lui-même s’installe à Dampremy le 15 septembre. Dès lors, les travaux s’accélèrent.  Plus de 900 ouvriers répartis en 14 équipes de 30 à 130 personnes, sont engagés de gré ou de force. Pour hâter la construction, toute la circulation du comté est paralysée. Les eaux des affluents et des étangs sont lâchées pour grossir la Sambre qui sert à l’acheminement de pierre de taille depuis Dinant et Namur. Les abbayes doivent laisser le passage dans leurs eaux. L’abbaye de Soleilmont reçoit l’ordre d’accommoder le chemin royal de Fleurus. La région de Fleurus fournit la chaux jusqu’à la construction de chaufours à Charleroi même. Au début de 1667 se dresse une enceinte hexagonale munie de six bastions et des murailles hautes d’une dizaine de mètres. Il y a quatre demi-lunes. L’intérieur de la place n’a aucun aménagement excepté un puits et quelques maisons de terre. Vers mars ou avril, l’église du village de Charnoy, toujours debout, est rasée et le vallon de Lodelinsart est coupé et mis sous eau. Le 7 avril, commence la construction des contrescarpes et des palissades. Le 2 mai commence la construction d’un ouvrage à corne vers le sud-ouest, mais cet ouvrage ne sera pas achevé. Dès le début de la construction, informé par des espions, Louis XIV décide de prendre Charleroy. Devant la menace, Castel Rodrigo envisage d’abandonner et même de démolir la forteresse qui a coûté 28 % de la recette moyenne pour les années 1665 à 1667. Les derniers soldats espagnols quittent les lieux le 27 mai 1667. Le 10 mai 1667, Turenne prend le commandement d’une armée de 50 000 hommes en Picardie. Le 20, le roi rejoint ses troupes et le 21, l’armée entre en campagne et envahit les Pays-Bas. Elle arrive devant Charleroi le 31 et y découvre un paysage désolé dont elle prend possession sans coup férir. La prise est cependant importante car Charleroi constitue une tête de pont sur la rive gauche de la Sambre en direction du Brabant. Le 2 juin, Louis XIV entre dans Charleroi et en ordonne la reconstruction. Les ouvrages d’art sont alors parfaits et agrandis par Thomas de Choisy, Vauban donnant quelques indications pour les demi-lunes au nord et à la ville basse. Par la paix d’Aix-la-Chapelle, Charleroi est attribuée à la France et Louis XIV accorde des privilèges aux habitants de la nouvelle ville en vue de la développer. Les ouvrages d’art sont alors parfaits et agrandis par Thomas de Choisy, Vauban donnant quelques indications pour les demi-lunes au nord et à la ville basse. Par la paix d’Aix-la-Chapelle, Charleroi est attribuée à la France et Louis XIV accorde des privilèges aux habitants de la nouvelle ville (terrain offert gratuitement, primes à la construction, etc.) en vue de la développer. En 1671, Vauban fournit le plan des portes monumentales. Il propose de bâtir des nouvelles redoutes détachées sur les étangs à l’est et à l’ouest de la ville, outre un pont sur la Sambre: leur réalisation est postposée; elle intervient en tout cas avant 1678 et la restitution de la ville à l’Espagne comme l’indiquent les plans manuscrits. En 1672, Vauban dessine le plan d’un quartier neuf, la ville basse, sur la rive droite de la Sambre. L’enceinte formant un trapèze à trois bastions à flancs droits est achevée en 1675. Commence alors le lotissement en damier irrégulier, trame préférée par Vauban qui a critiqué le parti de la ville haute.  En 1673, la ville s’étend sur la rive droite de la Sambre, qui deviendra la « ville basse », par opposition à la forteresse existante placée sur les hauteurs, portant logiquement le nom de « ville haute ». Des redoutes carrées sont ajoutées ensuite par Vauban, à l’extérieur des glacis, afin de défendre les zones inondables. La ville est assiégée à plusieurs reprises avant d’être concédée à l’Espagne par le traité de Nimègue de 1678. En 1692, la ville est bombardée par les armées françaises, puis l’année suivante, elle est prise par Vauban, sous le regard de Louis XIV qui en reprend le contrôle. Pour la première fois, les troupes françaises sont équipées de fusils conformes aux souhaits de Vauban. Ce dernier ne se résout en effet pas à perdre la place qui verrouille Sambre et Meuse et représente un poste avancé vers Bruxelles. C’est Thomas de Choisy qui dirige ces travaux, spécialement mandaté par Louvois bien que l’ «Abrégé des services du maréchal de Vauban », rédigé en 1703, mentionne la participation du grand ingénieur aux fortifications de Charleroi en 1668, il ne semble intervenir de façon créatrice qu’après 1672. Vauban est en charge de développer la ville dont il agrandi les limites. Il établira deux projets en partie réalisés en 1693 (3 novembre) et 1696 (16 mars et 25 août). Un plan-relief de la ville de Charleroi a été établi en 1695. Il est conservé et exposé au sous-sol du Musée des Beaux-Arts de Lille. Il est composé de 4 tables en bois pour un total de 4 x 3 m à l’échelle 1/600°. Une copie se trouve dans l’Hôtel-de-Ville de Charleroi. Prise et reprise, elle passe aux Espagnols au Traité de Ryswick (1697), retourne à la France, est occupée par les Provinces-Unies puis restituée au Saint-Empire par le Traité de Baden (1714). Elle est reprise par le prince de Conti en 1745. Finalement elle est rendue au Saint-Empire en 1748, à la condition que les forteresses soient démantelées. La ville connait alors 45 ans de prospérité, sous Joseph II. En décembre 1790 commence la révolution brabançonne et Charleroi connaît une nouvelle période de troubles : les Impériaux occupent la ville le 25 décembre; ils cèdent la place aux vainqueurs français de Jemappes le 8 novembre 1792 (les Français l’occupent le 12 novembre 1792) avant de la reprendre le 28 mars 1793 (les Français l’ayant abandonnée le 25 mars 1793 après la défaite de Neerwinden). Charleroi, dès l’arrivée des Français, proclame sa sécession du Comté de Namur. Elle demande plus tard, alors qu’il est question de créer les États belgiques unis, d’être plutôt rattachée directement à la France. En 1794, le général Charbonnier met le siège devant la ville mais est repoussé. C’est Jourdan qui parvient à prendre la place après six jours d’un bombardement intensif. C’est pendant la prise de Charleroi et la bataille de Fleurus qu’on eut recours pour la première fois à l’observation aérienne, depuis Jumet (lieu-dit Belle-Vue), d’un champ de bataille depuis un aérostat. Sous le régime français révolutionnaire, la ville changera de nom à plusieurs reprises : Char-sur-Sambre, Charles-sur-Sambre et encore Libre-sur-Sambre, entre les 25 juin 1794 et 8 mars 1800. Peu avant la bataille de Waterloo de 1815, les Carolorégiens très « francophiles » accueillent avec enthousiasme les troupes françaises qui récupèrent la cité faisant désormais partie du « Royaume uni des Pays-Bas ». Mais Napoléon essuie une défaite plus au nord, à la célèbre bataille de Waterloo, le 18 juin 1815. Quarante-huit heures plus tard, Charleroi recueille les débris de la Grande Armée ; le 19 juin à 5 heures, Napoléon est dans la ville avant de continuer vers Paris. Pour se protéger de la France, la ville se verra dans l’obligation de construire de nouveaux murs qui la tiendront dans un étroit carcan pendant cinquante ans. En 1914, la ville échappe à la destruction complète moyennant le payement d’une lourde indemnité de guerre imposée par le général Max von Bahrfeldt.

DINANT  :

Vers 1040, un château épiscopal domine l’actuelle citadelle. sa position en bordure des deux pays ennemis, chacun sur une rive de la Meuse, scellera son destin dans l’opposition constante entre l’Est germanique et l’Ouest latin. En effet, la rive gauche du fleuve est alors en terre namuroise, tandis que la rive droite, qui accueille Dinant, est en terre liégeoise – mais aux confins de celle-ci. Verrou sur la Meuse, la ville est aux premières loges d’un conflit politique qui trouve un prolongement dans la batterie du cuivre et la production de laiton : Bouvignes la namuroise, sur la rive opposée, possède en effet d’importants gisements de derle, la terre blanche utilisée par les dinandiers pour former leur moules. Cette même dinanderie apportera une immense fortune à la ville. Souvent citée comme la plus méridionale des villes de la Hanse teutonique, Dinant n’en fit cependant pas exactement partie. Ces tensions entre Est et Ouest trouveront leur point d’orgue en 1466. Entre le 18 août et le 25 août 1466 la ville de Dinant subit un siège des armées du Duc de Bourgogne Philippe le Bon. En seulement 8 jours la ville tombe, c’est Charles le Téméraire, comte du Charolais, qui mène les troupes. Philippe le Bon refusant d’entrer dans Dinant, la ville est livrée au pillage et au massacre. . En 1554, ce sont les troupes du roi de France Henri II ; en 1675 et en 1692, celles de Louis XIV. Ce dernier fit d’ailleurs entreprendre de grands travaux de réaménagement et de fortifications de la citadelle par Vauban.  Prise en 1675, Vauban a fait d’emblée des premiers travaux au château pour l’utiliser comme caserne. Mais en 1684, un ouvrage à couronne double déjà le vieux château et des galeries de contre-mines courent sous les glacis en 1677. La campagne principale se situe toutefois à partir de 1690 : un second ouvrage à cornes au tracé irrégulier s’étend à l’est du premier, et un vaste ouvrage à couronne somme le plateau voisin au nord. Vers le sud, le plateau est couvert de lunettes détachées, et en 1695, Vauban fait bâtir des redoutes casematées identiques à celles qu’il a trouvées à Luxembourg ; il emprunte à l’ennemi un organe efficace et retardateur dans un siège. Ses collaborateurs sur place, Cladech jusqu’en 1693, puis Filley, suivent fidèlement ses instructions. Dès 1679, Dinant est intégrée dans le « Pré carré » constitué d’une double ligne de forteresses entre la Meuse et la mer du Nord. Les grands travaux de fortifications dans la cité ne débutent qu’en 1680. La même année, Louis XIV donne son accord afin que débute la construction d’un « château-neuf », dans le prolongement du vieux château, proposé par Vauban. En raison de son relief particulier, les nombreux problèmes que pose la fortification dinantaise sont étudiés et résolus grâce à une étroite collaboration entre Vauban et l’ingénieur Cladech qui reste sur place. L’enceinte du faubourg Saint-Médard, sur la rive gauche, se voit renforcée par l’édification de nouvelles redoutes. Au nord, la porte Saint-André est complétée par une demi-lune et des fossés alimentés par les eaux de la Meuse. Pas moins de deux redoutes sont construites en contre-haut de la tour Taravisée et de l’église Saint-Pierre, à la limite du plateau de Malaise. Au sud, la pointe de l’île et la porte Saint-Nicolas sont protégées par un petit ouvrage à cornes. Alors que le projet du « château-neuf » n’est pas encore terminé, les Français envisagent de fortifier le plateau de Malaise, estimant que l’ennemi pourrait utiliser ce replat naturel comme plateforme d’artillerie (ce qui avait été le cas en 1554). La configuration du site de Dinant ne manque pas de susciter l’étonnement de Louis XIV au point qu’il se fait apporter le plan en relief de la ville pour examiner toutes les possibilités de fortifications nouvelles. Vauban se rend à Dinant à la fin du mois de septembre 1691. Il y rédige un projet réaliste mettant en évidence les défauts et les avantages de la fortification de la cité qu’il juge peu propice à une mise en défense. Il suggère de bâtir une couronne formée de deux fronts bastionnés d’environ 240 m de long chacun sur le plateau de Malaise. Il ne manque pas de faire remarquer qu’une ville traversée par un fleuve ne peut être efficacement protégée que si les deux rives sont solidement défendues. Avec la prise de Namur par Louis XIV en 1692, Dinant perd sa position stratégique au bénéfice de Namur.  Alors que les travaux d’amélioration des fortifications de Dinant tournent au ralenti, un traité de paix est signé à Ryswick en 1697 qui stipule que la ville de Dinant doit être rendue à la principauté de Liège dans l’état dans lequel elle se trouvait avant l’arrivée des Français en 1675. C’est alors qu’est organisé le démantèlement. Les Français mettent un zèle particulier à abattre tout ce qu’ils avaient érigé mais des protestations s’élèvent… les autorités de la ville prétendent qu’on démolit beaucoup trop. Mais les discussions les plus âpres portent avant tout sur le pont que les Français avaient rebâti. Le concert de réclamations des magistrats de la ville ajouté à celui du prince-évêque n’a d’autre effet que de limiter sa démolition. Un château et des portions de l’enceinte urbaine ruinées, un pont inutilisable.. Il faudra alors attendre 1817 et l’occupation hollandaise pour qu’un nouveau fort soit construit.

HUY  :

Aprement disputée depuis plusieurs décennies (six sièges de 1675 à 1705), Huy restera toujours aux yeux de Vauban « un trou imparfait » et « une malheureuse bicoque ». Reprise en 1693, blottie au confluent du Hoyoux et de la Meuse, et enserrée de collines escarpées dont une porte le vieux château épiscopal, la petite cité est en effet très difficile à fortifier correctement. Cependant et malgré les avis de Vauban, à l’insistance du comte de Guiscard, Mesgrigny et Filley renforcent le château par des ouvrages irréguliers que le commissaire général des fortifications ne valide pas. Au contraire, il ne cesse de préconiser l’abandon de cette place et le rasement des ouvrages existants, comme il l’avait fait pour Mariembourg vingt ans plus tôt. Rien ne subsiste des travaux des ingénieurs français sinon des traces informes sur les hauteurs boisées entourant la ville.

LIMBOURG  :

Les plans sont relevés au 27 juin 1702. Ce sont à ce stade les plans du siège de septembre 1703 et ceux levés dans la foulée par les ingénieurs au service des troupes alliées qui permettent d’affirmer que Vauban y a apporté des améliorations aux fortifications. Au sud et à l’ouest, un chemin couvert à traverse précède désormais le corps de place qui est lui-même régularisé sur le front d’attaque principal. il s’agit bien de réparations et d’aménagements presque de fortune, dans des temps de crise. Subsistent des murs de soutènement de la ville haute, éléments des remparts, un magasin à munitions et des casernes fortement transformées en habitations.Subsistent des murs de soutènement de la ville haute, éléments des rem-parts, un magasin à munitions et des casernes fortement transformées en habitations.

MONS :

À l’époque romaine, une garnison se serait établie sur la colline montoise. D’après certains auteurs, se fondant sur deux textes médiévaux (une vita de sainte Aldegonde du VIIIe siècle et le testament d’Anségise, abbé de Fontenelle), le quadrillage caractéristique des camps romains se retrouverait dans la topographie actuelle de la ville. Le site devient un enjeu militaire à la suite de l’implantation des Vikings à Condé-sur-l’Escaut en 876. Le site devient un enjeu militaire à la suite de l’implantation des Vikings à Condé-sur-l’Escaut en 876. Cette même année 1290, Jean II d’Avesnes construit la deuxième fortification qui, à la différence de la première, défend aussi la ville et non plus seulement le château : cette enceinte urbaine (frumeteit ou fermetei(t) en picard montois) est percée de six portes. Seule la Tour valenciennoise (1358) subsiste actuellement. Guillaume le Bon, fils et successeur de Jean II, permet au commerce de s’épanouir dans la ville. En 1655, la ville est assiégée par l’armée française : les opérations de siège sont dirigées par le chevalier de Clerville : elles commencent le 15 août et la ville tombe le 18. En 1678, au cours de la Guerre de Hollande, le maréchal de Luxembourg assiège Mons. À la suite de la bataille de Saint-Denis, le siège finit par être levé. Du 15 mars au 10 avril 1691, lors de la guerre de la Ligue d’Augsbourg, la ville est à nouveau assiégée par les troupes du maréchal de Luxembourg, en présence de Louis XIV, Vauban dirigeant les travaux de siège. A ce siège l’Artillerie française employa un mortier qui lançait des bombes de 500 livres.  La ville tombe et Louis XIV nomme gouverneur Nicolas de La Brousse, comte de Verteillac. Vauban est chargé d’améliorer le système défensif de la ville.   Vauban renforce par un nouvel ouvrage à cornes la porte de Bertaimont qui avait beaucoup souffert durant le siège. Il transforme les ouvrages en queue d’aronde des portes du Parc et des Guérites en de puissants ouvrages à cornes avec demi-lunes. Il perfectionne l’ouvrage à cornes de la porte d’Havré. Pour assurer une meilleure défense face au mont Saint-Lazare qui domine la ville, il ajoute trois ouvrages à cornes échelonnés qui viennent s’appuyer sur le système défensif existant de la porte de Nimy. Il ajoute quatorze bastions détachés et amplifie ceux qui existaient devant la porte de Bertaimont. Il prévoit en outre neuf redoutes pentagonales entourées d’eau pour soutenir les ouvrages extérieurs et défendre les accès de la place. Quatre d’entre elles seront construites dont deux encadrent la porte du Rivage et deux autres, celle de Bertaimont. De plus, quatre redoutes carrées doivent défendre le canal de dérivation de la Haine depuis la prise d’eau de Nimy jusqu’aux fossés de la ville. Sur la Trouille, un ouvrage défensif, élevé à proximité du moulin Saint-Pierre, contrôle les inondations à l’est de la cité. Pour accéder aux redoutes isolées dans les marais bordant la place, Vauban prévoit un système de navette au moyen de petites barques plates, halées sur le canal reliant chaque redoute au fossé. Quant au moulin d’Épinlieu (Pinlieu sur le plan) situé à l’ouest de la cité, il est protégé par un ouvrage à cornes contrôlant le pont sur la Haine qu’emprunté le chemin allant de Mons à Tournai. Deux redoutes carrées viennent compléter ce dispositif. À l’intérieur des fortifications, Vauban ajoute aux casernes existantes six casernes de cavalerie et trois d’infanterie. Cinq d’entre elles sont construites à côté des casernes espagnoles édifiées en 1676 non loin de la porte de Nimy. Les quatre autres ne figurent pas sur le plan de Nicolas De Fer : deux d’entre elles sont établies près de la porte du Parc et les deux dernières, près de celle d’Havré. La capacité d’hébergement est ainsi portée à 7400 fantassins, qui occupent des lits de deux à trois places et à 2500 cavaliers et leur monture.  Vauban envisage encore la construction d’une citadelle polygonale, adossée au rempart médiéval et destinée à renfermer toutes les grosses munitions de la place et des vivres dedans. Des terrains bas, qui s’étendent au sud de la Trouille et englobent l’abbaye du Val-des-Écoliers ainsi que le béguinage de Cantimpret, lui semblent les plus appropriés, car ils constituent 1’espace le plus vuide, le moins habité, le plus mal sain et le plus inutile de la ville, puisqu’il n’est peuplé que de moines et de jardins. Le projet qui apparaît ici comme sur de nombreux plans contemporains, ne sera pas exécuté en raison de son coût exorbitant. Fort heureusement d’ailleurs, car il aurait nécessité l’arasement de la butte du château pour constituer l’assise de la citadelle. Au sud de la ville, une citadelle-réduit projetée n’est pas construite. En 1696, Vauban propose sans plus de succès d’établir un camp retranché sur le mont Panisel et le Bois-de-Mons. Les travaux sont presque menés à leur terme lorsqu’en 1697 les Français quittent la ville que le traité de Rijswijk rend à l’Espagne. De 1701 à 1713, la France occupe à nouveau la ville (guerre de Succession d’Espagne). Les Traités d’Utrecht et de Rastatt font entrer la ville dans le giron des Habsbourg d’Autriche. La place-forte est toutefois contrôlée par des troupes des Provinces-Unies. En 1718, le pouvoir, représenté par la cour souveraine du Hainaut, quitte le château qui, par faute d’entretien, se dégrade. Le site est rasé au XIXe siècle, seuls la chapelle Saint-Calixte (XIIIe siècle), la conciergerie et le beffroi étant préservés : un parc public y est inauguré le 10 juin 1873. En 1747, Louis XV conquiert la ville et la garde jusqu’en 1748, où elle est restituée à l’impératrice Marie-Thérèse par le Traité d’Aix-la-Chapelle (1748) qui met fin à la guerre de Succession d’Autriche

NAMUR  :

Les premières fortifications sur l’éperon rocheux qui deviendra la citadelle sont de la fin du IXè.  Coehoorn  se distingue tout particulièrement à la bataille de Fleurus en 1690, ainsi qu’en 1692 pendant le siège de Namur, une forteresse de sa propre création. Namur fut prise par Vauban, mais Coehoorn eut sa revanche trois ans plus tard quand la même place-forte, sur laquelle entre-temps Vauban avait apporté ses améliorations, tomba sous son attaque.  Vauban tient le siège de la ville et de la citadelle devant le Roi en 1692. il prit la place en 30 jours de tranchée ouverte, et n’y perdit que 800 hommes, quoiqu’il s’y fût fait cinq actions de vigueur très-considérables. Vauban est à Namur au commencement de l’année 1703 et il y donnait ordre à des réparations nécessaires, lorsqu’il apprit que le Roi l’avait honoré du bâton de maréchal de France. Il l’agrandira pour en faire une des plus grande d’Europe avec une superficie de 80 hectares. Sous les ordres de Vauban, les français bâtissent un arsenal (le seul du temps conservé en Belgique) , creusent des centaines de mètres de casernes et de magasins souterrains pour la protection de la garnison en temps de siège, édifient des forts détachés pentagonaux aux plans atypiques dirigés par le terrain, soit avec corps de garde casematé, soit avec galeries de tir crénelées dans les courtines, en suivant scrupuleusement les directives de Vauban. Faute de temps et d’argent, le projet demeure largement inabouti au siège de 1695 : des ouvrages à cornes et une tête de pont ne voient pas le jour. Le réseau de souterrains qui se développe sous la citadelle sur 4 km est le fruit de multiples campagnes de construction, d’agrandissement, de reconstruction et d’aménagement. Il en résulte un ensemble à la fois très complexe mais également très complet. La philosophie générale de restauration est de maintenir l’ensemble dans son état actuel, en tenant compte de toutes ces modifications, sans chercher à retrouver un état d’origine qui gommerait l’histoire des galeries. Comme le souligne Ph. Bragard, Namur est « plus un lieu mémoriel, en tant que siège où Vauban a rencontré son adversaire personnel le plus réputé, le Hollandais Menno van Coehoorn ». Jusqu’à l’indépendance de la Belgique, Namur ne cessera de changer de mains. Convoitée par tous pour sa situation stratégique, prise et reprise, la ville fera successivement partie du Saint-Empire et la restera sous la domination des comtes de Namur, puis sous celle de leurs successeurs les Habsbourg d’Espagne puis d’Autriche, ensuite sous la république et l’empire français et le Royaume uni des Pays-Bas. Après l’indépendance de la Belgique, les forces armées vont rester sur ce site, qui ne sera partiellement démilitarisé qu’à partir de 1891 par Léopold II. De grands travaux d’aménagement de la citadelle sont alors entamés. En 1975, le Ministre de la Défense rend à la ville les clés de la citadelle et en 1977, les paracommandos quittent les derniers bastions.

PHILIPPEVILLE  : 

Ville créée en 1555 par décision de Marie de Hongrie, sœur de l’Empereur Charles-Quint et gouvernante des Pays-Bas espagnols. Il s’agit, pour les Habsbourg, de contrer les incursions françaises par la construction de deux nouvelles forteresses : le fort de Charlemont, près de Givet, sur la Meuse, et Philippeville qui porte le nom du fils aîné de l’Empereur. L’ingénieur Van Noyen en trace la forme en pentagone. Une inscription sur un pilier de l’église rappelle que c’est le 1er octobre 1555 que furent « jetés » ou terminés les plans de la ville… Quatre mois plus tard, le colonel Lazare de Schwendi, 1er gouverneur de la ville, en prend possession avec ses troupes allemandes. En 1659, à la suite du traité des Pyrénées entre la France et l’Espagne, la ville passe sous domination française. C’est Jean Talon, futur intendant du Canada français, qui en reçoit les clés le 4 mai 1660. Dès 1668, Vauban est chargé par Louis XIV de faire de la ville « une ville de guerre respectable et capable d’empêcher l’ennemi de pénétrer dans cette partie de la France ». À Philippeville, à partir de 1671, l’ingénieur Lacoste exécute les projets de Vauban: tenailles bastionnées détachées devant les courtines, demi-lunes à réduit et flanquées de lunettes, deux magasins à poudre aux proportions désormais standard (20 m sur 8 m, voûte en berceau brisé du premier modèle) et autres bâtiments militaires. La comparaison des plans successifs de la ville fortifiée autorise cette datation précise, comme les rapports conservés à Vincennes . « Il n y a point de place en France où les ouvrages soient plus soigneusement conservés qu’à Philippeville ; aussi les chemins couverts y sont-ils unis et aussi propres que le plancher d’une chambre» écrit Vauban à Louvois en 1672. Il est possible que les premières galeries de contremines remontent à cette phase de travaux, comme sans doute également à Charleroi: début novembre, Vauban missionne son collaborateur l’ingénieur Paul pour voir « les avenues de Charleroy, Philippeville, Le Quesnoy et la citadelle d’Arras, qu’il trouve très propres à contreminer ». Le 15 août 1680, accompagné de la reine, du dauphin et de la dauphine, Louis XIV fait son entrée dans la ville où il passe un jour et une nuit. Vauban apporte toutes les modifications à la Forteresse de Philippeville. Il en développe les moyens de défense et il accentue la forme étoilée du Site. Le réseau des galeries de contre-mines est considérablement amplifié entre 1690 et 1696 pour atteindre une dizaine de kilomètres  et si Vauban refuse la ligne avancée de lunettes proposée par son collaborateur, il fait retrancher tous les bastions, soit par un front bastionné en réduction, soit par une tour bastionnée. Dans son traité de la défense des places mis au net en 1706, il systématise d’ailleurs ce dispositif qui détache, en quelque sorte, les bastions du corps de place et ajoute ainsi une ligne de défense supplémentaire. En 1790, la ville est versée dans le département des Ardennes, elle porte quelques mois à partir de pluviôse an II (février 1794) le nom révolutionnaire de Vedette républicaine et ses rues sont renommées : Surveillance, La Montagne, Sans Culottes, Réunion, Marat … Le 18ème siècle verra une quantité importante de logements privés, transformés et construits Au lendemain de Waterloo, Napoléon fait une halte de quelques heures dans la ville. Le 21 juin 1815, la 8e brigade prussienne assiège la ville qui ne se rend que le 8 août ; deux jours plus tard, la garnison défile par la porte de France et dépose les armes sur le glacis tandis que 150 hommes peuvent se retirer, en emportant deux canons. Le 30 septembre 1830, dans le cadre de la Révolution belge, la population désarme la garnison hollandaise. Dans la seconde moitié du 18ème siècle, apparaissent aussi bon nombre de bâtiments militaires, plus ou moins conservés, ainsi que bon nombre de logements privés. Enfin, les fortifications furent partiellement démantelées, en 1820 et elles disparaissent complètement, en 1853. De 1853 à 1856 est menée à bonne fin la démolition des ouvrages de fortification. . Il subsiste encore  quelques traces sur le terrain au nord et au sud-est de la ville ; une partie du réseau souterrain. 22 bornes dispersées un peu partout dans la ville.  

SAINT GHISLAIN :  

Sa situation à proximité de la capitale du Hainaut (Belgique) et sa position sur la Haine conférèrent à la ville une i’importance stratégique qui lui valut la construction de fortifications en 1366 par Albert de Bavière. Saint-Ghislain devint ainsi une place forte importante qui eut toujours une garnison considérable. siège conduit par Vauban en 1656. En 1581, c’est le siège des Huguenots qui se livrèrent au pillage. En 1589, Saint-Ghislain qui était un secours de la paroisse d’Hornu devint alors une paroisse distincte et acquit son indépendance et accéda au rang de ville. En 1655 ce fut le siège de Turenne et La Ferté (Vauban y participe sans commander). Les opérations de siège sont dirigées par le chevalier de Clerville : elles commencent le 22 août et la ville tombe le 25. La prise de la ville est suivie de l’entrée de Louis XIV, alors âgé de dix-sept ans. L’année suivante, la ville est assiégée sans succès par les Espagnols, qui réussissent en 1657, sous la conduite de Don Juan d’Autriche, à la reprendre. En 1677, le retour des Français avec le maréchal d’Humières qui s’en rendit maître (le siège est conduit par Vauban). En 1709, à la suite de la bataille de Malplaquet, le traité de Nimègue ayant rendu Saint-Ghislain à l’Espagne, le Hainaut tout entier retourna aux coalisés commandés par le duc de Marlborough. Chaque fois, l’abbaye subit pillage, dévastation, incendie et, chaque fois, elle puise dans ses ressources afin de reconstruire ou restaurer les bâtiments. Les 1 et 2 mai 1944, la ville fut aux deux-tiers détruite par des bombardements aériens des alliés. Le tracé de la ville fut ensuite modifié, la Haine fut déviée et ne traverse plus le centre de la ville.

THUIN  

Au sud-est de la ville actuelle, des fouilles effectuées dans le bois du Grand Bon Dieu révèlent la présence d’un oppidum ou site fortifié, remontant à l’époque néolithique. Thuin est plusieurs fois soumise à des sièges meurtriers. Les comtes de Hainaut s’en emparent avec force en 1053, 1298 et en 1408 avec la démolition définitive du château. En 1655, les troupes du Prince de Condé, alors au service de l’Espagne, en font le siège sans pouvoir prendre la ville. De par sa position stratégique aux confins du pays de Liège, la forteresse est maintes fois assiégée et reconstruite. Conquise par Louis XIV en 1675, la muraille qui enserre la Ville Haute est munie de six tours rondes décapitées; à l’avant-plan, la porte NotreDame apparaît comme une solide construction avec une toiture en bâtière, flanquée de deux tours munies d’archères; du côté de la plaine, on distingue deux tours, celle de la porte Bourreau et le moulin à vent installé sur le rempart oriental. Par contre, en 1675, les troupes françaises s’en emparent aisément, en raison de l’intelligence de certains bourgeois avec les Français, et l’occupent jusqu’à la paix de Nimègue en 1678. elle fait l’objet de projets de réaménagement, notamment par Vauban. Dès lors, la Thudinie constitue une enclave liégeoise à l’intérieur des territoires conquis par la France.  Vauban fera une visite du site en 1678 et envisage sa fortification mais aucun projet n’est rédigé précisémment ni réalisé.

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TOURNAI :

À l’époque gallo-romaine existait une enceinte, dont un tronçon long d’une cinquantaine de mètres ainsi que la base de deux tours ont été retrouvés  en 1995. À partir de 1187, à la suite des luttes des Tournaisiens, la ville acquiert une certaine indépendance vis-à-vis du reste du comté en dépendant directement de la couronne de France (tandis que son pays, le Tournaisis, reste flamand jusqu’à son annexion par Philippe le Bel). Tournai résistera à deux tentatives d’annexions par les soldats du comte de Flandre en 1197 et 1213. En 1513, le roi d’Angleterre Henri VIII prit possession de Tournai. En 1515, le gouverneur anglais décida de faire construire un «château», c’est-à-dire une citadelle sur la rive droite de l’Escaut. La partie nord de la ville fut séparée du reste de l’enceinte par un fossé et une muraille qui passaient par la rue Joseph Hoyois et la Place Verte actuelle. En 1521, le siège de la ville fait passer cette dernière aux mains de Charles Quint et Tournai rejoint ainsi les Pays-Bas espagnols. Au XVIe siècle, Tournai, surnommée la Genève du Nord, est le foyer de la contestation contre le régime espagnol dans les provinces wallonnes des Pays-Bas.Elle est également le siège d’une université. La ville où les protestants sont majoritaires ratifie l’Union d’Utrecht. Elle est reconquise par les Espagnols, en 1581, après une résistance héroïque sous la direction de Christine de Lalaing. La répression qui s’ensuit provoque l’exil d’une grande partie de la population. En 1667, sous le prétexte d’une guerre dite de Dévolution, Louis XIV, voulant élargir les frontières de son royaume, envahit une partie des Pays-Bas espagnols. Au mois de juin, Tournai, dont les défenses étaient vraiment obsolètes, fut prise en trois jours. Louis XIV décida alors de fortifier différemment la cité et d’y construire une nouvelle citadelle. Dès le mois d’août de cette année 1667, les travaux commencèrent par des démolitions importantes : l’église Sainte-Catherine, des couvents et environ 300 maisons furent sacrifiés ainsi que l’ancienne citadelle dont il ne subsiste qu’une partie de la Tour Henri VIII. Cette construction massive a un diamètre de 25 m et ses murs sont épais de 6,25 m à la base. 30 000 fantassins avec  l’aide de la main d’œuvre locale se relayèrent pour que, sept ans plus tard la nouvelle citadelle construite sur le point haut de la ville soit achevée. Le directeur des travaux est Guillaume Deshouillères, l’ingénieur Jean de Mesgrigny s’occupant des souterrains avec la mise en place d’une multitude de galeries de mines et contre-mines ainsi que divers obstacles à la progression de l’ennemie. La construction débute le 7 août 1667. Les travailleurs et soldats sont éparpillés sur un chantier de 400 à 1 900 hectares jusque l’été 1671. Tandis que l’érection de la citadelle se poursuit jusqu’en 1674 sous la direction de Deshoulières et de Mesgrigny qui en ont conçu les plans, Vauban s’attelle à partir de 1671 à rectifier et régulariser autant que possible les ouvrages détachés en avant de la vieille enceinte médiévale terrassée. Les demi-lunes sont régularisées et quatre ouvrages à cornes protègent les entrées principales de la ville, ceux-ci construits entre 1680 et 1692. Quant aux casernes construites à partir de 1671, les unes en maçonneries, les autres en pan de bois; les plans en sont donnés par les ingénieurs en place, sans que Vauban y intervienne, semble-t-il, pour le détai. La construction de la citadelle prend fin le 24 avril 1674, soit après six ans et huit mois de chantier. La construction de casernes liées à la citadelle est ensuite entamée afin de pouvoir héberger les soldats en repos et éviter ainsi toute friction avec la population. C’est une citadelle dite à la Vauban car ce dernier, très occupé à Lille, vint régulièrement à Tournai pour surveiller l’évolution des travaux. La citadelle conçue essentiellement par Mesringny, ami de Vauban, a une forme qui approche celle du pentagone régulier La citadelle a une forme qui approche celle du pentagone régulier avec cinq bastions reliés par des courtines développant 120 m de long. Chaque bastion possède une multitude d’infrastructures (infirmerie, boulangerie, armurerie…) afin de pouvoir subsister lors d’un siège, une porte dite Royale constituant l’accès principal et une sortie de secours. Le tout était entouré d’une enceinte constituée de fossés et de remparts dont les glacis, vers la ville, se terminaient par une vaste esplanade (emplacement du palais de justice actuel). En 1745 a lieu la bataille de Fontenoy (village situé à plus ou moins 10 km de Tournai) avec la victoire française contre les troupes anglaises et autrichiennes. La ville est conquise par la France sous la Révolution et l’Empire, puis est rattachée au royaume des Pays-Bas (1815). En 1830, elle est intégrée dans la Belgique indépendante. Bien que démantelées à partir de 1863, les fortifications tournaisiennes ont laissé de nombreux témoignages de leur existence dans la cité de l’Escaut. Les boulevards actuels correspondent au tracé la seconde enceinte communale. De la première enceinte, sont encore visibles la tour (dite) « des Rédemptoristes », la tour du Cygne, le fort Rouge qui doit son nom à la couleur de son toit, la tour Saint-Georges, la tour de la Loucherie et la tour du Séminaire. De la seconde enceinte existent toujours le pont des Trous, les tours Marvis et Saint-Jean, la porte de Marvis et le rempart de Choiseul.

FRONTIERES DU NORD ET DE L’EST : BELGIQUE REGION FLAMANDE

FRONTIERES DU NORD ET DE L’EST : BELGIQUE REGION FLAMANDE

ANVERS  :

  En 970, une fois l’ordre othonien imposé, Anvers n’est encore qu’un poste frontière de l’Empire germanique, on y construit des fortifications en bois, remplacées plus tard au XIIe siècle par un château fort en pierre (le Steen). L’extension de la ville se poursuit d’abord vers le sud. En 1585, la ville tomba aux mains de Philippe II à l’issue d’un siège de treize mois, la ville étant défendue par Philippe de Marnix de Sainte-Aldegonde. En conséquence, les Provinces-Unies du nord fermèrent l’accès à l’Escaut dans le but de priver les Espagnols des avantages de leur victoire, ce qui naturellement eut des conséquences catastrophiques sur l’économie de la ville. Abandonnée par les protestants, que Philippe II visait plus particulièrement et qui constituaient une très large part de l’élite commerciale et intellectuelle de la ville, Anvers vit sa population se réduire de moitié en moins de 20 ans.Vauban estime que la Ville n’est pas adaptée aux exigences modernes de la fortification puisqu’elle ne se concentre que sur la rive droite de l’Escaut. Un autre défaut est le manque d’ouvrages extérieurs nécéssaires pour protéger  la Citadelle et l’ancienne enceinte urbaine dont les bastions sont jugés trop petits. Il établit des projets sur les nouvelles fortifications d’Anvers en 1702 avec un renforcement des défenses de la Citadelle et la construction d’un nouveau Fort Royal sur la rive gauche de l’Escaut de 234 x 272 m, les flancs de ce fort étant protégé par deux lunettes. Il se propose d’ajouter de nouveaux ouvrages avancés entre la Porte Impériale et la Porte Rouge, de nouveaux ouvrages à corne, des demis lunes, contre gardes et ravelins. Il se propose de fortifier le flanc sud de la citadelle par un ouvrage à corne. Il n’obtiendra pas les crédits nécessaires pour engager les travaux.  Ce projet est intéressant puisque durant l’annexion des Pays Bas à la France à partir de 1796, ils seront repris maintes fois par les ingénieurs du Génie et seront à l’origine d’une reprise totale des fortifications de la Ville entre 1850 et 62. Les services du Génie produiront un nouveau projet plus ambitieux en 1813 avec la création de la ville de Marie Louise sur la rive gauche. Lors du soulèvement en 1787-1789 et les Autrichiens furent battus. L’État indépendant des États belgiques unis fut proclamé à Bruxelles et Anvers y participa. Mais le retour en force des Autrichiens en 1790 et l’attaque des armées républicaines de la Révolution française mit fin à cette brève indépendance en 1792. Anvers fut occupée une première fois par les armées de la Révolution le 30 septembre 1792. L’Escaut fut rouvert (1795), et l’ébauche d’un port moderne vit le jour : Napoléon demanda à Charles-François Beautemps-Beaupré d’établir ce qui sera la première carte des bouches de l’Escaut, et fit réaliser deux bassins achevés en 1811 (le Petit Bassin et le Grand Bassin – rebaptisés bassin Bonaparte et bassin Guillaume en 1903, ils abritent maintenant le Museum aan de Stroom ou musée sur le cours d’eau) ; toutefois, l’embargo anglais ainsi que les guerres napoléoniennes empêchèrent toute évolution, et la ville subit de nombreux pillages et destructions. Après la défaite de Napoléon à Waterloo (1815) a lieu une brève réunification avec les Pays-Bas septentrionaux et une période de développement, qui s’achèvera avec la Révolution belge (1830) et une nouvelle fermeture de l’Escaut. Il faudra attendre 1863 pour que la navigation soit définitivement libre après le rachat forfaitaire du droit de navigation par le ministre Charles Rogier.

AUDENARDE – OUDENAARDE  :  

La Ville reçoit la visite de l’empereur Charles Quint, qui y fit un enfant à une fille de tisserand, Johanna van der Gheynst, donnant naissance à la future Marguerite de Parme, princesse des Pays-Bas espagnols, demi-sœur de Philippe II. Pendant le cours du 17e siècle, elle a été plusieurs fois prise et reprise. Les fortifications n’en sont pas bien considérables ;  mais elle peut être inondée de manière que les eaux en défendent les approches. Les Français convoitaient Audenarde et s’en emparèrent en 1658 par Gaston d’Orléans (avec Vauban). En 1658, il conduisit en chef les attaques des sièges de Gravelines, d’Ypres et d’Oudenarde. M. le cardinal Mazarin, qui n’accordait pas les gratifications sans sujet, lui en donna une assez honnête, et l’accompagna de louanges, qui, selon le caractère de M. de Vauban, le payèrent beaucoup mieux. La Ville fut rendue à la Paix des Pyrenées. En 1667, Louis XIV la retint en vertu du traité d’Aix la Chapelle. Le premier soin de Vauban, aidé par l’ingénieur Launois, est d’organiser l’inondation défensive qui couvre tout le front méridional de la ville; dix écluses peuvent remplir d’eau tous les fossés: «cette place est extrêmement jalousée et sujette aux entreprises, quand les eaux sont basses, et spécialement quand il y fait de grandes gelées; qu’il y faut de grands soins» et « dès le mois de mars, on doit former l’inondation, sinon en tout, du moins à demi ». Suit la régularisation du front sud-est, doté de grands bastions à flancs droits, et l’enceinte est munie d’un double chemin-couvert entrelardé de lunettes et de redoutes détachées. Les bastions sont creux et principalement en terre gazonnée ; certains intègrent une porte dans le flanc ou une tour de l’enceinte médiévale . La ville est défendue victorieusement par Vauban en 1674. En 1674, le Prince d’Orange voulut l’assiéger ; mais le Prince de Condé ayant gagné sur lui la bataille de Senef, il fut obligé de lever le siège. Elle fut restituée, au Roi d’Espagne par le Traité de Nimègue, en 1678. En 1684, elle fut bombardée et très endommagée par 1e Maréchal d’Humières ; mais il ne put la prendre ; les dedans en ont été depuis très  bien rétablis. En 1708, le Prince, Eugène et le Duc de Marlborough gagnèrent près d’Oudenaarde une bataille contre les Français, commandés par le Duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XlV, et le Duc de Vendôme. Elle se rendit encore aux armes de Louis XV en 1745, et elle a été rendue par la paix d’Aix-la-Chapelle en 1748. La fontaine devant l’Hôtel de ville est un vestige de l’occupation française (1667-1708) ; celle-ci avait été construite en hommage à Louis XIV, et pour permettre aux soldats d’abreuver les chevaux. Revenue aux Pays Bas, la ville subie en 1745 un autre siège français.

BOESINGE  :

Sur le canal de l’Yser. Vauban édifiera un pont permettant le contrôle de la route et de la voie d’eau. projets de fortifications de construction bastionnée par Vauban en 1695 (8 août) et en 1699 (25 juin), réalisés au moins partiellement (fort Saint-François). Il ne reste pas de traces significative de ces ouvrages.

BRUGES  :

projet Vauban de fortification bastionnée en 1702 (4 novembre), non réalisé faute de crédits.

COURTRAI   :

Au cours du IXe siècle, Baudouin II le Chauve, comte de Flandre, fortifia l’endroit contre les Normands. La liaison qui existait à l’origine entre la ville et Tournai fut rompue en 1071 et Courtrai devint capitale d’une châtellenie. En avril 1190, Philippe d’Alsace confirma les privilèges de la ville à laquelle il accorda le droit de s’administrer elle-même, si bien que les serfs purent s’établir dans la ville en tant que citoyens libres (poorters). Au cours du XIIIe siècle, Ferrand du Portugal se heurta aux villes de Flandre quand le roi de France Philippe Auguste voulut le faire comte de Flandre. Ferrand se retrancha dans Courtrai et la ville fut pillée par les troupes de Gavere et d’Audenarde. Les deux parties se réconcilièrent, mais Philippe Auguste n’accepta pas l’accord. Son fils Louis (le futur Louis VIII) envahit Courtrai à partir de Lille et laissa la ville en ruines. Les comtes de Flandre la firent reconstruire. Les conflits entre le roi de France et la Flandre firent stagner l’économie de la ville. À l’occasion de la bataille des éperons d’or le 11 juillet 1302, elle fut occupée par les troupes françaises qui bâtirent au-dessus d’elle, pour la surveiller, une citadelle dont les restes sont encore visibles. Le 11 juillet 1302, l’armée de Philippe le Bel rencontre les milices communales de Flandre aux abords de la forteresse de Courtrai. Cette bataille survient quelques semaines après les matines de Bruges, une journée qui vit le massacre de la garnison française de la ville. Les combattants flamands massacrent les chevaliers à terre. Les troupes victorieuses ramènent comme trophées les éperons d’or de tous les chevaliers tombés dans la bataille. Ces trophées orneront l’église Notre-Dame de Courtrai. La ville est à nouveau assiégée en 1683 par Vauban et le Maréchal d’Humières devant le Roi.  Vauban produit un projet de modernisation des fortifications le 18 novembre 1693. Il ne reste pas de traces de ces ouvrages dont on ne sait précisément s’ils ont été réalisés ou non. Courtrai est prise par l’armée française de Luckner le 18 juin 1792. Elle est défendue contre le retour offensif des Autrichiens par le général Jarry, qui incendie une partie des faubourgs le 29 juin, avant d’évacuer la ville le 30 juin. Le 11 mai 1794, une nouvelle bataille de Courtrai a lieu. Le 31 mars 1814 une troisième bataille de Courtrai est remportée par le général Maison sur l’armée saxonne. Après la Révolution française, l’industrie, dans le textile (le lin), et l’économie de la ville fleurissaient de nouveau.

DAMME  : 

les habitants de Bruges avaient un barrage construit à la fin de la partie navigable du Zwin et creusé un canal à partir du barrage pour permettre la livraison à la ville. La zone à proximité de ce barrage va former Damme qui devient rapidement le port de Bruges. En 1262, un canal appelé le Lieve fut creusé de Gand à Damme et murs ont été construits autour de la ville en 1297. L’ensablement de la Zwin fait périciliter Damme qui ne peut plus assurer son rôle. En 1604, la ville est au milieu de la ligne de front de la guerre de 80 ans.Guillaume Flamen, ingénieur militaire qui a servi sous les Espagnols est chargé de fortifier la place. Il choisit une fortification bastionnée en heptagone régulier avec cinq entrées de ville, deux pour les routes avec des loges en maçonneries et trois pour les canaux, le canal principal entre Bruges et l’écluse passant au milieu de la forteresse. Les travaux débutent en 1618 et s’achèvent deux ans plus tard. En 1701, les français occupent la région. Vauban élabore avec son collaborateur Antoine-François Lemercier de Clermont de Senneton la construction d’un ouvrage à cornes en 1701 (relevé du 27 novembre 1702), Vauban préconise de renforcer le rempart urbain fait de terre gazonnée. Il fait également construire le campr retranché de Coolkerke, le fort de Bavière (pour le Roi de Bavière Maximilien Emmanuel, allié de la France). Il s’agit d’un fort bastionné en terre qui sera par la suite occupé par l’Armée Autrichienne qui l’abandonnera en 1748.

FURNES  :

 Furnes fut le théâtre d’une bataille dans la lutte incessante entre les villes flamandes et le roi de France. La plupart des bâtiments de la ville datent du règne prospère des archiducs Albert et Isabelle autour des années 1600.La prise de possession de la ville par Louis XIV apporte de nouvelles fortifications, dues à Vauban, dont il reste quelques vestiges. L’ingénieur a beaucoup travaillé sur le site incorporée à la première ligne du Pré carré, elle prend de l’importance pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg. Il établira 4 projets connaissant quelques retouches en 1693 (les 13 et 30 mai), en 1695 les 14 et 23 janvier et en 1699 les 28 juin et en juillet.  Jusqu’en 1700, Vauban il propose de remplacer la vieille enceinte médiévale et ses quelques demi-lunes irrégulières par un octogone bastionné dans un ovale quasi parfait. Au sud et à l’est, les grands bastions à flancs droits s’érigent à l’extérieur de la ville ancienne, agrandissant l’espace urbain sans toutefois donner naissance à un nouveau quartier. Les fossés en eau accueillent des tenailles simples devant les courtines, des demi-lunes dont, au nord, une à réduit, et un ouvrage à cornes protégeant le débouché du canal qui va à la mer. Après l’intervention de Vauban. L’octogone irrégulier a agrandi la ville qui n’en profitera pas pour étendre sa trame bâtie. Il construisit d’épaisses fortifications autour de la ville. Ces fortifications servirent à Furnes pour devenir une des places fortes de laBarrière.  La Barrière est un traité particulier signé entre la Grande-Bretagne et les Provinces-Unies le 29 janvier 1713, quelques mois avant le traité d’Utrecht, par lequel Louis XIV accordait aux Provinces-Unies, comme barrière, les villes de Tournai, Ypres, Menin, Furnes, Warneton, Comines et le Fort de la Knocque. Ce traité de 1713 annule le premier traité de la barrière de 1709 entre les deux mêmes États. Un troisième trité de la Barrière sera signé en 1715 entre l’Autriche, la Grande-Bretagne et les Provinces-Unies. Ce dernier sera même revu en 1718 à la demande de l’Autriche

GAND   : 

  is.Les Vikings ont occupé et détruit Gand et sa région en 851-852 et 879-883. Vers l’an 940, Le comte Baudouin Ier de Flandre (IXe siècle) aurait fait construire les premières fortifications à cet endroit pour se défendre de l’invasion des vikings. Le comte Arnoul Ier de Flandre (Xe siècle) a ensuite fait renforcer la construction pour en faire réellement un château. Ce château était en majorité composé de bois.. Il en confie la garde à des châtelains héréditaires issus de Wenemar, avoué de l’abbaye Saint-Pierre de Gand vers 900. Après leur départ à la fin du IXe siècle, le château des comtes de Flandre fut érigé. Le quartier autour de ce château devint vite un nouveau noyau de la ville grandissante. Le château actuel fut construit en 1180 par le comte Philippe d’Alsace. Il fut inspiré des châteaux que le comte rencontra durant la deuxième croisade. Un grand donjon en pierre de 3 étages (33 mètres de haut) fut érigé au centre de l’emplacement de l’ancien château. Du XIe au XIIIe siècle, Gand était la deuxième ville d’Europe (hors la péninsule italienne) après Paris (avec 100 000 habitants) par sa population (jusqu’à 65 000 habitants), devant Londres, Cologne et Moscou. La fin du XVIe et le début du XVIIe siècle se traduisirent par des bouleversements liés à la guerre de Quatre-Vingts Ans. Face à la menace des troupes espagnoles, des états généraux des Dix-Sept Provinces se tiennent à Gand en 1576.  Vauban tient le siège devant le Roi en 1678, la ville se rendant en six jours. La prise de Gand eut lieu la dernière année de la guerre, en 1678, et contribua sans doute à la signature de la paix : c’est ce que symbolisent le décor de la Galerie des Glaces de Versailles sur la prise de Gand, les éclairs qui partent du foudre tenu par le roi et aboutissent non seulement dans la composition qui prolonge celle-ci (Mesures des Espagnols rompues par la prise de Gand), mais aussi dans la peinture de l’extrémité sud de la galerie : La Hollande accepte la paix, et se détache de l’Allemagne et de l’Espagne, 1678. En 1702, les projets de Vauban sont partiellement réalisés et il établit une dernière retouche à ses plans le 23 novembre. Le gouvernement de Gand est le gouvernement en exil de Louis XVIII lors des Cent-Jours. Le traité de Gand mit formellement un terme à la guerre de 1812 entre le Royaume-Uni et les États-Unis

KNOCKE :  

Fort Knokke ou Fort de Cnocke ou Knocque de la Fort , Fort de Knocke était une fortification importante qui a défendu l’Ouest Flandre depuis les années 1580, jusqu’à ce qu’elle soit démolie dans les années 1780. Au cours de ses 200 ans d’histoire, l’endroit était détenu par l’ Empire espagnol, Royaume de France, Habsburg Autriche et la République des Pays-Bas. Un fort fut érigé sur le site par les espagnols entre 1584 et 1591 pendant la guerre de quatre-vingts ans. La mesure espagnol général Alexandre Farnèse, duc de Parme avait capturé Ypres et Veurne (Furnes). Le fort était destiné à bloquer les parties raids de rebelles hollandais venant du port d’Ostende. Les succès du Siège d’Ostende suppriment la menace néerlandaise en 1604 et le fort est tombé en désuétude.  Vauban a immédiatement saisi l’importance de sa situation et se met au travail de refonte Fort de la Knocque dès 1678. Fort de la Knocque est situé à la confluence de l’Yser et l’Ieperlee à une distance de 1,5 lieues de Dixmude, 3 lieues d’Ypres et 4 lieues de Furnes et de Nieuwpoort (Nieuport). Le fort fut 750 de 500 pieds (pieds) dans la mesure et entrée au fort est par une porte étroite. Il y avait seulement quelques casernes pour les soldats à vivre, bien que le commandant du fort avait sa propre maison et il y avait une chapelle. Au cœur du fort se trouvait une île triangulaire du côté sud de la confluence des cours d’eau,  Un ouvrage à cornes et le ravelin avec parapets de brique protégé du côté sud-est. Le fort a été élargi entre 1690 et 1692 avec l’ajout de deux bastions, un sur le côté nord et un au sud. Des demi-lunes ont été ajoutés sur les côtés est et ouest, tandis que trois lunettes complétait les défenses. Tous les nouveaux ouvrages ont été construits et renforcés en terre.  Les projets de Vauban élaborés de 1691 à 1699 concernent les dehors, car le corps de place et ses bâtiments (casernes, chapelle, logement du commandant, magasins à poudre souterrains dans les demi-bastions) sont existants. L’ingénieur de Caligny dirige sur place les travaux de terrassement de lunettes détachées au tracé irrégulier et du chemin couvert à traverse qui double la ligne de défense du poste et assure une communication entre tous les ouvrages. Les quelques ouvrages entamés sous la direction d’officiers généraux tels Boisseleau sont rapidement « corrigés » par les véritables ingénieurs.    Quelque part entre 1692 et 1712 un large fossé a été ajouté sur les côtés est et ouest.  Après le milieu des années 1700, les fortifications a perdu une grande partie de leur but. En 1781, Empereur Joseph II a ordonné Fort Knokke à être « méprisés » ou démontés. Le fort au sud de la jonction de l’Yser et le Canal d’Ypres avec son parapet de briques a été complètement supprimé. Rien ne subsiste du fort hormis le tracé parcellaire des fossés exté-rieurs et une ferme qui semble être le reste d’un corps de garde ou d’une caserne

MENIN (MENEN) : 

A l’époque des premières grandes fortifications sous Louis XIV, les Français regroupèrent toute leur infrastructure militaire au nord-ouest de la villeVauban en fait une place presque régulière entre 1679 et 1689, un polygone à six bastions et deux ouvrages à cornes intégrés. Le tracé de cette enceinte s’étendaient sur 3 km et alterne bastions à orillons et bastions à flancs droits, ceux -ci tournés vers la zone inondable. Car Menin est avant tout un des bons exemples d’hydraulique militaire cité en exemple par Bernard Forest de Bélidor dans sa monumentale « Architecture hydraulique ». L’expérimentation effectuée par  Vauban en 1689 a démontré l’efficacité du dispositif. Pas plus qu’à Ath, les terrains englobés dans le nouveau tracé fortifié ne sont urbanisés ni lotis.  Les remparts actuels « hollandais » (1817-30) sont uniques en leur genre en Belgique. Pendant la période hollandaise, s’étendant de 1815 à 1830, les Hollandais répandirent leurs nouveaux bâtiments militaires fortifiés dans toute la ville. Ainsi, à l’est, ils érigèrent une boulangerie, un arsenal et un hôpital. Celui-ci fut construit en 1823, tout près de la porte de Courtrai et contre le bastion de Rekkem. A cette époque, la ville comptait 4 portes et 11 bastions. Les casemates font partie des fortifications de la ville. Elles sont de la période hollandaise (1815 – 1830). Ce sont des abris voûtés à l’épreuve des bombes qui étaient utilisés à des fins militaires : le stockage de munitions et de vivres ou comme refuge contre les soldats et l’artillerie. D’une surface de 4 mètres sur 5 et d’une hauteur de 3 mètres, les casemates sont reliées entre elles par des couloirs à hauteur d’homme. L’entrée des casemates se situe du côté de la ville; de l’autre côté, contre la douve, l’on construisit un solide mur en briques avec quatre meurtrières à l’extérieur. Les voûtes étaient couvertes d’une épaisse couche de terre en vue de neutraliser les impacts des bombes. Pendant les deux guerres mondiales, les habitants de la ville y cherchaient également refuge. A Menin, plusieurs casemates ont été conservées. A quelques exceptions près, elles se trouvent toutes sur des terrains privés et sont utilisées comme garage, cave à vin ou bergerie. Les casemates ouvertes au public font partie du bastion de la Lys, l’un des onze bastions de la ville. Un bastion est un ouvrage de fortification faisant saillie sur l’enceinte d’une place forte, prenant généralement la forme d’un pentagone irrégulier. A l’origine, il existait 30 casemates, dont seules 11 subsistent. A l‘étage supérieur, elles ont toutes été restaurées. Entre 1990 et 1996, une grande partie des murs fut restaurée dans le Park ter Walle.

TONGRES (TONGEREN) :

Dès le II ème siècle ap. J-C, Tongres est entourée par une muraille de fortification de 4.544 mètres de long et de 2 mètres d’épaisseur. Sa hauteur variait de 5 à 6 mètres selon l’endroit. Cette enceinte est bâtie avec des blocs de silex et de grès.  A plusieurs endroits, elle est munie de tours circulaires de 9,5 mètres, vraisemblablement remplies de terre. Deux fossés en forme de V sont creusés à l’extérieur de l’enceinte. Plusieurs portes s’ouvrent sur la ville par les principales chaussées reliant Tongres aux autres villes de la région.  Une deuxième enceinte est élevée au IV ème siècle, lors des invasions germaniques, pour protéger le noyau de la ville. Celle-ci, plus petite, ne mesure que 2.680 mètres et totalise une soixantaine de tours circulaires. Ces enceintes, mal entretenues tombent en ruines au XIIè. Les bourgeois de Tongres érigent une nouvelle enceinte au milieu du XIIIè. En 1677, la ville a été brûlée presque entièrement par les troupes de Louis XIV, une catastrophe dont Tongres jamais complètement remis. Vauban étudie deux projet en 1673 et en 1694 mais aucun ne sera réalisé faute de moyens. . La Renaissance de la ville date d’après 1830.

YPRES  :

En 1658, Vauban conduisit en chef les attaques des sièges de Gravelines, d’Ypres et d’Oudenarde. M. le cardinal Mazarin, qui n’accordait pas les gratifications sans sujet, lui en donna une assez honnête, et l’accompagna de louanges, qui, selon le caractère de M. de Vauban, le payèrent beaucoup mieux. l’ingénieur hispano-flamand Jean Boulengier avait bâti en 1669 une citadelle pentagonale à l’est, fort éphémère puisqu’elle disparaît après la prise par les Français en 1678. En 1678, Vauban tient de nouveau le siège devant la Ville en présence du Roi. Dans un premier temps, de 1678 à 1684, les dehors se multiplient, demi-lunes, lunettes, avec quatre (puis cinq) grands ouvrages à cornes (dont un formant plutôt une couronne), et la vieille enceinte médiévale terrassée est conservée telle quelle. De 1684 à 1689, un second projet concerne le corps de place, dont l’allongement rectiligne impose à Vauban de larges bastions peu saillants, presque des bastions plats, à orillons, qu’il nomme « bastions royaux ». Au sud, la ville conserve sa vieille muraille, car l’inondation soutenue par une digue et des redoutes détachées la protège de ce côté. Le tout constitue finalement un ensemble de fortifications « qui a produit tant de bizarrerie (. . .) où il y a tant de pièces qui ont peu de rapport au corps de la place et où les règles ont été souvent altérées, bien loin d’avoir été observées à la rigueur », écrit Vauban dans une lucide auto-critique. Il subsiste un front bastionné complet, bien conservé hormis les parapets et talus reprofilés par les Hollandais

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